[04/06/2112] Pasta à little italy

New York ! New York !

L’avantage de cette formidable mégalopole, c’était qu’elle était un microsocosme concentrant une bonne partie des populations du globe. Cela n’était pas vraiment étonnant, sachant que les Etats-Unis, autrefois réunifiés, avaient été bâtis par des immigrés issus de tous les coins et recoins de la planète. New York était comme un formidable patchwork de race et de culture en tous genres, qui se fondaient en une masse paradoxalement assez uniforme. Juliette aimait cette ville, car elle était l’une des rares en ce monde ou elle pouvait se promener sans trop attirer les regards sur sa ténébreusement romantique personne… Car après tout et même si elle ne se considérait pas comme tel, il y avait bien plus excentrique qu’elle au sein de la grosse pomme.

En cette belle matinée ensoleillée, l’italienne avait décidé de faire un tour en ville. C’était le week-end et cela faisait trois ans qu’elle n’avait plus fait les boutiques de la ville. Certes, pas uniquement des boutiques communes, ou tout un chacun pouvait aller. Elle avait gardé à l’esprit quelques adresses de commerces un peu plus spécialisés, ou seule une gothique romantique digne de ce nom pouvait trouver son bonheur. Juliette tourna dans New York durant deux ou trois heures, passant d’un taxi à l’autre afin de rejoindre les différents endroits de la ville ou elle effectua ses achats. Vêtements, maquillage, parfum, bijoux… Mais aussi livres, bougies, encens et autres… Ce n’était pas que la gothique romantique était une ‘’shopping victim’’ , mais en quittant Paris pour venir à ce nouvel institut, elle n’avait pas vraiment pris l’essentiel de ses affaires… Pourquoi l’aurait-elle fait après tout, puisqu’elle n’était pas sensé rester ici plus que le temps nécessaire.. ?

Evidement, Juliette ne pouvait pas dormir dans son cercueil, celui-ci étant demeuré chez elle en France. Contrairement à ce que tout un chacun pouvait éventuellement penser, l’italienne ne l’emportait pas à chaque fois qu’elle partait quelques jours en voyage. Plus qu’un soucis embarrassant, c’était avant tout chose une simple question d’ordre purement logistique. Mais dormir dans un lit, là encore contrairement à ce que l’on pouvait penser, ne la dérangeait pas. Juliette se sentait mieux dans son cercueil, certes, mais elle n’en était pas dépendante non plus… Enfin… Pas trop… Et puis, tant que la séparation ne s’éternisait pas trop… Heureusement, les lits de l’institut était confortable même si ils l’étaient éminemment moins que ledit fourreau de bois précieux et de satin pourpre. Néanmoins, le temps de son séjour ici elle arrangerait cependant la chambre ou elle passait ses nuits, afin qu’elle s’apparente à son environnement familier des plus inhabituels.

Aux yeux teintés de glace, la matinée passa à une vitesse folle. Il allait bientôt être l’heure du déjeuner et Juliette devait rejoindre Alexander qui l’avait bien gentiment invité au restaurant. Cette invitation étonna toutefois la jeune femme. Ce n’était pas que le jeune homme et elle ne s’entendait pas, mais pour être tout à fait honnête ils n’avaient jamais été les meilleurs amis du monde non plus. Néanmoins, l’italienne avait bien aimablement accepté son invitation et c’est pourquoi elle héla une énième fois un taxi dans la rue, qui s’arrêta net devant le trottoir ou elle se trouvait. Après s’être engouffré à l’intérieur du véhicule avec tous ses sacs de dimensions différentes, résultat d’une matinée de shopping, Juliette indiqua au chauffeur du taxi l’adresse que lui avait donné le télépathe. Après que la voiture eu redémarré, la jeune femme souffla brièvement. Même si elle avait promis temporairement son aide à Georgia, la gothique romantique devait bien avouer que ces petites vacances improvisés lui faisait du bien. Il était vrai, que cette très légère fragrance de nostalgie n’y était pas tout à fait innocente.

Après une bonne dizaines de minutes et, accessoirement, un interrogatoire en règle comme seul les chauffeurs de taxi en ont le secret et auquel la jeune femme ne répondit que de façon très lapidaire et en n’offrant que des banalités sans la moindre importance, le véhicule arriva à destination et s’immobilisa brièvement afin que la gothique romantique puisse sortir du taxi. Mais avant cela elle régla sa course et remercia le chauffeur, non pas pour sa conversation sans le moindre intérêt mais pour son transport, puis une fois sur le trottoir elle regarda brièvement le véhicule jaune s’éloigner. Réajusta sa longue cape ténébreuse sur ses épaules, sa capuche repoussée dans son dos, Juliette fit de même avec ses lunettes de soleil. Ses yeux, de par leur nature, étaient toujours aussi fragile et le soleil qui frappait la ville, bien que très agréable, n’en demeurait pas moins un ennemi insidieux pour le bleuté translucide des iris de la gothique romantique. Elle empoigna ensuite ses nombreux sacs de ses deux mains, puis Juliette huma l’air ambiant… Dans un léger sourire, une pensée lui vint à l’esprit… Elle était chez elle… En Italie… Enfin, à Little Italy plutôt, un îlot méditerranéen, perdu au sein de cette ville immense, qu’un marcheur solitaire mettrait trois ou quatre jours à parcourir d’un bout à l’autre.

Après ce bref moment de contemplation, Juliette commença à se déplacer, cherchant du regard ce fameux restaurant que lui avait indiqué Alexander. Fort heureusement, elle le trouva assez rapidement. L’italienne pénétra à l’intérieur et, immédiatement, ses narines furent sujettes aux effluves culinaires qui régnait dans cet endroit et dont sa mémoire olfactive avait profondément enregistré les caractéristiques depuis bien longtemps maintenant. Juliette se laissa brièvement aller à ce sentiment d’un passé aujourd’hui révolu, avant de rapidement revenir à sa réalité actuelle. Faisant quelques pas dans la salle, elle chercha du regard son compagnon pour l’heure du déjeuner. La gothique romantique aperçu bien une table visiblement occupé, mais sans personne d’attablé. Toutefois, elle reconnu immédiatement l’attaché case du mutant et compris alors qu’il était déjà arrivé… Disparu, mais arrivé…

Juliette en conclu donc tout naturellement que Alexander ne devait pas être bien loin et c’est pourquoi elle fit lentement un tour sur elle-même à trois cent soixante degrés, afin d’embrasser l’intégralité du restaurant de son regard scrutateur. C’est alors, qu’elle le vit… En train de discuter avec une jeune fille.. ? Diantre, aurait il osé aller faire du charme à une jolie demoiselle, alors qu’il l’avait lui-même invité pour déjeuner.. ? Voilà qui serait fort fâcheux ma foi et aussi terriblement maladroit de sa part. En observant un peu plus attentivement la demoiselle en question tandis qu’elle discutait avec Alexander, Juliette eu tout à coup une bien étrange impression… Est-ce qu’elle ne la connaissait pas, cette jeune beauté asiatique.. ? Fixant plus attentivement son regard dissimulés derrière ses verres teintés sur la jeune fille tout en s’avançant de quelques pas dans sa direction, la gothique romantique eu alors une révélation étonnante… C’était… Leah.. ? Oui, c’était elle… Il était difficile de l’oublier, cette jeune adolescente rempli de timidité et qui pouvait à peine faire une phrase ou deux sans se mettre à bafouiller. Dans une pensée tendre, Juliette espéra que cette dernière avait su surmonter cette fâcheuse habitude au cours de ces trois dernières années.

Finissant de se rapprocher des deux anciens de l’institut avec ses bras chargés de ses achats divers, l’italienne lança à Alexander sur un ton faussement outragé :

‘’Hé bien… Tu m’invites à déjeuner et tu en profite pour charmer une jeune innocente.. ? Je ne te savais pas comme ça ma foi…’’

Puis, la gothique romantique tourna son regard en direction de Leah et, après avoir légèrement fait descendre ses lunettes de soleil le long de son nez afin d’offrir une parcelle de son regard à celui de la jeune fille, elle lui dit dans un clin d’œil complice :

‘’Les hommes, on ne peux décidément pas leur faire confiance, n’est-ce pas ma chère.. ?’’

Dans un élan de galanterie qui n’était que peu présent dans ses souvenirs, Juliette vit Alexander s’emparer de ses sacs afin de la soulager de leur charge. Bien que surprenante, cette attitude n’était certes pas pour lui déplaire, bien au contraire. Elle le laissa donc volontiers faire, tandis que le jeune homme répondit à sa remarque empreinte d’une jalousie feinte par un rapprochement de son visage par rapport au sien et une réplique qui arracha un sourire amusé à la gothique romantique. Celle-ci lui répondit alors dans une même attitude séductrice :

‘’Je l’espère bien, Je ne supporterais pas que tu courtises une autre femme que moi…’’

Juliette conclu alors son propos laconique en déposant son index droit sur le bout du nez du télépathe et en le tapotant délicatement du bout du doigt en un avertissement qui ne disait pas ouvertement son nom.

Leah avait, quand à elle, promptement réagi à propos de la supposée innocence dont venait de l’affubler la gothique romantique. L’exagération de sa réponse outrée, que ce fut verbalement aussi bien que physiquement, ne laissa pas le moindre doute sur l’entrée en jeu de la jeune fille, au sein de cette mascarade relationnelle. Juliette en fut tout aussi surprise que heureuse… Surprise, car elle ne s’attendait pas vraiment à une telle répartie chez la petite chose autrefois si timide, mais heureuse car elle avait visiblement su surmonter ce terrible handicap dont elle était doté lors de son arrivée à l’institut. La timidité était une certaine forme de qualité des plus appréciable, mais point trop n’en fallait cependant, c’était un fait. Toutefois, Juliette espérait que Leah ne s’en soit pas totalement dépourvu, car elle avait toujours pensé que cela faisait partie intégrante de son charme naturel.

En revanche et sans doute pour martyriser encore un peu plus le malheureux mâle en position défavorable face à deux représentante du beau sexe, Leah s’aligna totalement sur le second propos que Juliette lui avait dit à propos des hommes et de leur fidélité aussi durable que la mémoire d’un poisson rouge. La jeune fille avait alors adopté une allure conquérante, ce qui ravit encore un peu plus l’italienne qui ne s’attendait vraiment pas à ce genre de comportement de sa part… La petite Leah un peu godiche avait bien grandit elle aussi, elle était presque devenue une femme. Pour toute réponse, Juliette se contenta de hocher la tête de haut en bas et de bas en haut, en affichant une mine farouchement résolue.

Toutefois, il était bien difficile d’empêcher le naturel de revenir au triple galop, comme le prouva la réplique teintée d’hésitation de la jeune fille en réponse à la proposition de Alexander de l’inviter à se joindre à leur déjeuner. L’espace d’un instant, la mutante était redevenue la Leah des origines, celle qui ne voulait absolument pas déranger. Un sourire attendrit se dessina alors sur les lèvres de la gothique romantique, qui répondit alors à son compagnon de table :

‘’Absolument pas, je serais même ravie de partager ce repas en sa compagnie.’’

Puis, revenant sur la jeune fille, Juliette fit émerger son bras gauche de son fourreau de tissu ténébreux aux replis ondulant et le déposa tendrement sur les épaules de Leah. Sans même lui demander son avis, elle commença alors à entraîner celle-ci en direction de la table que Alexander occupait et lui dit encore :

‘’Laissons donc ce cher Alexander être gentleman et allons nous installer à notre table… Je suis impatiente de savoir ce que tu es devenu depuis ces trois dernières années, tu sais… J’espère que tu n’as pas totalement perdu ton innocence, ce serait vraiment fort dommage…’’

Acheva de lui dire la gothique romantique, Tout en passant brièvement sa main droite dans les cheveux de la jeune fille en un geste des plus caressant… Toujours aussi adorablement mignonne, se dit alors Juliette en son for intérieur, tandis qu’un nouveau sourire s’afficha sur ses lèvres closes.

Une fois tous trois attablés, le spectacle fut assez étrange… Il y avait là un jeune homme vêtu d’un costume au prix des plus indécent, une gothique romantique et sa robe empreinte d’un temps passé et une jeune fille, qui était finalement peut-être bien la plus en phase avec son époque dans sa simplicité vestimentaire. Juliette regarda Leah avec un sourire plaisant… A vrai dire, si elle avait jamais songé à croiser à nouveau l’un des anciens pensionnaires de l’institut par le plus grand des hasard, elle n’aurait jamais imaginer que cela puisse être la jeune asiatique. Cela étant dit, son plaisir n’en était pas moindre pour autant. D’une façon ou d’une autre, le dit institut les avait tous plus ou moins lié même si tous ne se connaissait pas très bien en vérité. Mais qu’importe, l’occasion présente permettait de remédier à cet état de fait des plus désolant, à n’en point douter. Lorsque Alexander leur proposa du vin, l’italienne lui répliqua :

‘’Ce sera de l’eau pour moi, le cadre n’est guère propice à la consommation d’alcool.’’

Certains pourraient avancer que c’était là une forme certaine de snobisme de la part de la jeune femme, mais Juliette avait une idée bien arrêté sur le fait de consommer de l’alcool… Pas du vulgaire alcool de consommation courante, non… De l’alcool noble, majestueux… Le genre d’alcool qui se consommait uniquement en certains lieux et en certaines occasions bien précises… L’alcool devait être un plaisir et non pas une habitude selon elle. Consciente de l’ambiguïté de son propos toutefois, elle ajouta en portant sa main à son visage afin de tenter de le diluer dans une certaine forme d’humour :

‘’De plus, je dois faire attention à conserver ce joli teint diaphane qui est le mien, il serait extrêmement fâcheux que je rosisse légèrement n’est-ce pas.. ?’’

Interrogea-t-elle alors, sans vraiment attendre de réponse de la part de ses deux compagnons de table. Ce n’était pas que Juliette était particulièrement fière de son teint clairsemé, mais elle l’aimait bien… Oui, vraiment… L’italienne remarqua que Leah paraissait être quelque peu sur la défensive lorsque Alexander insistait pour savoir, plus ou moins précisément, quels anciens pensionnaires de l’institut elle avait pu rencontrer à New York. Cela pouvait paraître étrange… Ou pas ! Personne n’aimait réellement être interrogé de la sorte, surtout lorsque celui qui posait les questions se laissait sans doute débordé par ses habitudes professionnelles… Qu’est-ce que sa grand-mère disait à propos des avocats déjà.. ? Ha oui… Elle disait que l’on devrait tous les noyer au fond de l’océan… Un acte, ma foi assez radical, mais certainement avait-elle ses raisons pour penser cela. Dans une pensée distraite, la gothique romantique se dit qu’il serait plus sage, le cas échéant, de ne jamais présenter Alexander à sa grand-mère.

Lorsque Leah lui répondit à propos de ce qu’elle était devenu au cours de ces trois dernières années, Juliette écarquilla légèrement son troublant regard translucide et s’écria doucement :

‘’Ô… Une artiste… Peut-être même, une future comédienne, qui sait.. ? Je te félicite pour ce choix ma chère, l’art est un domaine absolument merveilleux, tu peux me croire.’’

Lui répondit l’italienne, en lui tapotant affectueusement le dessus de la main. Voilà qui expliquait sans doute la hardiesse dont faisait preuve la jeune asiatique, la comédie permettait bien souvent de se libérer de la timidité et du manque d’assurance. D’ailleurs, un nombre conséquent de grands comédiens avaient été dans son cas lors de leur jeunesse adolescente, Tous ceux qui s’intéressait un tant soit peu à ce domaine le savait parfaitement. Quand Leah évoqua la situation de mutants au Japon toutefois, Juliette esquissa une moue légèrement contrarié

‘’Oui, en effet… Il existe encore des pays ou les mutants ne sont malheureusement pas encore accepté pour ce qu’ils sont. Nous ne pouvons que souhaiter qu’ils ne finissent jamais par adopter une attitude aussi nihiliste que celle de la confédération américaine.’’

Ajouta la gothique romantique, avant de reprendre sur un ton légèrement plus enjoué :

‘’Tu as eu raison de revenir ici, New York est l’endroit parfait pour devenir une artiste, c’est indéniable. De plus, cela nous permettra de nous revoir de temps en temps, afin de faire plus ample connaissance. Le temps nous a malheureusement manqué autrefois…’’

L’italienne laissa sa phrase en suspens, sachant que Leah comprendrais parfaitement de quoi elle parlait précisément. Lorsque la jeune asiatique osa à son tour interroger Alexander et Juliette sur leur présence en ville, celle-ci lui répondit tout simplement :

‘’En fait, je suis venu ici afin de régler une petite affaire qui m’est tombé dessus sans que je ne m’y attende. Je ne suis là que depuis quelques jours, mais je pense que je vais devoir rester un peu plus longtemps que prévu afin de la résoudre. J’ai profité de cette occasion afin de venir voir de moi-même ce nouvel institut dont on commence de plus en plus à parler à travers le monde… Imagines ma surprise, lorsque j’ai découvert que Georgia en était la directrice… Cela a été véritablement un choc.’’

La gothique romantique poussa un soupir las tout en reprenant son souffle, puis elle ajouta encore :

‘’J’ai promis à Georgia de l’aider quelque peu, le temps de mon séjour à New York, mais une fois mon affaire résolue je repartirais chez moi… Je vis à Paris maintenant, je suis devenue psychologue tu sais…’’

Acheva Juliette, qui ne chercha nullement à mentir à la jeune fille. Il était vrai que les choses étaient un tout petit peu plus compliquée que cela, mais dans les faits elle ne lui avait absolument pas mentit. De toute façon, l’italienne ne désirait nullement ennuyer Leah avec des soucis qui ne la concernait heureusement pas. Juliette ne lui souhaitait qu’une seule chose, que sa vie soit aussi paisible qu’elle le désirait. La jeune femme n’avait pas parlé au nom du télépathe… Il était assez grand pour le faire après tout et il serait certainement le plus à même d’expliquer le pourquoi du comment de sa tâche ingrate de chien de garde des intérêts de Lange & Manners auprès de l’institut.

Une tâche, que la gothique romantique n’appréciait pas particulièrement cela dit.

Le regard de Juliette brilla d’un éclat de plaisir, lorsque Leah lui dit le plus innocemment du monde que des joues légèrement rosies lui irait bien. Elle la trouva alors à croquer, littéralement, heureuse de constater que sa crainte de la voir perdre son innocence d’autrefois n’était visiblement pas fondée. L’italienne sourit alors à la jeune fille et lui dit dans un accent de plaisir des plus certain :

‘’C’est gentil, merci… Tu es vraiment adorable.’’

Sans le moindre doute moins mignon mais tout aussi adorable, Alexander avait quitté brièvement la table afin d’aller chercher un pichet d’eau cristalline dans le but de satisfaire à la volonté d’abstinence de la gothique romantique. Lorsqu’il fut de retour, elle le remercia à son tour tout en lui tendant son verre, afin qu’il le remplisse. Visiblement, ces trois dernières années semblaient avoir été des plus profitable au jeune homme en terme de manière et d’élégance, ce qui ne pouvait être qu’un bon point pour lui.

Lorsque ce dernier surenchérit sur le propos de la gothique romantique concernant l’art et du choix d’étude de la jolie petite asiatique en déclamant une citation d’Auguste Rodin, la jeune femme acquiesça d’un mouvement lent de la tête. Oui, cela n’était pas faux en vérité, même si fondamentalement il y avait autant de vision de l’art, qu’il y avait de perception concernant celle-ci. Mais là, on entrait dans une vision purement philosophique de la chose et Juliette doutait très fortement que cela intéresse ses deux convives.

‘’J’ai l’impression d’entendre Lloyd déclamer l’une de ses grandes envolées poétiques… Est-ce que par hasard il aurait réussi à te convertir à son dôgme.. ?’’

S’amusa-t-elle alors dans un soupçon de malice, tandis que Alexander enchaîna à son tour sur les raisons de sa présence à New York, suite à l’interrogation de Leah. Il expliqua sa situation, celle de ces trois dernières années… Mais lorsqu’il lui expliqua que Lange & Manners ‘’sponsorisait’’ le nouvel institut, le visage de Juliette afficha une mine légèrement contrarié…

‘’Je ne suis pas certaine que le terme de sponsor soit vraiment adéquate si tu veux mon avis…’’

Se contenta-t-elle alors de lui rétorquer, sans pour autant entrer dans des détails qui n’intéresserait assurément pas leur jeune invitée. Mais finalement, ce fut Leah elle-même qui mit les pieds dans le plats et avec une générosité sans limite, avec toute l’innocence qui la caractérisait, en sous-entendant de façon très explicite que en réalité, le télépathe n’était, grossièrement parlant, rien de plus que le chien de garde du plus que douteux cabinet d’avocats New Yorkais. La gothique romantique se mit alors à pouffer de rire discrètement, avant de se reprendre et d’ajouter tout simplement :

‘’Il semblerait que Leah t’ai percé à jour mon cher Alexander, inutile de continuer à nier.’’

Le propos avait été dit avec nonchalance, preuve s’il en était que ce n’était en aucun cas un reproche vis-à-vis du jeune homme. De toute façon, tous ceux qui étaient revenu à l’institut savaient plus ou moins à quoi s’en tenir au regard de ce petit inconvénient, quelque peu incompatible avec son investissement dans ce nouvel institut. Le temps seul, démontrerait à qui sa fidélité irait au bout du compte…. Si le résumé de Alexander le concernant n’avait apparemment pas l’air de passionner Leah, hormis le fait d’avoir été à Las Végas, ville célèbre s’il en était mais certes pas pour des raisons très noble, il fallait bien l’avouer, Il n’en alla pas de même pour les,propos de Juliette.

Paris… Oui, Paris… Qui n’avait pas les yeux illuminés d’une myriade d’étoiles aussi scintillantes que leurs cousines au firmament, lorsque la ville lumière était cité.. ? Paris, capitale de la mode, de la gastronomie et,dans une moindre mesure, de l’art… Moins que le pays d’origine de la gothique romantique cela dit, mais la capitale française n’avait pas vraiment à rougir de son parc artistique. La jeune fille paru surprise d’apprendre que l’italienne parlait couramment le français, mais cela n’étonna pas vraiment cette dernière. Après tout, elle n’avait jamais fait étalage de sa vie ou bien encore de ses connaissances, lorsqu’elle était à l’institut. En retour à la stupéfaction de Leah, Juliette lui dit alors comme dans une évidence certaine :

‘’Ma foi, comment ne pas parler le français, lorsque l’on habite le pays voisin et que l’on est passionné par l’art… Je parle aussi couramment l’allemand et je possède aussi de très bonnes notions avancées de japonais tu sais… C’est l’avantage d’avoir un père allemand et une mère qui travaille comme traductrice pour le gouvernement italien.’’

Acheva-t-elle dans un clin d’œil complice, en direction de la jeune fille. Même si elle n’en avait jamais montré la moindre trace, la gothique romantique savait qu’elle avait eu de la chance comparé à d’autres mutants ou même, à d’autres gens, tout simplement. Ceci étant dit, elle ne ressentait absolument pas le moindre sentiment de culpabilité ou de gêne, elle était privilégiée et c’était ainsi, voilà tout. De quoi, aurait-elle à se sentir coupable de toute façon.. ? Lorsque la jeune fille revint à nouveau sur la raison de sa présence à New York, Juliette adopta une moue légèrement dubitative avant de lui répondre :

‘’Hum… Disons que ce qui n’aurait du être qu’une petite affaire rapidement résolu, est soudain devenu un peu plus compliqué que initialement prévu… C’est la raison pour laquelle je me dois rester ici encore quelques temps en vérité. Mais j’espère bien la résoudre au plus vite cela dit, car j’ai des patients qui m’attendent en France.’’

Conclu laconiquement la gothique romantique, sans s’étendre davantage sur le sujet de cette affaire qui, de toute façon, n’intéresserait certainement pas la jeune asiatique. De plus, elle ne voulait vraiment pas impliquer une jeune étudiante dans cet imbroglio fantasmatique issu de l’esprit d’un homme assurément dérangé, alors que celle-ci ne cherchait apparemment qu’une vie de paix et de tranquillité au même titre que tous ceux qui n’étaient pas dotés du gène X

Lorsque Alexander répondit à Léah à propos de son activité au cours de ces trois dernières années, Celui(ci sembla avoir opté pour une réponse que l’on aurait pu qualifier d’assez laconique. La métaphore qu’il employa afin de décrire la ville du jeu qui ne dormait jamais, laissa Juliette fortement perplexe. Elle cru déceler dans le ton de sa voix une sorte de déception intérieure, dont il paraissait vouloir conserver le secret. C’était là son droit le plus strict, mais cela laissait à penser que son séjour à Las Vegas n’avait pas été à la hauteur des promesses que la ville offrait à ses nombreux visiteurs. Cela intriguait la gothique romantique, mais par respect elle s’abstiendrait bien de l’interroger sur le sujet jusqu’à ce que celui-ci s’exprime volontairement sur le sujet. Si la remarque de la jeune femme sur Lange & Manners avait déplut au télépathe, il n’en laissa cependant rien paraître. De toute façon, il savait parfaitement ce qu’elle pensait du cabinet d’avocats de manière générale.

Juliette avait ensuite enchaîné sur son propre devenir, ce qui parut nettement plus captivé la jeune fille qui était attablée avec eux. Celle-ci l’interrogea, lui demandant si son intérêt pour l’art la pousserait à assister à une cérémonie du thé comme on la pratiquait au pays du soleil levant, avant de pouffer d’un rire merveilleusement adorable. Elle s’était adressé à la gothique romantique en employant le japonais, sans doute pour tester les notions que l’italienne lui avait dit posséder, grâce à sa mère. Juliette tourna quelque peu son visage en direction de Leah et se pencha légèrement en avant, tout en lui répondant sur un ton respectueux et dans la même langue précédemment utilisé par la jeune fille :

‘’je serais très honorée d’assister à une cérémonie du thé en ton agréable compagnie ma chère Leah.’’

Puis elle se redressa et sourit à l’étudiante qui était décidément toujours aussi charmante que dans son souvenir. Leah l’interrogea ensuite sur les français et la façon dont ils considéraient les mutants, ce qui laissa Juliette quelque peu songeuse. Elle sembla réfléchir durant un long instant, comme si elle cherchait la meilleure réponse possible et finalement, la gothique romantique reposa son regard sur la jeune fille et lui répondit :

‘’C’est difficile à dire en vérité… La France est plutôt neutre en matière de mutant, notamment parce qu’elle ne souhaite pas vraiment statuer à leur sujet. Ils ne sont ni pour, ni contre… Ils préfèrent apparemment demeurer dans un statu quo, afin de ne pas se prononcer dans un sens ou dans l’autre… L’avantage, c’est que les mutants sont plutôt bien acceptés tant qu’ils restent discret avec leurs pouvoirs. Personnellement, ma condition de mutante de m’a jamais poser le moindre problème dans la vie courante aussi bien que professionnelle, mais encore une fois je n’en fais pas étalage non plus.’’

Conclu l’italienne, dans un clin d’œil à l’encontre de la jeune fille. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle elle avait optée pour ce pays, afin de poser ses bagages sur le long terme. Lorsque Alexander souligna le fait qu’un certain nombre de résidents de l’ancien institut parlait aussi le français, Juliette acquiesça d’un bref hochement de tête. En effet, nombre d’entres eux étaient issus d’Europe et le français demeurait une langue encore très en vogue sur le vieux continent. Puis, Leah les interrogea sur le fait de leur commande passé ou pas, Ce qui fit subitement dire à la gothique romantique :

‘’Pas encore pour ma part, car je viens à peine d’arrivé. Mais tu as raison, il est temps de commander de quoi faire un excellent déjeuner.’’

Aussitôt dit l’italienne s’empara de l’une des cartes déposées sur la carte et plongea son regard dedans afin de choisir un plat. Après un rapide visionnage de ladite carte, la jeune femme releva son regard et déclara :

‘’Je vais me décider pour des Saccottini frais au jambon de parme, avec une sauce parma, et vous.. ?’’

Leah sembla être satisfaite du japonais de la gothique romantique, qui en fut à son tour ravie. Après tout, elle n’avait guère l’occasion d’utiliser cette langue dans sa vie de tous les jours et elle avait craint, un instant, d’avoir été un peu trop rouillée en la matière. Heureusement, cela ne fut pas le cas et sa mère en aurait certainement été très heureuse elle aussi. Lorsque la jeune fille évoqua timidement l’éventualité de l’échange de leur numéro de téléphone afin de pouvoir convenir d’une date ultérieure pour la cérémonie du thé qu’elle venait de lui proposer de lui faire découvrir, Juliette acquiesça d’un geste fluide de la tête et lui répondit de nouveau en japonais :

‘’En effet, ce serait très appréciable… Aussi bien pour convenir d’une date à propos de ton invitation à une cérémonie du thé, que pour toute autre chose ma foi.’’

Bien qu’elles n’aient jamais eu de réelles rapports amicaux avant ces trois dernières années, notamment de par le fait que la jeune asiatique était malheureusement arrivé à l’institut un peu avant la dissolution de celui-ci, la gothique romantique la trouvait cependant bien sympathique et ce n’était pas ce visage rieur qui la ferait changer d’avis concernant la demoiselle venue du pays du soleil levant.

Sa commande passé, Juliette constata que Alexander avait déjà effectué la sienne, une commande qui, selon ses propres dire, se révélait toujours être identique à chaque fois. Ma foi, pourquoi pas… Mais lorsque l’on avait passé les premières dix-neuf années de son existence en Italie, on ne pouvait décemment pas se limiter à une seule et unique catégorie de pâtes et accompagnement, assurément. Pour sa part, Leah avait opté pour un plat italien qui avait curieusement migré vers des horizons nettement plus exotique. La encore, pourquoi pas… Même si Juliette n’approuvait pas forcément ce mariage contre nature, si il y avait des clients pour apprécier ce genre de mélange interdit alors le propriétaire de cette endroit aurait été bien sot de ne pas en profiter pour augmenter ses recettes. Mais de son point de vue de puriste initiée, pour tous l’or du monde on ne lui ferait avaler le moindre morceau de cette hérésie culinaire.

Tandis que Alexander passait les commande au patron de l’établissement d’une façon fort peu orthodoxe qui témoignait parfaitement de son habitude à déjeuner en ce lieu, le téléphone de la gothique romantique sonna au rythme d’un extrait de musique classique à la douceur mélancolique. Une sonnerie de téléphone, très à l’image de sa propriétaire, bien entendu. Alors qu’elle jetait un regard sur le numéro qui s’affichait, le télépathe émit une petite plaisanterie qui arracha un sourire à l’italienne. En effet, il aurait été très amusant que Georgia leur demande de revenir à l’institut, tel des enfants se devant d’obéir à tous prix à leur mère.

‘’perdu, c’est Mina…’’

Lui répondit-elle, amusée. La gothique romantique pria ses deux compagnons de table de l’excuser, puis elle décrocha son téléphone avant de le porter à son oreille et de répondre d’une petite voix docue appropriée à une conversation téléphonique civilisée :

‘’Bonjour Mina, qu’y a-t-il.. ? Tu as besoin de moi.. ?’’

Concentrée sur sa conversation téléphonique, l’italienne délaissa quelque peu ses deux amis qui trouveraient certainement une idée pour paser le temps en attendant la fin de son appel.

Laissant Leah et Alexander continuer de discuter tranquillement, Juliette répondit donc au téléphone suite à l’appel de Mina, en se détachant quelque peu de la conversation qui animait la table du restaurant. Les deux amis avaient l’air de bien s’amuser si l’italienne en croyait le petit rire de la jeune fille, ce qui la conforta encore un peu plus dans son idée de prendre un peu de recul le temps de son appel.

Après lui avoir confirmé qu’elle ne la dérangeait pas le moins du monde, la gothique romantique écouta avec attention ce que la harpie avait à lui dire. Mais à peine celle-ci eu-t-elle fini de lui décrire l’annonce sur laquelle elle était tombé par hasard et qui l’avait fait contacter la jeune femme, que les yeux de glace de Juliette se virent rapidement habité par un profond sentiment de contrariété. Tout en écoutant Mina, l’italienne crispa plus ou moins consciemment sa main de libre à mesure que son amie lui rappelait cette sinistre plaisanterie de très mauvais goût.

‘’Attend un instant s’il te plait…’’

Dit-elle finalement à Mina, avant de dégager doucement le téléphone de devant sa bouche et de s’adresser brièvement à Leah et Alexander afin de leur signifier :

‘’Veuillez m’excuser un instant s’il vous plait…’’

Puis la gothique romantique se leva de son siège et s’éloigna de la table jusqu’à atteindre un coin tranquille du restaurant, afin de poursuivre sa conversation téléphonique avec un peu plus d’intimité. Faisant un effort afin de ne pas faire preuve de sa contrariété à Mina qui n’avait certes pas à payer le prix de sa colère, Juliette approcha à nouveau le téléphone de sa bouche et répondit à son ami bien intentionnée :

‘’Je sais ce que c’est, c’est une méprisable farce que Paul Barrès a employé afin de faire venir la sœur de Barbara jusqu’à moi, dans le but, sans le moindre doute, de me faire venir à l’institut de Georgia. Je ne sais pas ce qu’il veut précisément, mais c’est lui aussi qui est le responsable de ces messages à propos du prince blanc et de la princesse noire.’’

Juliette poussa alors un soupir, visiblement las de cette stupide plaisanterie à propos de cette annonce honteuse. Dans un souffle, elle reprit et ajouta :

‘’J’avais demandé au responsable du site en question d’effacer la moindre trace de cette annonce, mais apparemment il a mal fait son travail… Est-ce que tu pourrais demander à Stanford d’effacer définitivement toute trace de cette annonce sur le réseau pour moi, s’il te plait Mina.. ? Cette sinistre farce commence à m’irriter très sérieusement.’’

Conclu la gothique romantique, qui, si elle tenait le mystérieux Arcade nouvelle génération entre ses mains, lui ferait amèrement regretter de s’être ainsi moquer d’elle.