[Queens] Appartement d'Ava && Elly

L'appartement se trouve au 9e et dernier étage d'un vieil immeuble en brique, dans lequel on entre grâce à un digicode. L'ascenseur - monte-charge - a depuis longtemps été remplacé par un ascenseur plus moderne, mais aussi plus petit et a été allié à un escalier un peu plus large qu'avant, nettement plus pratique pour les déménagements. L'appartement se trouve à l'angle d'une petite rue et d'une impasse, sur laquelle donnent la chambre et la mezzanine - fermée sur ce qu'il se passe en dessous -


Dans l'impasse, un escalier de secours, auquel il est possible d'accéder par la chambre et la mezzanine - court le long de la façade. L'ameublement est, pour l'heure assez simple, voir spartiate, mais à deux, et des revenus un peu plus conséquents, cela devrait rapidement changer pour devenir plus cosy.

Les sols de la chambre et de la mezzanine sont en parquet flottant, le reste de l'appartement possède un carrelage façon vieilles pierre, agréable à fouler pied nus. Les murs sont blancs. Deux grands placards prennent place dans l'entrée et la salle de douche - dont la douche est suffisamment spacieuse pour y tenir à deux - et la cuisine américaine, ouverte sur le séjour fait face à la grande baie vitrée du salon.

Elly avait répondu à l'annonce, et les deux jeunes filles s'étaient mises d'accord sur une journée, durant laquelle, Ava ferait visiter l'appartement à la blondinette.
Vivre seule n'avait pas forcément que des avantages, et puis, la jeune femme n'avait pas encore repris un travail à mi-temps, et qui voudrait d'une personne qui, parfois s'absenterait sans prévenir, à cause d'une quelconque mission.
Heureusement, Ganymède leur fournissait un petit revenu mensuel pour les aider à se réinstaller.
Mais, même si la fondation lui aurait proposé un appartement seule, la jeune femme voulait revivre en cohabitation. Seule, on s'embêtait très vite et puis, elle n'aurait pas eu un appartement aussi grand avec son salaire. La compagnie lui manquait, les cohabitations d'antan avec d'autres mutants. Finis l'école, désormais, elle avait grandi et espérait pouvoir cohabiter avec une autre fille.

Elly avait toujours bien apprécié la colocation de chambré avec Mina, son amie harpie qu'elle n'avait pas revu depuis trois ans. Et puis, il était bon de changer de temps à autre et passer à un autre mode de vie....

La blondinette, un petit papier à la main, regarda les pancartes numérotées des rues et tomba sur la bonne adresse. Elly composa le code alloué à Ava sur le digicode et qui ferait sonner son interphone.

- Bonjour, je suis Elly Brownd, je viens pour la visite de l'appartement. Fit-elle dans le microphone.

Le rendez-vous avait été pris, et Ava attendait celle qui serait peut-être - sûrement - sa future colocataire. La jeune femme n'aurait su dire si elle aurait préféré un garçon ou une fille. Pour elle, c'était du pareil au même. La seule chose qu'elle espérait, c'était que la jeune femme qui devait venir serait une bonne vivante, sportive, et qui ne s'offusquerait pas facilement. Car Ava le savait, elle n'était pas toujours facile à vivre et surtout, elle était peu pudique. Pour cette fois, cependant, elle était vêtue assez simplement: un de ses habituels jeans avec un débardeur blanc et était pieds nus.

Lorsque l'interphone sonna, elle se leva de son canapé, où elle se reposait après une longue journée et vint décrocher. "9e étage, porte au fond à gauche." dit-elle de la façon la plus simple et directe. Après avoir donné l'information, et appuyé sur le bouton, elle ouvrit la porte pour guêter l'arrivée de la jeune femme. Celle-ci avait une voix agréable au travers du "téléphone" . Restait à savoir si cette bonne impression serait confirmée, même si elle lui avait semblée très policée de prime abord. Mais peut-être était-ce dû au fait qu'elles ne se connaissaient pas? Ava l'espérait, en tout cas.

Après avoir eu la permission d'entrer, Elly prit l'ascenceur. C'était au 9e étage, elle était en hauteur, ce qui était un plus. La jeune fille n'avait jamais aimé le rez-de-chaussé tout simplement parce que les cambrioleurs visitaient le plus souvent les appartements les plus proches du sol, plus facile pour faire des aller-retour. Imaginez un peu un voleur qui attend l’ascenseur, chargé de bijoux et d'un téléviseur. C'était à peine discret. Et puis, il y avait l'intimité, la vue pas nécessairement sur tous les appartements environnants et peut-être même la possibilité d'un petit balcon.

La jeune femme prit donc l’ascenseur, jusqu'au 9e étage et remarqua que la porte au fond à gauche était ouverte? pas de doute, ça devait être là. Elle remarqua la locataire, devant la porte ouverte.

- Salut, moi c'est Elly. Fit-elle une fois arrivée au niveau de la brunette, en lui tendant une poignée de main amicale. Enfin je l'ai dit à l'interphone, mais euuuh voilà, 'fin comme ça t'es sure que c'est moi.

La blondinette n'était pas très fortiche en présentation, et tout le toutim, mais elle était sure que l'atmosphère se détendrait une fois qu'elles se connaîtraient un peu mieux.

En voyant sortir une jolie jeune femme de l'ascenseur, Ava ne put s'empêcher d'espérer qu'il s'agissait de la fameuse Elly Brownd. Après tout, elle n'avait aucune envie de partager son appartement avec un laideron et aurait été bien en peine de justifier un refus si le cas s'était présenté. Il s'agissait d'une jolie blonde au yeux clairs, pas beaucoup plus petite qu'elle-même en taille et très agréable à regarder. La brune aux yeux glacier se prit à penser que ce serait une coïncidence sympathique si Elly - si c'était bien elle - était elle aussi bi ou si elle était homosexuelle. Mais, clairement, ce n'était pas une question à poser de prime abord, à moins de vouloir la faire fuir.

La jeune femme s'approcha d'elle, confirmant ce que l'empathe avait supposé. Il s'agissait bien de la fameuse Sphere. "Entre donc! J'm'appelle Ava. Ava Parker." se présenta-t-elle avec un sourire chaleureux en s'effaçant pour laisser la place à Elly d'entrer. "Bienv'nue dans mon humble chez moi. C'est assez spartiate, mais c'pas avec un salaire de serveuse/barmaid qu'on fait fortune et qu'on peut dépenser des folies dans la déco'..." s'excusa-t-elle rapidement.

Elle referma derrière Elly et ouvrit une des portes du placard de l'entrée. "J'peux te débarrasser de ta veste? Bon, pi fais comme chez toi, hein. Là, on est dans l'entrée. Chauffage collectif par le sol, donc, pas d'place perdue par les radiateurs dans l'appart. Comme tu vois, toute la longueur du couloir est prise par un placard qu'est assez profond, en prime." tout en parlant, elle jetait des regards fréquents à la jeune femme pour voir ce qu'elle pensait de l'appartement.

Elle passa ensuite assez rapidement sur la cuisine améridaine, le séjour, sa chambre en haut, insista un peu plus sur la salle d'eau, et, enfin, s'approcha de la porte de la chambre du bas. "Si l'appart te plait et qu'tu veux qu'on habite ensemble, ta chambre ce s'ra celle-ci. Pour l'instant, c'est un canapé-lit qu'est d'dans, parc'que j'étais toute seule, tu vois... Mais ça m'gêne pas qu'on l'mette ailleurs ou qu'on l'revende si tu préfères un lit. Comme t'as vu là-haut, j'ai un futon et c'est super confortable. Fin bref... Ce s'ra comme tu préfères. Ce s'rait ta chambre, et tu pourrais y faire c'que tu veux. Recevoir un garçon, une fille, moi, j'm'en fous un peu."

Elle adressa un sourire chaleureux à la jeune femme avant d'ajouter: "J'sais pas si t'as un chien, ou un chat, ou un oiseau, ou un poisson rouge, mais j'susi pas allergique. Et tant qu'la bestiole est propre, ça m'pose pas d'soucis. Au mur c'est d'la peinture, donc, ça risque pas d's'abîmer et il y a rien dans l'bail qui interdise les animaux, à partir du moment où y sont pas trop bruyant..."

La brunette était chaleureuse avec Elly, et après avoir mis son blouson dans l'armoire de l'entrée, elles firent le tour de son appartement. Même si c'était spartiate, il y avait un certain cachet. C'était très bien agencé, et lumineux. La peinture blanche renforçait ce côté éclairé. L'ensemble plut tout de suite à la blondinette. Ca changeait vraiment de son ancien logement, dont les murs étaient recouverts de vieux papiers peints marrons, et le sol de parquet. Ici, le parquet n'était présent que dans les chambres ce qui était vraiment un plus. Et le sol en vieille pierre avait un certain charme.

Au fur et à mesure de la présentation, le sourire d'Elly s'agrandissait. C'était comme un coup de coeur, elle s'y projetait déjà, voyait à peu près quoi acheter en plus après consultation d'Ava.

La jeune femme alla regarder dans la chambre, peut-être sa future chambre. En effet, il y avait là un canapé-lit, et la chambre était mignonne et lumineuse.

Se tournant vers la brunette, Elly répondit tout sourire :

-J'aime beaucoup ton appartement, et je m'y vois déjà. Je crois que j'ai eu un coup de foudre. Et j'ai vendu tous mes meubles de mon ancien appart, ça fait que j'ai une jolie somme, si tu veux rajouter des meubles ou en acheter de nouveaux. Je m'achèterais un lit par contre pour la chambre. J'espère que ça ne te vexe pas trop, mais le canapé lit, c'est pas très confortable pour y dormir souvent.

Elly se tourna vers la pièce à vivre et regarda autour d'elle, y fit quelques pas, se dirigea vers la baie vitrée pour y regarder la ville. Elle se sentait bien ici. Et puis Ava avait l'air très sympa, elle l'avait mise à l'aise tout de suite. La brunette ne faisait pas de manière et n'y allait pas par quatre chemin. La jeune femme aimait cet état d'esprit. Elle semblait très différente de la blondinette et c'est ce qui lui plaisait. Elle n'aurait pas aimé vivre avec quelqu'un qui lui ressemblait trop.

La blondinette enchaina sur la question des animaux :

-Je n'en ai aucun. Mon ancien proprio refusait tout animaux.

La jeune femme lança un regard joyeux à Ava :

-Alors comme ça, tu es barmaid/serveuse, je comprend mieux le bar. Ca doit être vraiment un gros atout pour animer des soirées dans l'appart, si tu en fais. Bon c'est décidé, je viens habiter ici. Je ne peux pas passer à côté d'une coloc' qui sait faire des cocktails.

Elly rit, évidemment elle blaguait. Elle aimait faire la fête comme tout le monde, quand celle-ci était bien organisée, mais ce qui l'avait essentiellement décidé, c'était bien évidemment, le cadre de vie, la hauteur de l'appartement et essentiellement la colocataire qui était très sympathique, et pleine de vie.

Ava hocha la tête. Non, cela ne lui posait aucun problème qu'Elly achète un lit. Après tout, la brune avait bien proposé de le revendre - ça lui ferait un peu de trésorerie, en même temps... -. Pour ce qui était d'acheter des meubles pour elles deux, elle répondit cependant: "C'est gentil, mais c'est ton fric, en même temps... C'qui est pour toi, c'est logique que c'soit toi qui l'achète, c'qu'est pour moi, qu'ce soit moi, et c'qu'est pour nous deux, qu'ce soit nous deux, tu vois?" Ava suivit la jeune femme dans la pièce à vivre, persuadée qu'elle pourrait bien s'entendre avec elle. Elle avait, avant cependant, deux petits points à préciser: "Par contre, j'sais pas toi, mais moi, j'aime bien quand c'est propre. J'suis pas maniaque, du genre, j'vais pas râler si la télécom' est pas à l'endroit où j'l'ai posée six mois plus tôt" commença-t-elle avec un éclat de rire avant d'enchaîner: "Mais j'aime pas la vaisselle sale qui traine, ou les fringues. Tu rentres avec quelqu'un, z'êtes pressés d'passer dans la chambre, vous vous déshabillez sur le trajet et ça traine, ok, j'peux comprendre. Ca m'est d'jà arrivé. Mais Ca reste pas trop longtemps, quoi..." Ca lui était arrivé, et pas pour une partie de jambes en l'air, pas plus tard que quelques jours auparavant lors de sa brève expérience de détective privée. Une expérience complètement foireuse, à dire vrai, puisqu'elle avait bien failli y rester.

Ava secoua la tête à ce souvenir et poursuivit sur le dernier petit point: "Par contre, j'fume. En général, j'me mets à la f'nêtre côté escalier d'secours, j'aime pas quand l'appart' sent la clope. J'sais pas si toi tu fumes, mais si c'est l'cas, j't'invite à faire comme moi, et on pourra papoter, faire mieux connaissance." L'empathe lui adressa un clin d'oeil complice et se dirigea vers le comptoir de la cuisine américaine pour sortir deux verres du placard, puis deux bières du frigo. "J'te propose qu'on trainque à cette nouvelle coloc" Après avoir rempli les deux verres, elle en tendit un à Sphere alors que celle-ci lui répondait que son ancien proprio refusait tous les animaux. La brune écarquilla les yeux, plongeant les glaciers de ses prunelles dans les deux coins de ciel bleu de sa vis à vis: "Même les poissons rouges? Il avait peur d'quoi? Qu'ils éclaboussent?"

Elle eut un petit temps de silence avant de reprendre: "J'l'étais jusqu'à y'a quelqu'jours. Un enterr'ment d'vie d'jeune fille qu'a mal tourné, et fallait un bouc émissaire. Faut qu'j'retrouve un taff. C'est aussi pour ça qu'j'avais b'soin d'trouver un ou une coloc'. Et puis... J'en avais un peu marre d'être toute seule chez moi, t'façon. Et toi? T'fais quoi d'tes dix doigts?" demanda Ava en refaisant le tour du comptoir et en s'installant sur le vieux canapé qui avait bien besoin d'un coup de neuf. "C'quoi ton pouvoir, au fait?"

Elly passa les deux mains derrière la tête et sourit à Ava :

- Pour la proposition d'achats de meubles, je disais ça parce que j'aurais surement bien assez pour ma chambre toute seule. J'ai vraiment tout revendu de mon ancien appartement, à part les fringues évidemment. Et crois moi, il y a une belle somme au bout. Mais on avisera en temps voulu. Et pour ce qui est du ménage, c'est tout à fait compréhensible et je suis pareille de toute façon. Je n'aime pas laisser traîner les choses et j'aime quand l'appart' respire la propreté. Par contre, j'espère que tu n'es pas allergique aux bougies qui sentent bons. Je suis un peu dingue de ce genre de choses.

La blondinette se gratta l'arrière de la tête en souriant. Elle était un peu fleur bleue et aimait beaucoup les ambiances bougies parfumés, mais n'en mettait pas non plus trois tonnes. Il fallait faire attention avec ces choses là.

Par contre pour l'histoire de ramener une personne, et de se déshabiller, la jeune femme n'avait pas pensé que si elle aussi, dans la mesure de l'absolue possible, elle ramenait quelqu'un, il ne fallait pas tout faire traîner. Sur le coup, on y pense pas forcément.

- Tu fais bien de préciser ce genre de choses. C'est pas souvent évoqué dans les colocations je crois, mais t'inquiète pas. Je ferais en sorte d'être discrète le jour où... et de ne pas laisser les fringues traîner, je le comprends parfaitement. C'est jamais agréable de se réveiller avec un caleçon d'un inconnu qui traîne.

Ava lui avait avoué sans complexe qu'elle ramenait donc des conquêtes. Après tout, mieux valait être prévenu et puis ça ne dérangeait pas Elly outre mesure, en espérant que sa chambre était tout de même assez insonoriser. Mais bon, c'était ça après tout la colocation, le partage d'à peu près tout.

Pour ce qui était de la cigarette, la blondinette afficha une mine rassurée et répondit :

-Moi aussi, je fumes. T'inquiètes pas pour la fenêtre, je comprends tout à fait. L'odeur de cigarette froide dans l'appart' je n'aime pas non plus.

Et les filles trinquèrent donc à leur nouvelle colocation avec une bière, et pendant qu'elle discutait avec la brunette, elle se préparait un roulé. Eh oui, ça demandait un minimum de préparation et elle ne les faisait que rarement à l'avance, pas le temps ou elle l'oubliait parfois.

- A la trad' Fit-elle d'un sourire, le filtre sur les lèvres pendant qu'elle tassait le tabac. Puis Elly ajouta au sujet des animaux, le filtre toujours sur le bord des lèvres. Pour les poissons rouges, je crois qu'il avait peur qu'on les jète dans les WC et que ça les bouche. On avait des canalisations très... particulières. Elles se bouchaient assez souvent. Alors imagine le poisson rouge coincé dans les canalisations. Le pauvre... Y avait des familles dans mon immeuble donc c'était peut-être pour ça. 'Fin faudrait lui demander.

La blondinette enleva le filtre de sa bouche et le posa sur le papier, avec le tabac et commença à rouler le tout.

- Oh merde pour ton taff. Fit-elle la mine désolée. Ganymède va bien t'aider à en retrouver autre, d'ailleurs faudrait que j'en retrouve un moi aussi. Je suis esthéticienne/masseuse. Alors si t'as besoin d'une épilation ou d'un soin du corps, le tout gratos, je suis là. J'ai encore mon matos de pendant ma formation, mais faudrait que je renouvèle un peu.

Elly sourit et bu une gorgée de la bière bien fraîche. Vint la question des pouvoirs. Elles étaient toutes les deux mutantes, et c'était vrai que ce genre de question, c'était un peu comme demander leur prénom. C'était une partie d'elle, qu'elles avaient en commun, un gène X. La blondinette se leva, s'éloigna un peu, tourna un peu sur elle-même, dans un petit pas de danse et généra un champ de force autour d'elle. Une bulle translucide, légèrement blanchâtre aux extrémités était apparu dans un *dzioum*significatif.

- Alors là, tu peux me balancer ce que tu veux, je ne crains rien. Indiqua-t-elle tout sourire. C'est un champ de force en fait, qui protège des trucs comme des couteaux ou des voitures. Et il change de tailles.

La jeune femme désactiva son bouclier et ajouta, tout en revenant à sa place initale :

- D'où Sphere comme nom de code. Et toi, c'est Emotion, n'est-ce pas? Qu'est-ce que celà signifie?

Un bon point déjà: sur le plan du ménage, elles étaient pareilles. C'était une bonne chose et un soulagement pour l'empathe qui n'aurait, dès lors, pas à passer derrière sa comparse pour mettre les affaires dans le panier de linge. Au moins, s'il n'y avait pas de lave-vaisselle dans la cuisine, il y avait un petit lave-linge dans la salle de douches. Ca évitait d'avoir à descendre à la laverie un peu plus loin dans la rue, hormis pour sécher le linge en plein hiver pour qu'il sèche plus vite. Certes, cela limitait certaines rencontre et... Cela limitait certaines mauvaises rencontre. Si elle était du bon côté du Queens - il n'y avait que le Queensboro Bridge à traverser - cela n'empêchait pas que, parfois, elle pouvait croiser des gens franchement bizarres à qui il valait mieux éviter de parler; du genre les types tatoués des pieds à la tête et sur piercés. Certes, elle pouvait parler avec son piercing au nombril et son signe tribal sur l'homoplate droite. Mais cela restait soft et tout à fait politiquement correct.

"Nan, t'inquiète. Les bougies, ça m'gêne pas, tant qu'ça crame rien. Quand j'étais plus jeune, un des gamins dans ma famille d'accueil a foutu l'feu à un tapis en renversant une bougie un soir de coupure de courant. J'te raconte même pas comment les parents ils ont gueulé quand ils sont rentrés d'leur p'tite soirée en amoureux..." A ce souvenir, Ava secoua la tête. Elle était bien contente de s'est faite émanciper à 16 ans. Au moins, elle avait pu connaître la tranquillité une fois seule. Et vu ses notes à l'école de toute manière, ce n'était pas plus mal non plus de ce côté là.

"Bah, c'est juste que ça traine pas le lendemain, c'est tout. Mais dans le feu de l'action, on ne se contrôle pas toujours" elle adressa un nouveau clin d'oeil à Elly. Ava, pour sa part, savait de quoi elle parlait. D'un ton taquin, elle ajouta: "Après, si c'est trop bruyant, j'me joins à vous et puis voilà..." à ces mots, elle éclata carrément de rire. Déjà, parce qu'elle ne savait pas comment Elly le prendrait, et qu'il valait mieux rester dans la plaisanterie. D'un autre côté, si la jeune femme n'était pas contre, Ava, elle, appréciait plutôt bien les plans à trois. Mais jamais elle n'imposait. "Par contre, faudra pas t'étonner si tu vois des têtes différentes avec moi. J'me pose pas. J'suis jeune et j'ai la vie devant moi pour le faire." Au moins, ça avait le mérite d'être clair et de présenter les choses. La brune ne se considérait pas comme une fille facile, loin de là. Elle savait dire non. Mais le fait était qu'elle aimait ça.

Et puis le sujet dériva sur la clope. Un autre point commun entre elles deux: elles étaient toutes les deux fumeuses. Bon ça... Elles étaient, toutes les deux, à se ruiner les poumons. Au moins, l'hiver, elles seraient deux à se cailler les miches. La colocation commençait bien. "Bon bah... M'reste plus qu'à t'souhaiter la bienv'nue. T'emménages quand tu veux. Ca peut même être c'soir si tu veux." dit-elle juste avant de trinquier avec la blonde. "A la trad'"

L'image des poissons rouges dans les toilettes la dégouta autant qu'elle la fit rire et elle préféra ne pas s'apesantir dessus. Le thème du travail était, déjà, bien plus intéressant pour mieux connaître sa roomie. "Esthéticienne? Ca doit être pas mal, ça... En fait, t'es un peu une psy moins cher..." dit-elle avec un sourire. Après tout, il était bien connu que, que ce soit chez les coiffeurs ou chez les esthéticiennes, les femmes - et même les hommes - racontaient tous leurs petits problèmes de coeur, de couple, de travail, de famille et caetera. L'idée du massage, en tout cas, était fort tentante, d'autant que les massages constituaient un très bon préliminaire. "J'y penserai le cas échéant." ajouta Ava avec un sourire qui ne trahissait en rien ses pensées qui s'égaraient. "Pour le travail, j'finirai bien par r'trouver qulqu'chose. Si j'peux éviter d'faire une formation en école, en tout cas, ça m'arrang'rait. C'pas mon truc, ça, l'école..." et c'était un oephémisme, en plus.

La question sur les pouvoirs posées, Ava eut droit à une petite démonstration de la part d'Elly. A son invitation à lancer quelque chose, elle se contenta d'un coussin, un peu sceptique néanmoins sur la solidité du bouclier et ne voulant pas blesser la jeune femme. Le coussin, d'ailleurs, repartit dans l'autre sens. "Impressionnant!" dit-elle, honnête. "Pour ma part, j'vais avoir du mal à t'faire une démo aussi impressionnante. Mon nom d'code est en effet Emotion, parc'que j'suis simplement empathe. C'est tout bête." Après cette révélation, Ava préféra s'assurer qu'Elly ne le prendrait pas mal. Il n'était nulle question de manipuler les sentiments de la jeune femme, simplement de savoir ce qu'elle ressentait. J'espère que j'ai pas fait une bourde en lui disant ça... songea-t-elle en se mordillant la lèvre.

Au fur et à mesure que les deux jeunes femmes parlaient, elles en apprenaient un peu plus l'une sur l'autre, et se découvraient énormément de points communs. Toutes les deux étaient fumeuses, mais ça ne s'arrêtait pas là. Toutes deux n'aimaient pas l'école, et leur famille, n'en parlons même pas. Ava avait vécu dans une famille d'accueil et Elly avait une mère alcoolique. D'ailleurs, c'était de la bière qu'elle buvait actuellement, et répugnait généralement l'alcool. Mais au court des trois ans passés à l'écart de l'Institut, la jeune femme avait appris à ne pas abuser des bonnes choses, lors d'une soirée entre collègues, la seule à laquelle elle participera.

Mais le coup du feu à la maison fit prendre à Elly un air catastrophé :

- Oh ben oui, j'imagine bien leur réaction. Je ferais attention ne t'inquiète pas. Généralement, je pose les bougies dans un endroit vide de journaux et de rideaux. Tiens, sur ce bar par exemple, ben ça fait une jolie place pour une bougie. Enfin, t'inquiètes pas j'ai l'habitude des bougies. Et mon ancien proprio m'aurait tué si j'avais cramé l'appart'. Je ne serais plus là à te parler tranquillement.

Heureusement que la brunette rit de sa boutade indiquant qu'en cas de hausse de décibel, elle n'hésiterait pas à les rejoindre, parce qu'à un moment, Elly la crut vraiment, mais finalement rit à son tour. La colocation, on partageait tout, mais quand même. Néanmoins, ce n'était qu'une boutade selon Elly et elle ajouta :

- Faudra demander au gars aussi. Faudrait pas lui faire peur.

Evidemment, pour Elly, ce n'était qu'une simple blague.
Ava lui indiqua que la blondinette verrait surement de nouvelles têtes, profitant de sa jeunesse. Cette dernière acquiesça. Elle comprenait parfaitement et puis sa coloc' avait bien le droit de vivre sa vie comme elle l'entendait.

-T'inquiètes pas, je comprend tout à fait. Fit-elle en lui souriant. Ava, quant à elle, n'avait pas trop à s'en faire pour les bruitages la nuit, Elly n'avait pas une vie sentimentale très remplie, voir le néant. Ce n'était pas de sa faute si elle n'était pas forcément très accueillante avec les inconnus.

Et enfin, tout celà se conclue en un tchin, sonnant le début d'une belle aventure. Elly était ravie d'être tombée tout de suite sur la bonne personne. Première visite et c'était le jackpot. Un vrai coup de chance.

Pour ce qui était de la date de l'emménagement, Elly désirait s'installer rapidement. Pour le moment, elle vivait dans un petit appartement impersonnel, que lui avait alloué Ganymède en attendant qu'elle trouve mieux. Et le mieux, elle l'avait découvert.

-Eh bien, je n'ai pas grand chose à emménager, j'ai une valise, un sac à main. Donc dès ce soir, ça sera vite fait. Il faut juste que j'aille rendre les clé de l'appart' de fonction à Ganymède, et hop, te voilà avec une coloc' dès ce soir. Tadam! Fit-elle en ouvrant grand les bras, tout en riant.

D'ailleurs il lui faudrait ranger sa valise et acheter une nouvelle valisette d'esthétique, la sienne étant un peu trop petite pour contenir tout ce qu'elle avait. Son ancienne avait la poignet de cassé et n'avait pas eu le temps d'en racheter après son déménagement de LA.
L'esthétique, son métier, mais bien plus, une psy, oui elle l'était parfois, et elle l'expliqua avec humour à Ava :

- Oh psy, oui et encore, c'est un bien grand mot, on est surtout des confidentes. Mais on a le même devoir que les psy, entre autre garder le secret. Je te dis pas, la première fois que t'entends une mamie de 70 ans te dire qu'elle va se taper un petit jeune, c'est donc pour ça qu'elle vient s'épiler le maillot, et qu'en plus, elle te dit qu'elle est mariée mais que son mari n'arrive plus à l'amener au septième ciel... crois moi tu ne sais plus où te placer. Alors bon, t'acquiesce et tu tires la bandelette de cire. Mais je t'assures, on en entend des trucs caucasses, des histoires d'ébats qui se sont mal terminés, du genre à l’hôpital. Je suppose que c'est la cabine qui donne une atmosphère confinée et qui invitent les clients à se confier.

La brunette ne refusa pas sa proposition de massage qui était sérieuse. Après tout, ce genre de chose coûtait parfois cher pour une demi heure de détente. Et pourtant, ça devrait être prescrit dans les ordonnances, ça en calmait plus d'un nerveux. Alors si Ava se sentait stressée ou voulait se détendre, c'était volontiers que la blonde sortirait huile et autres produits de beauté.

Puis vint le sujet de l'école et Elly ne put s'empêcher d'ajouter :

- Ah toi aussi, l'école c'est pas ton fort? J'ai fait une formation professionnelle pour être esthéticienne, c'est mieux que l'école tout court. Tu es sur le terrain tout ça, mais je suis comme toi, l'école je n'aime pas ça. Je te comprends tout à fait. Mais tu as été serveuse/barmaid, tu pourrais t'être trouver un bar sympa où travailler, non?

La blondinette sourit, elles avaient vraiment beaucoup de points communs. Elles se comprenaient bien, de même qu'elles étaient toutes deux mutantes, ça rapprochaient donc encore plus.
Le coussin ne lui fit pas peur, Elly savait que son bouclier tiendrait largement. Ca en était même délicieux de réutiliser son pouvoir, mis à mal pendant trois ans.

-Merci. Fit-elle avec un large sourire, quand sa colocataire fit par de son impression.

Ava parla de son don. Ainsi, elle était empathe et à ce que la jeune femme connaissait des empathes.

Ce que put sentir la brunette en Elly était une grande excitation à l'idée d'emménager chez Ava et le sentiment de confiance et d'amitié, rare chez la blonde, qui naissait pour la brune.

- Tu peux sentir les émotions, c'est ça? Et, les contrôler aussi? L'empathie est mal connu, et c'est vrai qu'à moins de prendre un cobaye, difficile de le montrer.

Pour le côté responsable d'Elly, Ava ne se faisait pas trop de soucis. La jeune femme avait, en effet, l'air d'être parfaitement responsable et de savoir ce qu'elle voulait, pouvait, devait faire dans la vie, contrairement à la brunette qui, tout ce qu'elle, elle savait, c'était qu'il lui fallait se retrouver un boulot d'urgence, même si la question du loyer n'était plus, à présent, aussi catastrophique qu'avant. "J'm'en fais pas, t'inquiète." L'espace d'un instant, elle se demanda également si elles s'influenceraient l'une l'autre et si oui, dans quel sens. Ava n'imaginait pas la blonde devenir aussi directe qu'elle-même et ne la connaissait pas encore assez pour savoir dans quel sens celle-ci pourrait l'influencer.

A sa petite boutade mi taquine, mi sérieuse, Ava vit bien qu'Elly était gênée. Au moins, c'était clair, ce ne serait pas avec elle qu'elle ferait des plans à trois. Dommage ne put-elle s'empêcher de songer. Mais mieux valait savoir plutôt que de tenter, de la braquer, et, au final, de la voir fuir avec ses clics et ses clacs. Oui, vraiment, c'était mieux comme ça. Ava, d'ailleurs, ne montra rien de sa déception, répliquant plutôt un: "Oui, c'est sûr, ça s'rait un viol, sinon, et j'fais pas dans l'viol..." Pas même en trafiquant les émotions songea-t-elle même si, parfois, ce n'était p)as l'envie qui lui manquait. Jouer avec les émotions, faire peur, savoir ce que l'autre ressentait, oui. Mais donner à quelqu'un envie d'un rapport contraire à son orientation sexuelle, non. Hors de question.

Sur le point de l'emménagement d'Elly, Ava ne put que se féliciter d'avoir fait refaire un double des clés avait de se présenter à Ganymède. Heureusement, de base, elle en avait trois, et l'original restait dans l'appartement. La jeune femme se releva donc du canapé et se dirigea à grands pas vers la porte d'entrée, qu'elle ouvrir, avant de s'accroupir pour prendre la clé sous le paillasson. "C'te clé m'a sauvé la vie, l'aut' jour..." dit-elle après avoir refermé la porte. "Elle est à toi. La perds pas" Elle lui donna ensuite le code d'entrée de l'immeuble, tout en déposant la clé dans sa main.

Elly revint ensuite sur le thème du travail, et Ava hocha la tête. "C't un peu pareil, pour moi. En tant qu'barmaid, ou serveuse, t'as droit aux plaintes d'hommes et d'femmes qui s'demandent pourquoi ils sont seuls, pourquoi tout l'monde les fuit, qui pleurent parc'qu'ils subissent tous les malheurs du monde. Parfois, j'ai juste envie d'les secouer un bon coup et j'le fais, d'temps en temps. Mais l'aut' jour, c'taient des mal embouchées, et j'me suis fait virer. Alors qu'mon boss, l'avait jamais eu à s'plaindre d'moi..." Elle ajouta, à voix basse: "Pauv' con cornu..." Pour le reste: "J'ai arrêté l'école à 16 ans. Et les foyers et famille d'accueil. J'me suis fait émanciper, et j'ai commencer à bosser."

Et ça, ça n'était pas à cause de son empathie, même si ça avait joué pas mal pour les foyers et familles d'accueil. "Les sentir, les manipuler, aussi, oui." Et puis, LA question: "Qu'est-c'qui t'a am'née chez Ganymède?"

L’accord entre les deux jeunes femmes pour faire colocation ensemble se finit par un rituel bien connu, la réception de la clé. Elly fut toute heureuse lorsque la brunette lui apporta le précieux bout de métal, et le code de l’immeuble par la même occasion. La jeune femme s’empressa de prendre son sac à main, de prendre son porte clé Hollywood auquel elle y accrocha la clé de l’appartement, et sur un petit bout de papier, elle nota le numéro de l’immeuble qu’elle coinça dans son porte carte, tout en remerciant Ava, et en lui promettant d’y faire très attention.

Puis la brunette lui parla de son ancien métier, des aléas, un peu comme esthéticienne. La jeune femme avait elle aussi servi d’oreille attentive au malheur des clients. Mais ce qui s’était passé la dernière fois pour Ava l’intriguait. Parce que c’était très bizarre que son boss qui semblait l’apprécier en tant que bonne employée l’ai viré. Ainsi, elle demanda d’un ton naturel :

-Que s’est-il passé pour que tu sois virée ?

Elly sentit que l’expulsion de son emploi avait laissé comme un gout amer à sa coloc’. C’est pour cela qu’elle la rassura, un sourire confiant aux lèvres :

-Ne t’inquiète pas, tu retrouveras du boulot rapidement, j’en suis sure. Tu étais une bonne employée, il n’a pas pu laisser une mauvaise image de toi sur ton dossier, s’il n’avait rien à redire. Et ça arrive à tout le monde de péter un câble, serveuse/barmaid, ce n’est pas évident comme job, malgré ce qu’on pourrait penser.

La blondinette en apprenait un peu plus sur sa nouvelle amie. Elle aussi avait quitté l’école à 16 ans mais pour travailler directement, ce qui suscita l’admiration d’Elly.

-Ouah, eh bien très peu sont capables de travailler aussi tôt, moi la première ! On sent que tu es une battante. Raison de plus pour qu’on t’embauche !

La vie ne lui avait pas fait de cadeau mais la jeune femme avait l’impression que son amie avait toujours su garder la tête hors de l’eau.
Puis vint le sujet des pouvoirs. Elly avait vu juste concernant l’empathie. Elle se demandait ce que ça donnait quand la brunette l’utilisait sur quelqu’un, mais cette curiosité était légèrement malsaine. Ca ne devait pas être génial pour la personne manipulée. La dernière fois qu’elle, avait été manipulée, la blondinette n’avait pas du tout apprécié le traitement. D’ailleurs, ce fut le moment où elle se demanda où étaient les autres mutants, les autres anciens. Toujours dans leur famille ? Ou ailleurs, maintenant ils étaient tous adultes, et libre de faire ce qu’ils voulaient, comme rejoindre une fondation ou un Institut, ou encore ce drôle d’organisme, EXZ.
D’ailleurs, Elly expliqua son choix à sa coloc’ :

-Ben déjà je me suis ré intéressée aux mutants lorsqu’un de mes clients a insulté les mutants et l’Institut. Mon pouvoir s’est enclenché donc, à ce moment j’ai décidé d’arrêter de renier mon pouvoir. Après il y a eu un homme qui a tenté de me cambrioler, alors que j’étais chez moi. Et un gars de Ganymède est venu à mon secours. Il m’a donné une carte de visite et me voilà. Je voulais faire quelque chose de ce que je possède, ce don, et aider les autres, humains comme mutants, retrouver un peu de l’Institut mais sans que ça soit trop l’école. Et toi ? Pourquoi Ganymède ?

Elly but une gorgée de sa bouteille de bières et remit son porte clé avec la nouvelle clé et le porte carte dans son sac à main.

A dire vrai, le pourquoi du comment elle s'était fait virer, Ava n'en avait pas la moindre idée et n'avait nulle envie d'en parler. Elle préféra, donc, laisser la question en plan. C'était mieux comme ça, à n'en pas douter. Mais elle espérait vivement que, comme le disait Elly, elle retrouve vite un boulot. Elle en avait besoin et détestait n'avoir rien à faire de ses dix doigts. "Au pire, Ganymède m'aid'ra... Après tout, ça fait partie d'leur job..." dit-elle en forçant un rire. Pour elle, la page 'boulot' était tournée et elle ne reviendrait dessus que pour fêter un nouveau boulot.

Elle s'intéressait davantage à savoir comment Elly s'était embarquée dans cette aventure. "Pas cool, ça, si ton pouvoir s'est déclenché tout seul" commença-t-elle avant d'ajouter un: "Faut jamais renier qui on est, au fond, sinon, c'qu'on est s'rappelle à nous au pire moment qui soit..." Elle avait, plus ou moins, coupé la parole à Elly pour réagir, et la laissa continuer, pas très longtemps néanmoins: "La vache! Un cambriolage? Et t'étais chez toi? 'Tain... Ca doit faire flipper, quand même... Z'étaient armés?" Et puis, le secours par un type de Ganymède. Cela ne manqua pas d'intéresser Ava "Mignon le type? Homo? Hétéro? Bi?"

Et puis la question, forcément, lui fut retournée. Ava poussa un profond soupir avant de répondre: "Après m'être fait virer, j'suis rentrée chez moi. Le lend'main, fallait bien que j'retrouve un job, non? Alors j'ai fait les p'tites annnonces et rien d'autre qu'une offre d'emploi pour êt' détective. Autant dire que c'était pas pour moi. J'y suis allée, quand même, et j'me suis r'trouvée dans une histoire abracadabrantesque, avec des types qui se prenaient pour des détectives karmiques... J'crois qu'c'est l'terme employé... Et qui voulaient rattraper leurs erreurs de quand ils étaient au FBI. Ah! L'un des deux était à mon bar la veille au soir, à faire le chippendale. Autant dire qu'il était pourri dans son rôle d'infiltration..." La belle eut un rire avant de reprendre: "Bref. Me v'là infiltrée, à faire une expérience de mort imminente pour rencontrer... Dieu (?)" Le ton d'Ava se fit interrogatif, comme si elle avait des doutes et, plus elle repensait à cette histoire, plus c'était le cas. "C'tait une expérience médicale, dont les résultats ont été volés. J'ai couru après la voleuse, l'ai suivie jusqu'à un dojo dont j'ai dû r'partir. Avec mes boss, le soir, on a r'pénétré dans les lieux, et on s'est fait r'pérer. On a failli s'faire gazer. J'crois qu'ça a été l'cas pour mes boss. Mais l'plus vieux des deux a tiré dans une f'nêtre et m'a j'tée du haut l'immeuble dans une poubelle. J'étais mal en point..." Ava eut un petit rire ironique. "Quand j'ai rouvert les yeux, on m'avait tiré mes clés, mon portable, mon portefeuille, mes godasses. Un type est v'nu à mon s'cours. Mignon. Très mignon, et m'a ram'née ici. L'était pas très chaud pour l'hôpital. Pensait plus à autre chose. Au final, il a quand même fallu app'ler les scours, et puis après, il a disparu. J'ai r'pris conscience dans un dispensaire d'Ganymède. L'toubib est un mutant, il m'a sauvé la vie." Ava marqua un léger temps de silence avec de poursuivre: "J'commençais à m'dire que j'pouvais pas continuer à rester en marge de ceux d'mon espèce. Et bah... C'est lui qu'a emporté ma décision, alors me v'là. Pour l'meilleur et pour l'pire."

Elly joua avec sa cigarette entre les doigts et rassura Ava pour ce qui était du cambriolage :

- Il était armé oui, enfin tout seul donc ça allait. Et puis mon bouclier était activé, j'avais peur un peu pour moi parce que je n'ai jamais testé les balles de flingue sur le champ de force, mais j'avais aussi peur pour mon appart. Ca coute hyper cher des rénovations. Mais bon j'avoue, j'ai quand même eu la trouille tout court, surtout que tu ne t'y attends pas du tout. En fait, le mec c'était un toxico, il tremblait et avait le regard fou, genre le type qui ne se sent plus. Et Charles est arrivé. Il est empathe comme toi, et plutôt très mignon, genre gravure de mode.

La blondinette reprit une gorgée de bière avant d'ajouter :

- Par contre, je n'ai pas eu le temps de lui demander son orientation sexuelle, mais il est de Ganymède. Alors quand on le croisera, on pourra lui demander. Mais je te le laisse volontiers, il ne me dit rien ce Charles.

Ava raconta un peu de son histoire à elle, et Elly fut tout aussi étonnée. Tout de même, ils en vivaient des histoires incroyables. Parfois, elle se demandait s'ils ne vivaient pas tous dans un film. C'est pourquoi, elle eut une mine très surprise et s'exclama une fois que la brunette finit son récit:

- Ton histoire est incroyable! T'as failli mourir! Je suis désolée pour tes boss par contre, ils t'ont sauvé la vie au détriment de la leur. Ca devait être des chics types, malgré le fait qu'ils avaient l'air un peu fêlés. Tu sais à quel résultat devait aboutir cette expérience médicale? Ca avait l'air ultra secret pour qu'ils veuillent vous tuer, en vous gazant. C'est horrible ça d'ailleurs! On est plus au XXe siècle pour faire ce genre de choses!

Elly se cala bien dans son tabouret et s'approcha d'Ava, un sourire taquin :

- Et donc le beau jeune homme qui t'a sauvé et qui n'était pas très chaud pour l'hopital, pensait à quel genre de chose?

La blondinette n'était tout de même pas dupe et revint à sa position initiale, en se frottant le menton dans une pose de réflexion :

- Mais t'étais quand même bien amoché et vous avez quand même réussi à passer un moment à deux, sans que tu n'ais pas de douleurs quelconque?

La jeune femme finit quand même par un grand sourire :

-Eh bien bienvenue quand même à Ganymède, j'espère qu'on vivra plein de moments d'actions, de frissons, de euuuh romances, pourquoi pas. Enfin voilà, finis la vie monotone du métro boulot dodo.

Comment ce type armé avait-il pu faire pour entrer dans un immeuble qu’Ava supposait protégé ? C’était tellement bizarre. Mais pas aussi intéressant, cependant, que d’apprendre que celui qui était venu au secours d’Elly était empathe, lui aussi. La brunette ne montra son intéressement que par un haussement de sourcils. Toutefois, elle se voyait mal demander au type lorsqu’elle le croiserait pour la première fois son orientation sexuelle. M’enfin… En même temps… « Pas b’soin d’mander, ça s’voit, ces trucs-là. Ca s’sent même… Un r’gard , une façon d’parler… Tout ça, quoi… » Elle marqua un silence, puis reprit :

« Pour mes ex boss, j’sais pas s’ils s’en sont sortis. J’crois faudrait qu’j’aille voir, mais j’sais pas. J’ose pas. En même temps, j’leur dirais quoi ? Contente que vous soyez toujours en vie, même toi, Matress, mais j’démissionne ? » L’idée la fit rire parce que oui, c’était tout à fait le genre de truc dont elle était capable. Pour le reste, par rapport à Ryan, elle répondit : « Il était mutant, aussi. Et a été très doux, au moins… Mais pour Ganymède, on verra bien c’que ça donne… »

Sur ces mots, elle termina d’un trait sa bière et attrapa son paquet de cigarettes et son briquet qui trônaient dans le vide poche sur la table basse : « J’vais aller m’fumer une tite clope. Tu peux aller chercher ta valise quand tu veux, pendant c’temps, j’enlèverai les que’ques trucs à moi qui traînent dans la chambre du bas. Pi j’irai ach’ter d’quoi becter c’soir, aussi… »

Elly sourit et réfléchit à la dernière image qu'elle avait eu de Charles. Avait-il eu quoique ce soit qui indique qu'il soit gay. Apparemment non, en tout cas la jeune femme n'avait rien remarqué à par qu'il ressemblait à ces types qui posaient dans des calendriers pour des marques ou sponsoriser leur club de sport. La blondinette haussa les épaules. Ava pourrait toujours tenter sa chance, ça ne coûtait rien.

La jeune femme finit sa bière et posa la bouteille doucement tout en écoutant son amie lui parler de son hésitation à aller rechercher ses patrons. Pour sur, s'ils étaient bel et bien morts, elle ne les trouverait jamais Mais, il y avait peut-être encore un espoir et Elly lui en fit par:

- Je peux t'aider si tu veux. Il faut éviter qu'eux aussi s'inquiètent de leur côté s'ils sont toujours en vie et que tu sois en règle avec eux. Ils t'ont quand même embauché. Et puis, ça serait peut-être une manière pour toi de clore cette page si tu en sens le besoin.

La blondinette sourit. Il avait été donc doux, elle se demanda s'il se repointerait à l'appartement, si elle le rencontrerait un jour, juste pas simple curiosité. Par quel type d'homme était attirée sa colocataire? Enfin, il y avait un temps pour les questions et un temps pour l'action.
Elly sauta de la chaise haute et fit :

-Ok, je retourne vite fait à ma chambre, je vais rendre les clés à Ganymède et m'installer. Par contre, demain j'irais voir pour du mobilier et de la literie. Tu veux m'accompagner? On pourrait peut-être trouver des trucs sympas et pas chers là-bas. J'vais aller à Ikwava. Ils ont des trucs sympas, pas chers et faciles à monter.

La blondinette prit son sac, prit son roulé pour l'allumer quand elle marcherait et se retourna avant de quitter l'appartement :

-Je reviens vite!

Et Elly fut de retour assez rapidement avec sa grosse valise noire, remplie de vêtements, de chaussures, de maquillages, de dossiers,... ect. C'était un bout de chez elle dont elle ne se séparerait jamais.
Fermant la porte derrière elle, et se massant le dos, la jeune femme rit :

- Je ne pensais pas que j'avais emporté autant de choses. Dans la précipitation, je n'ai pas du tout ressenti son poids, mais là. Ouch!

Embauchée, embauchée… c’était vite dit. La vérité, c’était qu’elle avait été prise pour un bout d’essai. Ses responsabilités vis-à-vis de Crept et Matress n’étaient, donc, pas aussi importantes que si elle avait signé un contrat. Elle n’avait, en effet, strictement rien signé. La brune ne prit donc pas la peine de répondre à la blonde. D’ailleurs, déjà elle sautait de sa chaise pour aller récupérer ses affaires, donnant ainsi un peu de temps à Ava pour préparer son arrivée. « Ok pour t’accompagner demain. » épondit-elle avec un sourire tandis qu’Elly se dirigeait vers la porte.

Avant toute chose, la brune monta dans sa chambre et sortit sur l’escalier de secours pour fumer sa clope, écoutant au loin une sirène hurler dans New York, pour indiquer une urgence quelconque. Elle était bien quand même, là haut. Il fallait bien l’avouer. Elle poussa un petit soupir d’aise et s’amusa à faire des ronds de fumée avant d’éteindre son mégot qu’elle jeta dans le petit cendrier qui trônait sur le rebord de sa fenêtre.

Ensuite, elle évacua ses effets personnels de ce qui serait dorénavant la chambre d’Elly, ainsi que son ordinateur et monta le tout dans la mezzanine. Elle verrait plus tard pour installer tout ça, mais elle aurait besoin de meubles. C’était clair et net. Faut qu’j’retrouve du taff et vite… songea la jeune femme en secouant la tête, dépitée. Une nouvelle fois, elle maudit son ancien employeur et se résolut à décrypter les petites annonces dans le journal dès le lendemain matin.

Elle eut tout juste le temps de faire quelques courses pour les repas du lendemain et de commander des plats chinois pour le soir-même. Quand elle revint dans l’appartement, Elly était déjà là. « Et bah… T’as fait vite… Ca tombe bien, l’repas est chaud… » dit-elle en posant le sac de bouffe chinoise sur le comptoir et en commençant à vider le reste. « J’espère qu’t’aim’ra c’que j’ai pris, j’connais pas tes goûts… »

Ca y était, Elly avait enfin trouvé un appartement, avec une colocataire très sympathique, certaine que toutes les deux allaient très bien s'entendre. D'ailleurs pendant le départ de la blondinette, Ava avait été faire les courses et avait ramené des plats, un repas à la chinoise en somme. Elle avait reconnu leur emballage caractéristique et la calligraphie chinoise sur le côté des boites en cartons contenant les mets.

La jeune femme la rassura quant à ses goûts en matière de nourriture :

-T'inquiète pas, je ne suis pas difficile. Et puis, ça fait longtemps que je n'avais pas mangé chinois.

Elle sortit l'un des petits récipients qui contenait des nouilles, et le huma. Ca sentait bon. Elly sortit toutes les petites boîtes en carton et distribua les baguettes, élément indispensable quand on mangeait chinois.
D'ailleurs, comme ça faisait longtemps que la blondinette n'avait pas mangé chinois, elle ne savait pas si l'art de manier les baguettes était encore en elle.

Après un bref essai à vide, Elly remarqua que manger avec des baguettes c'était comme le vélo, ça ne s'oubliait pas.
Avec un grand sourire et les bout de bois entre les doigts, la jeune femme s'exclama :

-Bon ben alors, bon appétit.

Saut temporel

L'Institut Body&Beauty

Elly arriva en compagnie de Georgia devant la porte de l'appartement qu'elle ne tarda pas à ouvrir avec ses clés. Ava n'était pas présente sur les lieux, surement encore à son dojo, ou faisant autre chose. Les deux jeunes femmes étaient pas mal indépendantes, et même si il était très agréable de se retrouver le matin au petit dèj, et le soir ensemble à discuter de leur journée et d'autres choses, elles ne restaient pas non plus collées l'une à l'autre, ayant des activités bien différentes.

Pour s'assurer qu'il n'y avait personne dans l'appartement, la blondinette lança un :

- Y a quelqu'un?

Mais personne ne répondit. La jeune femme fit entrer la mitalienne et d'un geste théâtrale fit :

-Bienvenue. Entre donc et installe toi où tu veux. Il doit rester des pancakes à réchauffer si t'as faim.

Ça, la jeune femme en était sure, mais pour vérifier ses dires, elle ouvrit le frigo et remarqua du jus de fruit qui n'était pas étiqueté. C'était surement une création de sa coloc'. Pouvait-elle en prendre un peu? Bon si elle lui en laissait, ça irait surement.

-Y a du jus de fruits maison aussi. Ava est très forte en mixologie. Tu en veux un peu? Franchement, tu vas te régaler.

Pendant qu'Elly partait en quête de création d'un bon goûter, Georgia put remarquer qu'elle avait plusieurs endroits où s’asseoir, sur le canapé près de la grande baie vitré ou sur les grands tabourets sous le bar, sinon il y avait toujours l'escalier en colimaçon, mais ce n'était pas très confortable.

Institut Body & Beauty

L'appartement des filles étaient plutôt agréable à regarder. C'était pas énorme à deux mais... si cette Ava était aussi sympathique qu'Elly le prétendait, la vie devait plutôt être pas mal ici.

Georgia alla s'asseoir sur le canapé, observa la vue puis remarqua l'escalier.

"Vous avez un étage, aussi ?"

Elle déclina les pancakes d'un geste de la main mais accepta volontiers un jus de fruit maison.

"On va voir si ta copine a autant de talents que tu le prétends !" lança Georgia en souriant.

Puis elle ajouta :

"Vous êtes plutôt bien installées. Personnellement, même si ma maison est beaucoup plus grande, des fois je m'y sens un peu seule au milieu de tant de gens... Enfin, j'sais pas si tu vois ce que je veux dire mais... Les chambres à deux de l'Institut me manquent un peu. Mais quelle image ça ferait de moi si je partageais ma piaule avec un élève ?"

La blonde partit dans un rire sonore.

"Compte tenu surtout de mon lourd passif dans le précédent Institut !"

Elly rit. Oui, le passé de Georgia était plutôt mouvementée. Des souvenirs refaisaient surface, qu'est-ce qu'elles s'étaient bien amusées quand même étant jeunes. La blondinette fit part de ces bribes de souvenirs :

-Je me souviens que t'avais lancé un défi quand on est parti au Canada. Depuis, je me suis promis de ne plus jamais jouer à tes défis. C'était quand même bien marrant. Tu rendais la vie là-bas beaucoup plus amusante. Ca me manque parfois la vie d'antan. On s'amusait bien, maintenant, c'est toujours aussi sympa, mais y a les contraintes de vie d'adulte qu'on n'avait pas à l'époque.

Elly posa le verre de jus de fruits de la mitalienne sur la table basse, devant le canapé, et s'assit à son tour près de son amie. Elle continua à parler, refaisant un bon en arrière de trois ans dans ses souvenirs :

-C'est vrai que la vie à deux dans les chambres, c'était bien agréable. On pouvait se confier à sa colocataire de chambré, et puis ça liait pas mal. C'est aussi pour retrouver ce lien, et cette compagnie, que j'habite chez Ava.
Mais toi, tu es un peu en colocation dans ta chambre non? Y a Llyod qui y vient parfois dormir, non? Sinon, ben pourquoi ne pas demander à une des anciennes? Mina est une coloc' de chambre parfaite tu sais. Elle me manque, je viendrais lui souhaiter le bonjour, ainsi qu'aux autres anciens. C'est bête de se savoir dans la même ville sans se voir. Après tout ce qu'on a vécu ensemble.

Elly but une gorgée du jus dans son verre, et apprécia vraiment le goût. La brunette avait vraiment un grand talent en création de cocktail. D'ailleurs, en parlant d'Ava, la blondinette informa sur le mystérieux étage de l'appartement :

-Au fait, l'escalier conduit à la mezzanine, c'est le coin de ma coloc'. Moi, je dors en-dessous.

Elle montra la porte près de l'escalier, en dessous de la mezzanine, derrière les jeunes filles.
La blondinette, les yeux dans le vague, passait des images du passé dans sa tête, et se cala bien au fond du canapé.

-Enfin, tout ça c'est du passé. Fit-elle en parlant de leur vie, il y avait trois ans. Faut aller de l'avant. Tiens, je serais curieuse de rencontrer Llyod aussi. Quel est donc ce type qui a réussi à épouser notre Georgia nationale. N'empêche que ça fait un bail que je te sais maquée, mais quand même... C'est toujours incroyable à croire. Et j'ai même pas pu assister au mariage. T'as gardé ta robe de mariée au fait?

Elly se tourna soudain vers son amie, et ses yeux brillèrent, pour attendrir son amie, avant de poser une série de questions qu'elle gardait pour elle depuis que le mariage de son amie avait été annoncée.

-T'as des photos de toi en mariée? Elle était comment ta robe? C'était sympa la fête? Vous vous êtes mariés à l'église, ou juste en civile?

Georgia se prit une gorgée de jus de fruit puis fit un signe approbateur : c'était loin d'être mauvais. S'agissant en revanche du dossier Lloyd :

"Hum... Disons qu'en ce moment - enfin depuis un bon moment - on ne dort plus ensemble et il ne vient plus. Il traverse une période où il est... Euh... Gravement perturbé"

C'était le moins qu'on pouvait dire : il ne retirait plus son costume et se prenait pour un super-héros à heure 24. D'ailleurs, il ne dirigeait plus non plus Lange & Manners, ayant été obligé de déléguer l'ensemble de ses (maigres) prérogatives à Mason Lang.

"Mina dort avec Jolène à mon souvenir. Et puis... Elle est membre de l'Institut et j'en suis la directrice. Ce ne serait pas correct. Mes responsabilités imposent de garder une certaine distance. Même si c'est pas toujours évident avec les anciens..."

Elle reposa le verre de jus de fruit et embraya.

"Enfin, si tu viens passer la nuit à l'Institut, mon lit t'es toujours ouvert" ajouta-t-elle en souriant.

La blonde jeta un œil en direction de l'escalier et commenta :

"N'empêche que je serai bien curieuse de voir la piaule de ta colloc qui me ressemble tant selon toi..."

Elle eut un petit rire sonore.

"Pour la cérémonie, j'ai quand même pas poussé le vice jusqu'à l'église. Déjà le mariage civil ça me semblait une chose énorme ! Alors bon... Mais j'avais quand même mis une robe toute simple. On n'a pas fait de fête après. D'ailleurs au regard de ma situation actuelle, je suis pas sure qu'il y avait grand chose à fêter..."

La blonde baissa les yeux tristement avant de reprendre :

"Je vais pas te le cacher longtemps, ma belle, mais je me sens pas mal célibataire en ce moment... Mon mariage est loin d'être une réussite pour tout te dire. Et je suis sure que si je trompais Lloyd il... ne s'en rendrait même pas compte !"

Le mariage de Georgia avec Llyod n'avait pas été heureux, et la jeune femme semblait manquer d'une compagnie de chambre. Apparemment, la mitalienne se devait de garder une certaine distance avec les autres, ce qui était triste. C'est pour celà, après avoir écouté attentivement son amie, qu'Elly sourit et fit :

-Si jamais tu as du mouron, mon lit t'est aussi ouvert. En tout bien tout honneur. En tout cas, je retiens l'invitation. C'est comment le lit d'une directrice? Un lit en baldaquin avec des rideaux partout?

Tout de suite, la jeune femme voyait le lit à la royal, mais elle savait que ce n'était qu'un grossier cliché, c'est pour celà qu'elle avait employé un ton léger et rieur.
Mina avait donc trompé Elly avec Jolène. Après tout, il fallait bien que l'oiselle se trouve une autre colocataire. Qui avait abandonné qui? La blondinette avait abandonné son ex-colocataire la première, ce n'était qu'un juste retour des choses.

-J'espère qu'elle ne m'en voudra pas de ne pas être venu rejoindre les rangs de l'Institut...

Perdu dans le fil de sa pensée, la jeune femme se rendit compte que Georgia ne lisait pas dans les esprits et ne savait donc pas à qui elle faisait allusion.

-Euh, je parlais de Mina. Rectifia-t-elle.

Pour ce qui était de la piaule de sa colocataire actuelle, Ava, Elly fit une moue sceptique et répondit :

-Faudrait lui demander son autorisation avant je pense. Les chambres, c'est un peu des jardins secrets, alors bon, si il y a des trucs qu'elle ne veut pas montrer, faut lui laisser le temps de les cacher.

A chacun son jardin secret, seul les propriétaires en autorisaient l'accès.

-Mais pour ce qui est de ma chambre, continua la blondinette, l'accès t'y est autorisé.

Elly n'avait rien à cacher à son amie, elle pouvait s'y en donner à coeur joie si elle le désirait à condition de ne pas trop y mettre la pagaille. La jeune femme n'aimait pas trop le désordre.

Puis le sujet de discussion devint le mariage de Georgia. Tout avait été fait dans la sobriété. Pas de grande cérémonie, ni de belles robes. La blondinette trouva ça dommage. On avait l'impression qu'au vu de la cérémonie, cette relation n'était pas faite pour durer.
Au vu de la tristesse de la mitalienne, la jeune femme prit son amie dans ses bras, chose qu'elle faisait très rarement. Mais un lien étrange unissait Elly à la co directrice, comme si elles avaient été amies depuis l'enfance. Elle se sentait en confiance avec Georgia.

-Je ne peux pas te conseiller au niveau de ton couple, au vu de mon expérience désastreuse en matière d'amour. Mais sache que si un jour, tu veux un coin en dehors de l'Institut pour te poser et réfléchir au calme, tu es la bienvenue ici, et à l'institut de beauté. Llyod n'a pas l'air de savoir ce que c'est d'être en couple. Marié ne veut pas dire ensemble éternellement, faudrait qu'il comprenne ça. Il a l'air godiche le gars, il a pas l'air de savoir comment entretenir la "flamme" comme diraient d'autres. Mais le problème, c'est que t'as besoin de son financement non? Il joue quoi comme rôle à l'Institut lui?

Un instant de réflexion plus tard, Elly posa une dernière question :

-Tu veux que je le cogne pour t'avoir fait aussi mal? C'est pas comme s'il ne le méritait pas.

Georgia sourit. C'était bon de parler à son amie.

"Je note pour la proposition en tout bien tout honneur. Quant à mon lit, tu n'auras qu'à venir me voir. Mais il n'y a rien d'extraordinaire. Mon seul privilège, par rapport aux autres résidents, est d'avoir une chambre seule. Enfin..."

Elle se passa la main dans les cheveux et ajouta au sujet de Mina.

"Je ne pense pas que cela pose problème à Mina. Elle sera trop contente de te revoir, surtout"

Le sujet de Lloyd, en revanche, était moins amusant. Comment avait-elle pu se mettre dans une situation pareille ? Elle n'en savait rien. C'était comme si elle attirait ce genre d'embêtements.

"Tu sais, je dois aussi être responsable en partie. Un couple, ça se foire à deux. J'étais peut-être trop jeune pour me marier ou pas assez amoureuse. Lloyd est juste un enfant. C'est..."

Elle s'arrêta avant de reprendre finalement :

"C'est un homme aussi"

Elly remonta sa jambe droite pour poser le pied sur le canapé et appuyer son coude sur son genou. Elle écouta attentivement Georgia, qui lui informa que son lit n'avait rien d'extraordinaire. Le baldaquin n'était pas le style que préférait la directrice et ça faisait moins cliché un lit tout à fait normal.
Son amie semblait souffrir de la solitude, à ce qu'en déduit la blondinette, puisqu'elle se plaignait d'avoir une chambre seule, en plus de Lloyd qui ne faisait aucun devoir conjugale. Et puis, la mitalienne souleva un autre problème, et il était vrai qu'Elly aurait pu le deviner.

A l'époque, elle avait vu Georgia sortir pratiquement qu'avec des filles, les embrasser, et puis il y avait eu Kanata, mais c'était Kanata, quelqu'un de très spéciale, et qui tenait à son amie blondinette. Mais Elly n'avait eu vent que d'un seul gars dans toutes les relations amoureuses de la mitalienne, enfin à ce qu'elle s'en souvenait.

Et donc Llyod était un gars, et en plus, pas très aimant, pas très démonstratif, encore un gamin. Bref, il cumulait les défauts.

La jeune femme se mordilla les lèvres quand elle comprit le défaut principal de son mari, ou ex-mari.

-Tu préfères toujours les filles aux garçons, n'est-ce pas? Ca se voyait à l'époque, et bon voilà, je te connaissais comme ça. C'est peut-être pour ça aussi que le mariage avec Llyod a été hyper surprenant, pas seulement parce que je pensais que tu ne t'engagerais pas aussi tôt. A ce que j'ai pu entendre, Llyod cumule les défauts, ça n'arrange rien. T'as raison, un couple ça foire à deux, mais ça arrive à tout le monde de se tromper dans la vie. Je ne peux pas prendre de décision à ta place, mais essaie de voir le bon côté de ta relation, mais aussi les mauvais. Pèse le pour et le contre, il n'y a que comme ça que tu sauras exactement ce que tu dois faire.

Elly ne pouvait pas conseiller grand chose sur ce genre d'histoire, n'ayant pas vraiment d'expériences. Peut-être qu'Ava pourrait aider son amie? Elle semblait mieux s'y connaître en histoire de coeur.
La blondinette pressa affectueusement l'épaule de son amie :

-Ca va s'arranger, t'inquiète pas. Vous trouverez bien une solution tous les deux à cette histoire. Il n'est pas si bête que ça, il doit bien voir que ça a du mal à fonctionner. En tout cas, heureusement que tu n'es pas trop seule à l'Institut, y a les anciens qui sont revenus. Ca a été comment quand tu les as revu? Qu'est-ce qu'ils étaient devenus durant ces trois ans?

Elly finit son verre de jus de fruits et sourit à son amie. Peut-être qu'il était temps d'aborder un autre sujet que Llyod et son incapacité à entretenir son mariage. Peut-être que son point de vue n'était pas impartiale, mais pour la blondinette, c'était le mari qui faisait tout foiré, et non Georgia, même si la faute était un peu des deux côtés. Elle était sur que la mitalienne avait essayé d'améliorer leur relation, alors que le gars n'avait pas du faire grand chose.