[Mission Nouveaux Mutants] Mais où est Charlie ?

Jo était plutôt d'accord avec ce que disait Kalalli. Le rôle du père Wahlstrom, c'était d'écouter et d'épauler sa fille, pas de décider pour elle. Elle n'était plus un bambin à pouponner. Elle avait son mot à dire. L'hidalgo en revanche, s'il pouvait la fermer, ça l'aurait bien arrangée. Et s'il la fusillait du regard, elle le lui rendait bien.

*Ouais bah neuve ou pas, c'est qu'une voiture...*

D'ailleurs, sa petite copine le rabrouait et un léger sourire quelque peu narquois étira les lèvres de la namibienne. Sourire qui retomba bien vite quand Diana reprit la parole.

- Vous avez une mission, nous aussi. Contrairement à vous, nous on ne veut pas forcer Charlie. Mais manifestement, qu'elle ne veuille pas vous accompagner, vous vous en fichez.

En témoignait son discours visant à rassurer le père qu'ils allaient retrouver la fille. Mouais... Elle n'était pas sûre qu'elle, elle veuille être retrouvée. Elle était même plutôt certaine du contraire, à en croire les dires de Brieuc.

Et tandis que le père répondait à l'inuit, Jo entendit la demande que Barbara faisait à l'attention de Stanford. Un moyen de bouger en vitesse, ça, c'était une bonne idée. Non parce que face aux deux mutants, ils avaient une chance. Mais ce serait quoi les renforts qui allaient débarquer maintenant que Diana avait trifouillé son téléphone ?

- Reste sur tes gardes, émit-elle dans son communicateur à l'attention de Brieuc. Je crois qu'ils vont envoyer du monde à votre rencontre. Et ils ont pas l'air de vouloir lâcher l'affaire. Elle veut faire quoi Charlie ?

Kalalli était surpris des paroles de Diana. Ils avaient une mission à accomplir ?

" Ca veut dire que vous allez l'emmener de gré ou de force ? Ca s'appelle pas la prison ça ? C'est qui votre co-directrice ? "

Le pire était bien qu'il n'avait jamais entendu parler de cette autre école... En plus elle parlait de se défendre.

" Venir plus nombreux ? On se bat pas pour un bout de viande. Elle ira avec qui elle veut, si elle veut partir. C'est pas un trophée ! "

Le père de son côté tentait de se justifier.

" Le mieux pour elle c'est qu'elle ne soit pas forcée dans une voie qu'elle n'aime pas. Vous devriez juste en parler normalement et écouter ce qu'elle veut. Si elle fugue, vous n'aurez plus de fille..."

Une vraie fugue. Pas un voyage de deux jours. Le père allait peut être prendre conscience de ce qu'il risquait à forcer sa fille à tout ce qu'il voulait.

Kalalli s'éloigna du groupe pour parler tranquillement avec le breton par communicateur sans être entendu :

" Brieuc, reste encore avec Charlie. Ceux de l'académie ont l'air de vraiment vouloir la prendre de force s'il faut. Ils viennent de nous dire qu'ils auraient du venir à un plus grand nombre pour pouvoir nous battre et qu'ils allaient retrouver facilement Charlie tout de suite... Ils sont malintentionnés je crois... "

Puisqu'il avait attaqué en premier, il ne pouvait rien confirmer encore malheureusement. Mais quelque chose n'allait pas dans leur attitude.

Les doigts appliqués contre l'oreille pour mieux entendre la communication avec ses camarades, Brieuc montrait un visage de marbre, se renfrognant au fur et à mesure qu'il percevait les informations. Celles-ci étaient loin d'être réjouissantes Visiblement, leurs "concurrents" n'entendaient pas en rester là et semblaient vouloir engager une épreuve de force.

Gêné, l'adolescent fixa son regard sur celui de Charlie et grimaça.

"Ca se corse, on dirait. Ils ont pas l'air de vouloir lâcher le morceau." L'adolescent se mordit les lèvres l'air faussement contrit. "Enfin, j'disais pas ça pour toi, t'as pas l'air d'un morceau de viande non plus…"

Les yeux rieurs démentaient la rigueur des propos. Redevenant sérieux, Brieuc réfléchit quelques secondes. Brusquement, sans fioriture, il demanda.

"Tu veux faire quoi au juste ? J'ai bien peur que tu n'aies plus trop le choix, tu vas devoir prendre une décision. Quelle qu'elle soit, je t'aiderai. C'est ta vie, tu es la seule à pouvoir décider du sens que tu veux lui donner."

L'air inquiet, alarmé au fond par les dernières paroles de Kalalli, Brieuc regarda autour de lui.

"Il parait que les autres ont un moyens de te retrouver facilement mais j'sais pas comment… Faut pas rester là, en tout cas. T'as un moyen de te cacher un peu le visage ? Style foulard…"

Bon, ils avaient un moyen de locomotion pour se déplacer et Charlie devait également savoir se défendre. Ils ne seraient pas si faciles que ça à neutraliser, mais il valait mieux ne pas tenter le Diable.

"J'peux rien te promettre de concret, mais chez nous, à l'Institut, tu ne seras pas obligé d'agir contre ta volonté. Et on est loin d'être des premiers de classe, y'a qu'à me regarder…"

Brieuc ponctua ces paroles par une horrible grimace.

"Pour faire de la bécane, j'pense pas qu'y'ait de problème en plus. Par contre, j'ai pas vu de piscine privée… Faudra aller à la piscine publique…"

Avec un nouveau clin d'œil, le Breton conclut :

"Alors, tu décides quoi ? Si tu veux tenter le coup à l'Institut, je te kidnappe maintenant et on régularise avec ton père après. Par contre, faudra peut-être rejoindre New-York par monorail car ta mob manque sans doûte d'autonomie… Allez, on décroche d'ici et on essaie de la jouer discret."

Le petit Stanford s'éloigna avec Barbara en direction de la rue, histoire de voir si un véhicule pourrait éventuellement correspondre à leurs besoins. Au bout de quelques instants, ils tombèrent sur un cabriolet.

Stanford tenta d'activer son pouvoir dessus et - à la grande satisfaction de la rouquine - il entendit le doux son d'une voiture qui se déverrouille automatiquement !

Barbara lui lança :

"Bien joué, le pervers ! Maintenant laisse moi me mettre au volant, j'ai déjà conduit sur un parking !"

Stanford n'eut donc guère de choix que de s'installer côté passager. Il fit démarrer la voiture en utilisant également ses pouvoirs.

La rouquine eut un petit cri de triomphe.

"Yeah ! Si on arrive à s'en servir, je t'embrasse mon petit !"


Non loin de là, chez les Wahlstrom, Diana et Manuel n'avaient pas encore remarqué le petit manège de Stanford et Barbara. La situation semblait toujours aussi bloquée.

"En fait, c'est très simple... Si elle veut pas nous accompagner, je ferai en sorte qu'elle en soit ravie. C'est aussi simple que cela" lâcha Manuel, un peu trop sur de lui.

Le père Wahlstrom entendant cela tiqua. Et tiqua même gravement.

"Ce jeune homme a raison" protesta le père de Charlie en montrant Kalalli du doigt. "Par ailleurs, il n'a jamais été dit que vous la forceriez. Vous étiez censés la convaincre !"

Manuel poussa un soupir plutôt grossier. Il ne semblait pas avoir cure des états d'âme de Monsieur Wahlstrom. Diana prit la suite :

"Comprenez bien, nous ne sommes pas obligés d'être ennemis. Vous... Vous venez de l'Institut Xavier. Vous ne pouvez pas comprendre notre situation. Votre co-directrice est molle et indécise. La notre ne tolère pas l'échec. Si elle nous a dit de ramener quelqu'un, eh bien on ramène ce quelqu'un. Les désirs de la Reine Blanche doivent devenir réalité"

Elle jeta un regard au père Wahlstrom qui semblait de plus en plus dépassé par la situation. Aussitôt les yeux de ce dernier se fermèrent et il s'effondra par terre, endormi...

"Maintenant que ce gêneur est dans les choux, je vais vous le répéter une dernière fois : rentrez chez vous et laissez-nous Charlie. Vous n'avez pas le choix, je vous le répète. Je ne veux pas me battre mais si vous m'y forcez... Je déclencherai mon pouvoir à pleine puissance !"


"C'est vrai que t'as pas l'air d'être une flèche !" lâcha Charlie en rigolant. Le visage de la jeune mutante s'était détendu. Elle riait et cela avait quelque chose de bon.

Elle se gratta un peu la tête puis ajouta :

"Je... Franchement, les autres - Diana et Manuel - ils me font un peu peur. Y a que toi qui a l'air sympa. Tes copains, peut-être aussi, même si le bloc de béton me semble trop bizarre... Euh..."

Elle fouilla dans le bagage de sa bécane. Et en sortit un bandana rouge.

"Ça ça pourrait faire l'affaire ?" demanda-t-elle en exhibant le bout de tissu. Puis son visage se ferma à nouveau :

"Mais vas pas croire que tu pourras me manipuler. Je veux bien t'accompagner mais juste le temps qu'il faut pour faire comprendre à mon paternel que je veux pas être placée dans une école. Allez pas vous faire de films, ma vie est ici et pas ailleurs !"

Mais tandis que Charlie commençait peu à peu à rendre les armes, un violent flash de lumière blanche vint aveugler la jeune fille et Brieuc. Quand ce dernier recouvrit la vue, il aperçut devant lui deux jeunes hommes.


Le premier était un garçon de son âge aux cheveux bleus et revêtu d'un uniforme grotesque. Il regardait Charlie et Brieuc avec une profonde expression de mépris dans les yeux.

"C'est elle Charlie ?" demanda-t-il à son collègue d'une voix fluette et maniérée. "Elle n'a vraiment pas l'air distinguée. Bada, pourquoi la Reine la veut ?"

Bada était quant à lui un indien en justaucorps blanc. Il faisait bien 2m30. Et paraissait moins guindé que le garçon aux cheveux bleus.


"On s'en fiche, Shoji. Si la Reine la veut, la Reine l'aura. On n'a pas le choix. Et comme Diana et Manuel nous ont demandé de l'aide, il faut la leur donner..."

Et pendant qu'il disait cela, il semblait grandir... Aurait-il le même pouvoir que Brieuc ?

La situation était sur la voie de l'apaisement et Charlie se rendait aux arguments de Brieuc. Toute méfiance n'était pas encore écartée mais elle acceptait de venir "pour voir". C'était déjà ça.

Confiant, le Breton hocha la tête, confirmant le souhait de la jeune fille.

"Pas de problème. J'te l'ai dit, c'est toi qui décides. J'me vexerai pas si tu ne me trouves pas si irrésistible que ça et que tu décides de me quitter pour un autre…"

La conversation, toujours sur le ton de la plaisanterie, semblait avoir atteint son terme. Il était temps de se mettre en route lorsque…

Avant que les deux adolescents n'aient pu mettre leur projet à exécution, un éclair aveuglant les contraignit à fermer les yeux.

"Merde, c'est quoi ça encore…"

Des points blancs douloureux brouillaient encore la vue de Brieuc alors qu'il commençait à distinguer les deux nouveaux venus. Instinctivement, le garçon fit un pas en avant, se plaçant entre eux et Charlie dans un geste machinal visant à s'interposer pour protéger la jeune fille.

Sans se laisser impressionner, il toisa les intrus, jaugeant leurs capacités. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils avaient l'air particulièrement sûrs d'eux, méprisants même. Tant mieux ! Plus les autres les sous-estimeraient, plus ils auraient des chances de les surprendre et de prendre l'avantage.

Se gardant bien de dévoiler ses cartes, Brieuc se campa sur ses jambes, prêt à recevoir le premier assaut.

"Eh… Vous êtes qui ? Et c'est qui vot' Reine ? J'croyais qu'y'avait un président moi ici…"

Rapidement, l'air détaché, le Breton porta la main à son oreille dans un geste qu'il espérait être passé inaperçu, activant son communicateur, histoire que ses camarades restés en arrière soient au courant de la situation.

"C'est quoi votre problème à tous les deux ?", poursuivit-il tranquillement, certain que sa conversation serait entendue maintenant. "Et comment vous nous avez retrouvé ? On a pas fléché la route, pourtant, pour venir dans ce parc."

Conciliant, Brieuc essayait de gagner un peu de temps, se demandant si l'ouïe de Johanna lui permettrait de remonter jusqu'à eux en cas de bagarre.
Voyant Bada grandir, le Breton poussa un petit sifflement faussement admiratif.

"T'as besoin d'ça pour impressionner les filles ? Moi, mon charme m'a toujours suffi…"

Faisant un pas dans la direction du géant, il murmura à Charlie.

"J'prends l'plus grand et j'te laisse le p'tit. C'est normal, c'est moi le garçon…"

Même en situation de crise, Brieuc faisait le mariole, masquant, derrière ses petites plaisanteries, l'appréhension qu'il ressentait.
Les yeux mi-clos, il observait son adversaire, augmentant lui aussi sa taille pour se retrouver à égalité. Après, s'il devait y avoir échange de coups, il restait à espérer que le Breton n'avait pas trop perdu son temps en usant le tatami de son club de krav-maga. Mais, pour cela, il fallait laisser son adversaire attaquer le premier et utiliser justement sa force offensive pour esquiver l'assaut et le neutraliser.

La phrase de Manuel laissa Kalalli pantois une seconde. Utiliser son don d'empathie pour convaincre ne serait pas une solution viable à terme. Charlie finirait bien par se rendre compte de ce qu'il lui arrivait. Le plus étonnant était que Diana parlait de comprendre leur situation, comme si un danger les menaçait dans leur académie.

Toujours à une distance respectable pour parler à Brieuc, l'Inuit observa les deux adversaires potentiels lorsque le père s'effondra. Les paroles se firent plus dures et le véritable masque était tombé. Elle leur demandait à nouveau de leur laisser Charlie comme trophée pour faire plaisir à leur reine blanche.

" C'est qui votre reine blanche ? Vous avez peur d'elle au point de faire tout ce qu'elle veut ? "

De façon évidente, ils ne pourraient pas tomber d'accord et Diana finirait par se battre contre eux. Profitant de l'occuper par ses questions, Kalalli lança discrètement dans le communicateur à Johanna et Ken :

" A trois vous attaquez Diana. Je vais la distraire. "

Le garçon fixa la mutante psy puis Manuel. La première fois, il y avait été doucement contre eux deux. Elle-même parlait de déclencher son pouvoir à pleine puissance et Kalalli comptait bien faire de même.

" Un. "

Ils tenteraient probablement de poursuivre Charlie même après avoir été repoussés. C'était une solution provisoire. Mais ils auraient au moins le temps de réfléchir à la suite et de la mettre en sécurité.

" Deux. "

Soudainement, Kalalli lança une illusion cauchemardesque aux deux représentants de l'académie de la reine blanche, à pleine puissance, en se concentrant totalement sur eux deux.

" Trois ! "

La surprise de Diana permettrait à Johanna de l'atteindre suffisamment fort. Du moins l'espérait-il.

Stanford était à bord de la voiture avec Barbara. Tout ce passait bien, bon il fallait faire abstraction du fait qu'il était dans le type de voiture qu'il aimait le moins, à savoir les cabriolet, avec la fille de l'institut avec laquelle il avait la plus de mal, Barbara qui le traitait de pervers et qui n'avait pas d'humour. Mais sinon tout allait bien.

Enfin pour Stanford et Barbara puisque la situation avait l'air de dégénéré devant la maison et Brieuc avait surement d'un voiture pour revenir avec Charlie. Stanford sentit qu'il était venu pour lui le temps de passer encore une fois à l'action, comme ces héros de films qui sauve trente-cinq fois le monde en une heure et demi.

Stanford décida donc de se lancer dans l'aventure. Il alluma l'autoradio le morceau le plus dynamique qu'il trouva et dis à Barbara :

"C'est partit, approche toit des autres. On verra s'ils veulent qu'on les évacue pendant ce temps j'essaie de localiser Brieuc et Charlie."

Après quoi, il dit dans son communicateur :

"On a un cadeau pour vous, si vous voulez on vous offre le taxi. Ça vous dit?

Et il se pencha sur le tableau de bord de la voiture pour chercher s'il y avait un GPS, ce qui était la moindre des choses pensait-il dans une voiture aussi moderne, et s'il arrivait à localiser le signal du communicateur de Brieuc grâce à celui ci.

Bada grandit jusqu'à atteindre les 3 mètres... Taille qui ne posa aucun problème à Brieuc qui fit de même ! Charlie poussa même un murmure admiratif tandis qu'elle activait son propre pouvoir. Des flammèches commençaient à apparaître sur ses mains.

"En tout cas, s'il faut s'habiller comme vous dans votre école à la noix, c'est même pas la peine de compter sur moi !" brailla-t-elle en signe de défi.

Shoji demeura silencieux et se rapprocha de Bada. Ce dernier précisa à l'attention de Charlie :

"Je n'aime pas la violence aussi j'expédierai ton collègue dans l'autre monde à la suite d'un combat que je souhaite vénérable et mémorable"

Et puis... Shoji fondit sur Bada et les deux garçons disparurent dans un éclair blanc aveuglant... Le même qui avait précédé leur apparition !

Une fraction de seconde après, Brieuc entendit du bruit derrière lui. Jetant un regard par dessus son épaule, il eut juste le temps de voir le gros poing de Bada s'abattre sur son visage et lui exploser le nez. Le breton sentit son cartilage nasal se briser sous le coup et vit son propre sang gicler un peu partout. Il tomba à la renverse, très légèrement sonné.

Charlie avait été également surprise. Elle avait perdu le contrôle de son pouvoir et ses flammèches étaient devenues flammes. Elles courraient tout le long de son corps, mettant le feu à ses vêtements. La jeune fille hurlait. Non pas de douleur, mais de terreur. La terreur de la jeune mutante qui a peur de blesser ou de mutiler. Et ça, même le jeune Shoji qui se tenait non loin de Bada, le ressentit alors qu'il tentait de s'approcher au maximum de la jeune fille. Il lui dit, d'une voix doucereuse mais légèrement paniquée :

"Fais pas l'enfant. Laisse moi te toucher... Arrête tes flammes et calme toi, ça ne fera pas mal..."


Diana eut un sourire diabolique. La jeune femme baissa légèrement les yeux et reprit d'une voix posée :

"Nous l'appelons la Reine Blanche, tout simplement. Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus sur elle. Sinon que ses pouvoirs mentaux sont bien au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. Sa cruauté est sans limite et elle ne tolère ni l'échec ni la défaite. Comprenez bien que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour la satisfaire..."

Manuel s'esclaffa. Il s'apprêtait lui aussi à attaquer.

Un.

Deux.

TROIS !

Le top du départ de Kalalli coïncida avec sa propre attaque et celles des deux membres de l'Académie du Massachusetts.

Ken leva les bras et se mit d'un pas lourd et pataud à marcher en direction de Diana. Puis, il se figea et commença à faire volte-face. Avant de tituber un brin étourdi...

... la même mésaventure était arrivée à Johanna alors qu'elle allait pour réaliser l'ordre de l'inuit. Une pensée parasite s'était introduite en elle et elle avait senti une terreur immense... qui disparut aussi vite que Manuel s'affala au sol, le pantalon humide et les yeux exorbités. Il hurlait de terreur ! La force mentale de l'inuit avait pris le pas sur lui !

Ne restaient plus en lice que Kalalli et Diana. Au fur et à mesure que les deux protagonistes intensifiaient leur pression mentale et tentaient de forcer le bouclier psychique de l'autre, ils commençaient à en ressentir le contre-coup.

D'abord ce fut les maux de tête. Intenses. Lancinants. Abominables !

Puis, les tremblements qui vinrent détraquer l'intégralité de leurs membres.

Le nez de Kalalli se mit à saigner. Il vit que Diana était affectée du même trouble.

Pourtant, ni l'un ni l'autre ne baissait les bras. C'était titanesque ! Diana était effectivement une adversaire de la taille de Kalalli...

... mais elle fut terrassée par le seul cri de Johanna. Ne pouvant combattre sur deux fronts à la fois, la jeune mentaliste fut propulsée en arrière contre le mur. La pression se relâcha instantanément sur l'esprit de Kalalli qui put submerger celui de Diana. Elle hurla elle aussi de terreur !

"NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! MAMAAAAAAAN, JE VEUUX PAS ! NOOON !"

Puis, elle ne dit plus rien... Elle sanglotait en boule sur elle-même...

Ken commenta tristement :

"C'est rien qu'une petite fille... Comme nous"



Et en guise de transition, Barbara et Stanford déboulèrent au volant d'un cabriolet (qui crachait de la musique à fond) juste devant la porte des Wahlstrom.

La rouquine brailla :

"En route, les cocos ! Staninou a réussi à faire démarrer cette tire. Et il a même réussi à synchroniser le GPS sur la fréquence du commentaire du p'tit Briochon !"

Une fois qu'il eut choisi une musique qui va bien et qu'il l'eut mis à fond, Stan leva les yeux. Visiblement Kalalli avait réussi une fois de plus à prendre le contrôle de la situation, aidé par Johanna. Décidément il était quand même super-puissant son pouvoir à Kalalli, Stanford se demanda intérieurement si son pouvoir allait devenir aussi puissant que ça quand il aurait l'âge de Kalalli...quand il serait vieux quoi.

Enfin Barbara avait alpagué les autres. Elle avait recommencé avec sa manie des surnom débile. Stanford rageai intérieurement.

*Staninou et puis quoi encore, Stan ça fait cool d'accord mais Staninou ça fait bébé, c'est ridicule et nul, il faut que je me venge, enfin pas maintenant parce que 'ambiance est plutôt chaude mais je n'oublierais pas. Elle va avoir quelque surprise crois moi. Un truc avec son ordi ou son téléphone ça serait facile, peut-être même trop facile. Tiens peut-être comme ce qu'on avait fait en classe verte avec des trucs gluants dans le lit, ça c'était fun. Enfin on verra. Et puis je le dirait à Brieuc pour le surnom qu'elle lui a donné*

Il renchérit tout de même pour ne pas laisser la rousse avoir le dernier mot:

"Allez venez tous, dépêchez vous de monter."

Ensuite il demanda au GPS de donner l'itinéraire vers Brieuc en lui envoyant sur son communicateur :


"Brieuc, on arrive. Tenez vous prêts à sauter dans notre super-cabriolet. On va pas faire dans la discrétion, on arrive avec la musique à fond."

Surpris, Brieuc vit d'un coup trente-six chandelles et fit un pas en arrière en titubant, la main droite se portant machinalement sur son visage. L'attaque l'avait pris complètement par surprise et il n'avait même pas eu le temps d'esquisser un geste de défense.

Voila ce qu'il en coûtait de se montrer trop confiant ! Nul doute qu'une telle mésaventure allait doucher l'assurance de l'adolescent et l'inciter à faire preuve de plus de modestie et de prudence. En attendant, il venait de manger chaud !

La douleur provenant de son nez avait obscurci temporairement sa vision. Encore un peu sonné, le Breton retira la main, pour la découvrir poisseuse de sang. Merde, mais ces salauds lui avaient carrément pèté le nez…

Grimaçant de douleur, Brieuc essayait de se ressaisir. Ses yeux encore embués de larmes lui offraient une vision troublée de ce qui se passait devant lui. Charlie semblait perdre le contrôle de son pouvoir et était en train de paniquer. Cette perte de contrôle était une bonne chose au fond, car elle empêchait Shoji de s'approcher d'elle pour l'empoigner et la téléporter ailleurs.

Un bref message dans son oreillette lui annonça l'arrivée prochaine des renforts. Ses camarades devaient avoir réussi à se débarrasser de leurs adversaires et arrivaient à la rescousse. Brieuc se devait de tout mettre en œuvre pour se montrer à la hauteur et tenir bon jusqu'à là. Il ne serait pas dit qu'il aurait échoué dans sa première mission et qu'il serait la cause de ce fiasco. L'orgueil du Breton ne supporterait pas un échec, ni surtout de donner raison à Georgia qui l'avait coincé avec les "petits".

Essayant de garder la tête froide pour analyser la situation, Brieuc jugea rapidement que l'adversaire le plus dangereux restait le téléporteur. Si ce dernier parvenait à empoigner Charlie, cela signifierait la fin de leur mission car il disparaîtrait avec la jeune fille dans leur Académie du Massachussetts. L'adolescent devait donc agir, et vite, quitte à se reprendre un coup de la part de Bada.

Profitant du fait que ses adversaires pensaient l'avoir neutralisé, Brieuc accentua les conséquences du choc qu'il venait de recevoir, gémissant fortement en se tenant le nez, titubant et feignant d'être sur le point de perdre connaissance.

Puis, brusquement, il bondit en avant, hurlant un avertissement à l'attention de Charlie et réduisant sa taille pour essayer de surprendre Bada et le prendre de vitesse. Son objectif était d'esquiver le géant pour venir neutraliser la gravure de mode en uniforme bleu. Rapidement défilaient dans son esprit les endroits, patiemment appris lors des cours de krav-maga, où il devait frapper pour espérer l'assommer ou au moins mettre son adversaire hors de combat : partis génitales, plexus, gorge, nuque, tempe…

"Charlie, le laisse pas t'approcher ! Continue à produire des flammes !"

Si Brieuc pouvait porter un atémi assez fort sur la tempe de Shoji, ce dernier aurait autre chose à penser pendant les minutes suivantes, et il serait bien temps d'essayer de ne pas prendre une autre baffe par Bada…

Et trois. Kalalli avait lancé à pleine puissance son illusion sur les deux ennemis. Si Ken avait commencé à se déplacer pendant l'espace d'une seconde, il sembla être de nouveau contrôlé mentalement. L'esprit du garçon heurta de plein fouet celui de la télépathe et un terrible duel démarra. L'Inuit ne portait que peu d'intérêt dans le moment présent à savoir ce que Johanna attendait pour attaquer.

Manuel était tombé comme une mouche face à la puissance mentale invasive de l'illusionniste mais Diana restait un bastion imprenable tout comme il tentait de le rester pour elle. Car son ennemie tentait également de prendre le contrôle de l'esprit de Kalalli. Se concentrant à la fois sur maintenir ses défenses mentales au plus haut et à la fois sur l'assaut, le garçon commença à sentir toute sa paroi crânienne battre fort puis se maintenir au plus haut du battement, à pleine pression sanguine. Si au début la sensation se contenta de rester gênante, rapidement la douleur vint s'ajouter. Mais aucun des deux combattants ne comptait lâcher la moindre parcelle d'âme à l'autre.

Des murailles défensives s'érigeaient puis s'écroulaient dans les deux camps. Aussitôt que des percées semblaient apparaître, de nouvelles protections se dressaient. La douleur lancinante se propagea au reste du corps. Tous les muscles étaient soumis à l'effort de guerre et produisaient dans un élan harmonique la puissance pour continuer la pression sur le fort mental qui refusait de céder. La duel semblait s'éterniser et chaque seconde supplémentaire était abominable par la douleur physique et mentale.

Les assauts de Diana se montraient puissants, invasifs, précis, acharnés, incisifs. Mais Kalalli se défendait avec tout ce qu'il avait. L'adrénaline emplissait son corps et les murailles d'aciers se fissuraient lentement, incapables de subir autant d'assauts répétés. La meilleure consolation restait que la télépathe faiblissait également. Les failles apparaissaient, les murs se lézardaient, les murs s'effondraient.

En cet instant, il avait peur. Son esprit avait toujours était un bastion imprenable depuis qu'il avait quitté l'Institut, grâce auquel il avait apprit à s'ériger un fort mental. Mais aujourd'hui, il était sur le point de céder. Les deux vagues s'heurtaient continuellement, redoublant d'efforts pour prendre le pas. Mais définitivement, aucun n'y parviendrait, d'autant qu'il devait maintenir la pression sur Manuel.

Et puis ce fut la libération. Kalalli vit Diana propulsée contre la porte et en une fraction de seconde, ses cathédrales, ses murailles, ses herses, ses tours, ses portes, ses donjons et autres fortifications s'effondrèrent, redevenant poussière. L'âme de Diana était totalement démunie et l'assaut maintenu jusque là par Razgriz balaya les débris et les ruines de défense. Une déferlante d'une puissance dont le garçon ne se serait jamais cru capable s'écrasa sur l'esprit de la jeune femme tel un tsunami sur des bicoques. Si l'affrontement avait d'abord était colossal et stratégique, il ne restait ici plus qu'une attaque brutale en contre coup à la poussée adverse.

Tétanisé physiquement, Kalalli observa Diana s'effondrer et pleurer, empreinte de la terreur qu'il était parvenu à lui insuffler dans les moindre recoins de l'âme. Elle venait d'hurler puis restait au sol, subissant le contrôle mental qu'exerçait l'Inuit sur son esprit en étendant ses tentacules pour un maintient optimal. Le garçon se frotta le dessus de la lèvre avec le dos du poignet, s'étalant malgré lui ce qui l'avait gêné. Il avait pensé à de la transpiration en sentant l'humidité d'un liquide mais il se rendit compte que tout comme la télépathe, c'était bien du sang qui s'était écoulé de son nez sous la pression du duel.

Les larmes aux yeux en sentant la fatigue et le stress retomber, Kalalli se tourna vers la voiture de ses deux camarades qui était arrivée. Il ne prit pas le temps d'essayer de comprendre comment ils l'avaient récupérée, et se jeta à l'intérieur après avoir grimacé de douleur en maltraitant ses muscles après la tétanie intensive qu'il leur avait fait subir. Il avait l'impression de sentir s'abattre sur lui des jours de fatigue accumulée. Le contact avec l'esprit des deux membres de l'académie était maintenu à plus faible puissance et le resterait aussi longtemps que possible malgré la distance.

Au fond du siège, l'illusionniste reprenait son souffle. Jamais il n'avait livré de combat aussi titanesque. Les duels de ce genre étaient généralement rapides. Le meilleur l'emportait en une fraction de seconde, balayant les défenses de son adversaire avec une agilité et une puissance qui ne laissait aucune chance de défense à son ennemi. Mais la rencontre de deux esprits aussi puissants était des plus fracassants.

C'était un Shoji tétanisé qui tentait de toucher une Charlie enflammée. La main du garçon demeurait tendue dans le vide. Il n'osait pas la toucher, il n'osait pas la toucher...

"Shoji, espèce de lâche ! Attrape-là, bordel qu'on en finisse !" hurla Bada qui pensait bien en avoir terminé avec Brieuc.

Quand ce dernier hurla, le géant de l'Académie se retourna, surpris. Mais, il était déjà trop tard, le breton avait réduit sa taille et évita par conséquent de se faire attraper par Bada. Pire, même pour ce dernier, Brieuc lui passa entre les jambes...

... Shoji, quant à lui, était pris entre deux feux. Incapable d'agir (toucher Charlie ou se défendre contre Brieuc), il se prit le coup du breton de plein fouet, à la tempe... et s'effondra au sol en gémissant, roulé en boule.

C'était maintenant Brieuc qui était pris entre Charlie et Bada. Le géant était sur le point d'attraper le petit breton avec sa grosse patte. Et Charlie...

"Je... Je me contrôle plus !" hurla-t-elle désespérée. Elle avait effectivement terminée de détruire par les flammes ses propres vêtements et commençaient à attaquer la pelouse. Si rien n'était fait dans quelques minutes le parc se transformerait en brasier géant...


Kalalli et Johanna se jetèrent à l'arrière du cabriolet qui démarra à toute berzingue. Si Barbara n'avait certainement pas le permis du moins avait-elle quelque talent pour conduire des voitures : vite et mal. Les pneus crissèrent et ils partirent en quatrième vitesse vers la destination programmée par Stanford dans le GPS...

... laissant Ken derrière eux, trop lent et trop massif pour prendre place dans ce tout petit véhicule.

Pendant quelques instants l'inuit sentit encore les esprits de Manuel et de Diana. Mais rapidement, il se rendit compte que les deux jeunes gens avaient perdu connaissance, devenant par la même occasion inaccessibles à son pouvoir.


Ils roulèrent aussi vite que le malheureux cabriolet le pouvait. Barbara se paya plusieurs trottoirs, renversa des poubelles, manqua d'écraser une vieille dame qui avait eu l'outrecuidance de traverser alors que la rouquine voulait passer... Les Nouveaux-Mutants étaient secoués et nauséeux. Barbara n'était pas une as du volant !

Finalement, la rouquine sortit de la route pour traverser un joli parc, abîmant la pelouse au passage. Elle contrebraqua et freina brusquement. Ils étaient arrivés.

Devant eux, il y avait la jeune Charlie - entièrement nue - qui s'était transformée en torche humaine et qui commençait à brûler la pelouse. Elle hurlait, elle avait peur. Brieuc était non loin d'elle, le pif en sang. A ses pieds se trouvait un drôle de garçon aux cheveux bleus et en uniforme ridicule qui gémissait de douleur.... Et bien debout, un géant de 3 mètres en justaucorps blanc s'apprêtait à attraper le breton de son bras gigantesque.

Mais les renforts étaient enfin arrivés !

Au repos dans la voiture, Kalalli se reposait tant qu'il le pouvait malgré la conduite plus que musclée de Barbara. Le garçon priait intérieurement pour ne pas croiser une patrouille de police ou un mur. Finalement, le lien avec Diana et Manuel finit par être rompu de façon nette soit pas réveil des deux, ce qui était peu probable à cause de l'empathe, soit par perte de connaissance. Le jeune garçon pouvait au moins se reposer le temps du trajet mouvementé.

Au terme de la route, la fille finit par rouler sur un parc en traversant celui-ci sans aucune gêne. Heureusement qu'elle ne percutait personne ! La situation dehors semblait tendue. Kala sortit rapidement du véhicule, l'esprit encore douloureux et observa les protagonistes. Brieuc avait du sang autour de la bouche qui provenait du nez. Il semblait avoir pris un vilain coup. Et puis il y avait une fille embrasée qui semblait terrifiée. Cette non maîtrise du pouvoir couplée à la présence de seulement des hommes ne laissait pas de doute quant à son identité.

D'ailleurs, les deux autres en question dont un au sol devaient être ceux envoyés par l'académie. La priorité semblait être de calmer Charlie et de se débarrasser du dernier adversaire à la taille surprenante.

" Barbara, Johanna, occupez vous du type en collant. " indiqua-t-il, certain que la première serait ravie de se servir de ses poings.

Kalalli envoya alors une illusion agréable à la jeune fille incandescente pour la reposer et lui faire cesser son pouvoir. Heureusement que le téléporteur était au sol, car le garçon ignorait tout du risque de permettre un contact avec Charlie.

Malgré la douleur émanant de son nez, Brieuc avait réussi à se faufiler jusqu'à Shoji, parvenant même à neutraliser le "bleudinet" d'un atémi bien placé. Maintenant, le Breton se sentait un peu bête, coincé tout près du géant, à la merci d'un de ses redoutables poings.

Ayant déjà gouté au contact de l'un d'eux, l'adolescent ne tenait pas particulièrement à renouveler cette expérience. Le sang maculant le bas de son visage, en provenance de son nez, témoignait encore de la violence du premier contact.

Mais, finalement, Brieuc était tout de même assez satisfait de lui. Pour le moment, Charlie ne risquait pas de se faire kidnapper et les renforts étaient arrivés. Il ne faisait pas l'ombre d'un doute que ses camarades allaient rapidement faire pencher la balance en leur faveur, Kalalli, à lui seul, suffisant déjà amplement à cette tâche.

Levant une main apaisante à l'intention de Bada, le Breton essaya de parlementer, convaincu qu'il ne servait à rien de poursuivre la bagarre.

"Je pense que c'est fini maintenant.", dit-il en esquissant un sourire douloureux. "Vous n'avez plus aucune chance. Il me semble plus sage d'en rester là…Rentrez chez vous et il n'y aura pas d'autres blessés."

Prudent, Brieuc jeta un coup d'œil vers Shoji et, par précaution, décocha un violent coup de pied dans la mâchoire de la gravure de mode en uniforme bleu, un peu (beaucoup ?) par rancune mais surtout histoire de l'empêcher de retrouver ses esprits. Au moins, il ne tenterait pas de leur jouer un tour de cochon.

Puis rapidement, l'adolescent reporta son attention vers Bada, prêt à réduire rapidement sa taille pour esquiver toute tentative pour le saisir. Après tout, quand on mesure près de trois mètres, se baisser pour attraper une cible de dix centimètres n'était pas un exploit aisé.

Pendant tout le trajet Stanford avait fait son possible pour que les système d'aide à la conduite ne les lâchent pas. Barbara ne conduisait pour tout dire pas vraiment bien et il avait donc monter à fond toutes les options de sécurité qui ne limitaient pas la vitesse de la voiture.

Ils n'eurent aucun accident. Personne, même pas Stanford, ni Barbara sûrement, ne pouvait dire qu'est ce qui l'avait empêcher : la chance, les systèmes de sécurités ou les réflexes de Barbara. Mais cela n'avait aucune importance : ils avaient rejoint Brieuc et Charlie.

Ces deux-là n'étaient pas en très bonne posture mais Stan avait imaginé pire. L'un de leur deux agresseurs était déjà au sol et le pouvoir de Charlie qui lui permettait de projeter des flammes avait l'air plutôt utile pour combattre les gens.

Maintenant que tout le monde était là, Jo et Barbara allait pouvoir s'occuper du deuxième opposant, un géant. D'ailleurs Kalalli n'avait pas attendu que Stanford se remette du trajet pour le leur demander.

Voyant que les grands s'occupaient mieux que ce qu'il pouvait faire lui même de la partie combat, il se dirigea vers Charlie. Elle avait l'air paniquée. Ses vêtements commençaient à prendre feu. Stanford était encore jeune et pour tout dire la Pologne est un pays plutôt conservateur, il va donc sans dire qu'il n'avait jamais vu de fille nue. Mais aucune pensée sexuelle ne traversa l'esprit du jeune pré-ado. Il voyait seulement un fille en détresse qui avait besoin qu'on l'aide.

Il commença alors à s'approcher d'elle et commença à lui parler :

"Calme-toi Charlie. Tu te souviens de moi, on s'est croisé tout à l'heure...Si tu te calme tout ira bien. C'est comme ça avec les capacités qu'on a. Moi par exemple quand je suis énerve, les appareils que j'utilise commencent à clignoter. Il s'éteignent et s'allument sans arrêt. Alors je m’énerve encore plus parce qu'ils font pas ce que je veux, mais ça sert à rien. La seule façon d’arrêter c'est de laisser tomber la pression...

Je sais que c'est pas facile, il faut trouver un truc. Moi par exemple mon truc pour me calmer c'est ma mère qui me l'a donné. Quand je contrôle plus rien et que j'ai l'impression que je vais tout casser, je pense aux étés que je passait avec mon frère chez Mamie Anna. C'est la maman de maman. Elle faisait des super confitures. Des confitures de fraise.

Elle faisait toujours des jeux de mots sur le nom de mon frère. Parce qu'il s'appelle Fred et puis fraise en polonais ça peut se dire frez, c'est pas comme ça qu'on dit d'habitude, mais Mamie Anna elle disait toujours comme ça et avec son vieil accent de la campagne quand elle appelait Fred ça ressemblait vachement...

Ces blagues elles étaient pas drôles pour de vrai mais on se marrait quand même parce qu'elle faisait des têtes géniales, des grimaces qui faisait que sa tête, elle ressemblait à un origami, enfin un origami raté...

T'as eut une Mamie toi aussi? Elle s'appelait comment?

Après la tentative de discussion avortée faute de pouvoir réellement parler avec ce duo plus buté que jamais, on était repassé à l'attaque. L'aide de Kalalli était indéniable, sans lui, elle n'aurait jamais pu reprendre le contrôle et serait restée prostrée par la peur. Heureusement, il avait réussi à atténuer l'emprise de la mentaliste et elle avait pu crier. Et faire tomber Diana en arrière contre le mur.

C'est alors qu'un boucan de tous les diables retentit, couvrant les cris et les pleurs de la fille de l'Académie. Barbara et Stanford avaient récupéré une voiture - elle ne savait trop comment, sinon que c'était le petit Stan qui était à féliciter selon les dires de la chef. C'était clairement le moment de partir à la recherche du breton et de Charlie. Et comme l'inuit, elle s'engouffra dans le cabriolet. Bon la musique, c'était peut-être pas nécessaire, si ?

Et Ken ? Elle ne dit rien, mais pensa pour elle-même qu'abandonner l'un des leurs auprès de deux ennemis - même s'ils avaient eu l'air hors d'état de nuire - ça n'était pas vraiment l'attitude la plus cool... Et si un jour c'était elle ? Elle n'eut pas vraiment le loisir d'y penser davantage, trop occupée qu'elle était à présent de ne pas rendre son déjeuner...

*Plus jamais je monte en voiture avec la chef... Plus jamais*

Peut-être un peu trop rapidement, dès que la voiture s'était arrêtée, elle s'en était extirpée, tentant de maîtriser ses hauts-le-coeur tant bien que mal. Brieuc avait le nez en sang, et Charlie brûlait complètement. Et il y avait ces deux types, les renforts, manifestement, un à terre - quel drôle d'accoutrement - et un géant face au breton. Kalalli donna des ordres. Elle n'aimait pas les ordres. Mais bon, là, elle n'avait pas vraiment d'autre choix. Alors tandis que Brieuc jouait les élastiques, que Kalalli et Stan s'occupaient de leur petite protégée, elle fit un pas en avant, cherchant à envoyer une onde de choc contre le géant. Le faire tomber, ça risquait d'être plus dur que pour Diana. Mais le déstabiliser au moins le temps que Barbara lui colle ses poings dans la figure, ça serait pas mal déjà...

Charlie hurlait encore et encore.

"Barrez-vous ! Je... Je veux pas vous tuer !"

Le sol fondait littéralement sous ses pieds. La chaleur était intenable. Brieuc et Bada en premier la sentirent alors que Shoji perdait doucement connaissance...

"Je..." commença le géant en prenant connaissance de la situation. Entre Charlie qui était devenue folle, son équipier à terre et les renforts de l'Institut qui venaient de débarquer, il n'avait plus d'espoir. Il grimaça :

"A se battre sans péril, on triomphe sans gloire. Je ne peux pas me rendre. Je..."

L'hésitation de Bada était à son comble. Pourtant quand Brieuc lâcha un dernier coup sur un Shoji à terre, sa fureur explosa :

"Tu n'as donc aucun honneur !"

Et il prit un bon mètre de plus ! Heureusement, Johanna fut là pour le faire vaciller avec son cri si particulier, laissant juste le temps qu'il fallut à Barbara pour bondir sur Bada et lui asséner dans une position impossible pour un être humain normal un coup de pied fouetté au niveau... des testicules.

Le géant se plia en deux et reprit une taille humaine, tandis que Brieuc rapetissait.

Mais Charlie demeurait un problème... Kalalli lança son illusion et la jeune femme parut se calmer. Les paroles apaisantes de Stanford firent le reste.

Quelques instants plus tard, les flammes avaient disparu... Charlie murmura avant de perdre connaissance :

"Abigail... Elle s'appelait Abigail..."


Vu le barouf produit par l'altercation du parc, il fut décidé de détaler le plus rapidement possible. Charlie fut embarquée dans le véhicule tiré par Stanford et Barbara, enveloppée de la veste d'uniforme de Shoji - qui pionçait allègrement - sous le regard lourd de reproches de Bada.

Tous les autres montèrent à sa suite et le véhicule redémarra. Laissant derrière eux Bada, son coéquipier dans les bras, et une expression de défi sur le visage.


De retour chez les Wahlstrom, le paternel de Charlie avait repris ses esprits. Ken les informa de ce qu'ils avaient loupé.

"Ben Manuel et Diana se sont levés au bout de quelques minutes et sont partis sans demander leur reste. Enfin... Diana a juré de te faire la peau, Kal..."


Quelques minutes plus tard, M. Wahlstrom avait invité toute la petite troupe dans son salon. Il ne fallait pas tarder : le propriétaire de la voiture qu'avaient piqué Stanford et Barbara allait bien finir par se rendre compte que son véhicule avait été emprunté... Et il n'était pas souhaitable de mêler la police à tout cela.

Mais M. Wahlstrom avait une idée...


Et c'est donc au volant du camping-car de la famille Wahlstrom que Kalalli conduisit les Nouveaux-Mutants en direction de la maison. A bord, Ken avait été prié de s'allonger par terre et de ne pas bouger pour éviter de briser un essieu. Barbara était étrangement gentille, nettoyant délicatement le pif de Brieuc. Quant à Charlie...

... Charlie était assise parmi eux, les paroles de son paternel encore bien en tête.

"J'ai fait une erreur de vouloir imposer quoi que ce soit à ma fille. C'est ma fille et je l'aime. Je veux ce qu'il y a de mieux pour elle. Et ça, c'est à elle de choisir..."

C'est ce qu'avait dit M. Wahlstrom. Et Charlie avait choisi... Choisi de rejoindre - du moins temporairement - l'Institut...

[Et voici que s'achève le premier mode jeu des Nouveaux-Mutants (+Kalalli). Vous pouvez toutes et tous rajouter 2 points à votre barème. Et poster une dernière fois dans ce sujet. J'espère que vous vous êtes autant amusés à jouer ce mode jeu que moi à le masteriser... KISSES !]

La tête penchée en arrière, Brieuc se laissait soigner par Barbara. Gardant le silence, le garçon restait renfrogné, toujours autant vexé de s'être laissé surprendre d'une façon aussi puérile. Ce n'était pas avec des coups comme ça qu'il allait parvenir à être crédible et à faire changer d'avis Georgia. Au contraire, la co-directrice aurait beau jeu de lui faire remarquer son inexpérience et son manque de modestie. Heureusement en fait que le reste de l'équipe était revenu à temps pour lui sauver la mise.

"Aie, doucement…", protesta-t-il avec un geste de douleur quand sa "chef" appuya un peu fort sur un endroit douloureux pour essuyer le sang.

Bon finalement, il fallait voir le bon côté des choses : Charlie avait choisi de les accompagner, avec la bénédiction de son père. Mais, en contrepartie, l'Institut avait dû semé un fort ressentiment au sein de l'Académie du Massachussetts.

Brieuc grimaça encore, pas de douleur physique cette fois mais il venait de penser à la dernière protestation, pleine de reproche, qu'il avait reçu de Bada. Le Breton était loin d'être fier du coup de pied donné à un adversaire à terre et cette image allait longtemps le hanter. Mais il avait eu trop peur de voir Shoji récupérer du coup précédent et empoigner Charlie pour disparaître aussitôt, ruinant ainsi tous leurs efforts.

Sur le coup, l'idée de neutraliser plus sérieusement le "bleudinet" lui avait semblé bonne mais maintenant, une fois au calme, il revoyait en boucle le visage de Shoji, ses yeux en train de se fermer, juste avant qu'il ne frappe avec force la mâchoire de ce dernier d'un coup de pied précis. Il n'aurait pas dû s'acharner ainsi sur l'autre adolescent. Le travail était déjà fait…

Fermant les yeux un instant, il réprima un soupir. Puis, tournant légèrement la tête, Brieuc chercha à distinguer ses camarades, heureux de les voir tous là, en pleine forme.

Avisant Stanford, il cligna de l'œil à l'attention du jeune Polonais.

"Bien joué Stan. Pour ta première sortie, t'as assuré comme un pro. Sans toi, on aurait rien pu faire…"

Bon prince, le Breton ajouta aussitôt, pour ne vexer personne.

"Vous tous, vous avez été supers. On a un fait un vachement bon boulot d'équipe…"

Retrouvant un peu du poil de la bête, Brieuc se mit à sourire et poursuivit.

"Bon, t'as du bol, Kala. J'te laisse le volant, j'suis pas en état de conduire. Même pour s'faire un resto, j'pète pas la forme. On s'f'ra ça la prochaine fois…"

Même de sa position, Kalalli parvenait à sentir la chaleur que dégageait Charlie. Heureusement, l'illusion doublée des paroles de Stan parvinrent à la calmer et les flammes finirent par disparaître. De son côté, Barbara et Johanna avait vaincu le géant qui ne semblait pas avoir été très dangereux.

Il était temps de s'enfuir rapidement. Charlie fut couverte et rapidement, tous s'échappèrent, laissant derrière eux leurs ennemis. Au domicile de la jeune fille, Ken leur apprit que ceux de l'académie avaient filé, et que Diana avait juré de lui faire la peau. Le combat avait été égal jusqu'au bout et sans l'intervention de Johanna, aucun d'eux n'aurait pu prévoir le gagnant. Elle devait être rageuse que tout se soit terminé ainsi.

Son père avait finalement choisi de les aider et leur avait fourni un véhicule pour rentrer. Même si l'Inuit était épuisé, il fallait bien reconduire tout le beau monde à l'Institut. Surtout qu'à présent, Charlie avait choisi de les suivre. La mission était accomplie. Brieuc félicitait tout le monde tandis que Barbara lui nettoyait le nez un peu trop fort au goût du breton. Puis ce dernier finit par taquiner encore au sujet d'avoir le volant.

" On se fait le resto en rentrant avec tout le monde. Ca sera sympa ! On fêtera l'arrivée de Charlie !"

Mais avant, ils avaient une sacrée route à faire... Et un nez de breton à soigner !

Pauvre Charlie, elle était vraiment paniquée et au vu des capacités dévastatrices de son pouvoir, Jo' la comprenait bien. Mais pour le coup, tant qu'elle resta en flammes, la namibienne ne s'approcha pas. De toute façon, elle avait autre chose à faire : déstabiliser le grand gaillard, notamment. Grand gaillaird qui était aussi braillard. Et que Barbara acheva de mettre hors d'état de nuire d'une manière assez... disons classique au genre féminin. Cet endroit-là était décidément assez sensible chez les hommes.

Les autres s'étaient occupés de calmer Charlie, et Jo' l'entendit répondre à la question que Stan' lui avait posée avant qu'elle ne perdît connaissance. Résultat il ne restait que peu de choses à faire : la couvrir un peu parce qu'elle se retrouvait à présent nue comme un ver, et déguerpir en vitesse. Quant aux deux autres de l'Académie, et bien en fait, la rouquine n'en avait pas grand chose à faire, maintenant qu'ils ne les attaquaient plus.

Et quand ils repassèrent par la maison de Charlie, ils apprirent de la bouche de Ken que les deux autres académiciens méprisants avaient pris la poudre d'escampette. Bon débarras. Ne restait plus qu'à retourner à l'Institut, et pour une fois, le père Wahlstrom s'avérait utile. Son camping-car n'était clairement pas le véhicule le plus class qui soit, mais au moins, il leur permit de revenir tous ensemble. Et avec Charlie en prime ! Jo' ne savait pas ce que Brieuc avait pu lui dire, mais en tout cas, il avait rondement mené cette affaire.

Dans la voiture, la rouquine fut surprise de voir Barbara se montrer gentille envers le breton. Barbara. Gentille. Ca la laissait juste pantoise ! Et tandis que Korrigan - elle aurait du mal à s'y faire, à ces surnoms - félicitait Stan', elle observa d'un air curieux les gestes de la chef. Elle, elle considérait qu'elle n'avait pas fait grand chose. Qu'en gros, si ça n'avait pas été elle, ils auraient fait autrement. Et à vrai dire, elle ne retirait pas vraiment de fierté de leur escapade à la recherche de Charlie : à ses yeux, le mérite revenait à Kala pour leur avoir sauvé la mise face à Diana, et à Brieuc pour avoir amadoué Charlie. Elle sourit cependant aux fanfaronnades du breton. Et à la proposition de l'inuit.

Un resto, avec tout le monde. Ouais un resto quoi, c'était juste ce qu'il fallait dire pour que son ventre se mette à gronder.

- Pour le resto, je suis archi-pour. C'est pas tout, mais c'est que ça creuse tout ça...

Déjà qu'elle avait tendance à être une bonne mangeuse, après les émotions fortes d'aujourd'hui, ça promettait d'être encore... pire...