Minuit Mystère

Il était onze heures bien tapées quand Maureen s'esquiva hors du théâtre par la petite porte. Elle avait tout juste pris le temps de retirer son costume sans prendre la peine de se défaire de son maquillage de scène. La représentation du spectacle ce soir n'avait recueilli qu'un accueil mitigé, et, du côté des coulisses, l'ambiance était morose. L'Ecossaise avait conscience que la fuite n'était qu'une solution de facilité, mais avec les répétitions de ce matin, son shopping alimentaire de l'après-midi, les échauffements d'avant-spectacle et deux heures de danse dans les pattes, elle aspirait à autre qu'à subir une bonne vieille vague de mélancolie amère.

« Mélusine », basée sur l'histoire de M. de Lusignan, était pourtant une chorégraphie inventive, portée par une musique sublime, avec une inventivité relative et des danseurs professionnels. Le spectacle était le même d'un soir sur l'autre. Presque le même. Comment les spectateurs pouvaient-ils à ce point avoir des réactions contraires, du jour au lendemain.

* Oublie... Ca ne changera rien de te morfondre. *

Il y avait du vrai, là-dedans.
Il y avait aussi de l'impossible.
La danse était sa vie. Ce pour quoi elle se levait le matin. Ce pour quoi elle gardait la tête haute. Et son orgueil supportait mal les échecs. A chaque difficulté que rencontrait sa nouvelle troupe, à chaque problème, Maureen le prenait sur elle, s'admonestait intérieurement qu'elle aurait pu faire mieux. Faire plus. Qu'elle avait sa part dans les échecs, les déboires, les rechutes de popularité.

Nageant dans de sombres pensées, elle s'éloignait à petits pas pressés le long de l'artère principale qui abritait le théâtre où elle se produisait. Les spectateurs de tout à l'heure s'égayaient dans la rue, riant et discutant, commentant le ballet. Elle essayait de toutes ses forces de ne pas les entendre, accélérant encore le pas.

Vint le moment où la foule était suffisamment loin derrière elle pour qu'elle s'entende penser. Elle se perdait dans des souvenirs plus heureux tout en se faisant la promesse de faire mieux le lendemain. Elle porterait le spectacle à bout de bras si nécessaire.

Elle allait bifurquer dans une allée un peu moins fréquentée lorsqu'un frisson désagréable lui parcourut la nuque, accompagné du sentiment irraisonné d'être suivi. Habituée à se fier à son instinct, Maureen accéléra encore un peu l'allure tandis qu'une vague panique commençait à se diffuser dans son sang. Qu'est-ce qu'il était nul d'être mutant et de sentir à ce point insécurisée...! Que n'aurait-elle pas donné pour avoir un pouvoir façon force brute qui ne laisserait à personne le pouvoir de l'intimider.

* Peut-être qu'on ne me suit pas. Peut-être est-ce une coïncidence. *

Cette petite voix au fond de sa tête peinait à se convaincre elle-même.
Sachant pertinemment que fuir ne servirait à rien, l'Ecossaise passa en revue les prises d'aïkido apprises quelques années plus tôt, se fustigeant de ne pas avoir été plus attentive au cas de figure « vous êtes seule la nuit dans une ville presque inconnue en jupe et talon suivie par quelqu'un dont vous ignorez les attentions ». C'était bien le temps de regretter...

Il y avait des soirées tranquilles, où Michael avait le temps de lire au boulot, ou même d'écrire un petit mot à Laura pour lui dire qu'il allait bien, et il y avait des soirées plus occupées... Comme ce soir. Entre les adolescents -qui ne semblaient pas savoir parler anglais sans avoir un bol entier de céréales dans la bouche- qui signalaient pour faire des "farces", et les vrais cas, parfois même plutôt sérieux, que Michael se faisait un devoir d'aider du mieux qu'il pouvait sans même un contact visuel... Les enfants avaient fini par lui faire perdre son calme et il leur avait craché dessus. Ca avait fonctionné : ils avaient raccroché. Et il cru entendre qu'il s'était fait traité de Nazi. À bout de nerfs, il avait reçu son dernier appel 5 minutes avant la fin de son quart et avait dû rester en temps supplémentaire près de 15 minutes.

Rien de bien dramatique, sauf qu'il y avait un problème : Ethan, le mutant que Grégoire et lui avaient rencontré à bord du traversier pour la statue de la liberté, l'avait appelé plus tôt dans la journée et Michael avait proposé qu'ils se rencontrent, après le travail. Comme il connaissait un petit parc tranquille pas très loin de chez lui, Michael proposa de s'y rendre. Il ne savait pas trop ce que le mutant lui voulait, peut-être simplement discuter... Michael se doutait bien que la solitude devait être un fardeau commun pour les mutants apparents.

Sortant du métro près de chez lui, Michael s'arrêta dans un petit café, Chez Jonathan, en prit deux pour apporter et zigzagua de rue en ruelle pour se rendre au parc. Plus il avançait dans la dernière ruelle, plus il se sentait inquiet, sans parvenir à trouver pourquoi. Il voulu vérifier qu'il n'avait pas manqué un appel d'Ethan, mais s'aperçut que la pile de son portable était mort. Avait-il mis plus de temps que prévu pour se rendre au lieu de rendez-vous? Sa montre trônait malheureusement dans son socle, sur sa table de chevet.

Au bout de l'allée, il vit passer une forme, apparemment féminine, qui s'arrêta, comme une flamme qui vacille, et repartit aussitôt.

-Excusez-moi! Pardon! Avez-vous l'heure?

Il enfila son plus beau sourire en trottinant sous un lampadaire, avec le fragile espoir que son accent n'ait pas effrayé la dame, et qu'elle accepte de s'arrêter.

Et cette inquiétude qui persistait... il en venait à se demander si il n'avait pas oublier de fermer le four, ce midi, avant de partir au travail. Ou peut-être Elisabeth lui avait-elle demandé de ramener quelque chose? Ou si c'était un mauvais présage. Il était peut-être arrivé quelque chose à quelqu'un qu'il aimait?

Monter la garde devant le siège central d’Existenz n’était normalement pas une tâche trop pénible, il suffisait de regarder les gens qui rentraient et qui sortaient, de vérifier quelques papiers et de virer les personnes aux attentions malvenues, se qui était relativement rare. S’attaquer frontalement à un bâtiment remplie de mutants dangereux était plutôt suicidaire.
Mais depuis l’annonce dans les journaux du saccage du pub Irlandais, des humains «normaux» osaient plus volontiers l’insulter, le traitant de « pourriture mutante» de «créature satanique» et d’autres termes pas forcement plus glorieux. La journée avait donc été longue et éreintante, pourtant Ethan avait gardé la tête froide et n’avait pas répondu aux attaques. Son travail était de garder l’entrer du bâtiment et il ne devait pas rentrer de le petit jeu de ces homme raciste et à l’ouverture d’esprit limité. Mais malgré tout il éprouvait quand même un peu de respect pour ces quelques personnes qui l’avaient insulté publiquement aujourd’hui, ils avaient osé le faire et pas forcement en groupe. Se qui était gonflé vu le potentiel destructeur de certains mutants. De toute façon le lézard le savait bien, s’ils oubliaient de recharger leur portable et qu’il tombait en pane c’était forcement de la faute de quelqu’un d’autre, lui avait la tronche de se quelqu’un d’autre et tant que le monde n’était pas majoritairement mutant, il sera un bon bouc émissaire.

Pour se changer les idées, il avait appelé se jeune homme sympathique qu’il avait rencontré quelques jours plus tôt sur un traversier. Même s’il ne se connaissait pas, Michael lui avait donné son numéro de téléphone. En tous cas c’était un bon prétexte pour parler avec quelqu’un d’extérieur à Existenz, pas que la chose le dérangeait, mais le reptile avait besoin de se changer les idées.
Ils c’étaient donc donner rendez-vous dans un parc de Manhattan Downtown.

Chose amusante, alors qu’il marchait tranquillement au lieu de rendez-vous, le jeune homme passa à coté de lui à toute vitesse sans l’apercevoir. Le mutant était vêtu d’un long manteau noir et d’un grand chapeau, se qui ne rendait pas forcement la reconnaissance facile, surtout de dos. Il c’était habillé de la sorte pour éviter au mieux les problèmes, surtout après la journée qu’il avait vécue.
Michael semblait si pressé, que Ethan se demanda s’ils n’étaient pas tous les deux en retard au rendez-vous, il regarda sa montre et se rendit compte que non, ils avaient même de l’avance et se demanda donc pourquoi il courait ainsi.

Il le suivit tranquillement, ne voulant pas le brusquer, surtout que la situation était devenue amusant et se rendit compte que l’Autrichien n’avait pas de montre, quand celui si demanda l’heure à une passante. Il profita de l’instant pour s’approcher et lui faire la surprise.

"Il èst önzè hora veinticinco, mön ami. Jè crois què vous avez lè tamps."

Il salua les deux personnes d’un signe en attrapant son chapeau et en le redescendant un peux plus devant son visage, afin d’évité de faire peur à la passante.

Bonjour,

Je me permets de vous informer par rapport au sujet qu'a ouvert Maureen qu'il n'est pas censé se dérouler à minuit. Tout le monde joue en journée pour les modes vie.

J'ai verrouillé le sujet en question à titre conservatoire, afin que d'autre ne soient pas pris au piège. Je laisse le soin à Maureen ou qui voudra d'ouvrir un nouveau sujet.

Merci pour votre compréhension.