[Mission Institut] France - A la cour du Prince Blanc

Finalement, Juliette était de retour en France… Pour quelques jours tout au moins. On lui avait adjointe la jeune Emma, comme si l’intention avait été de créer un tandem constitué d’une ancienne et d’une novice. Mais au vu de la personnalité de le jeune demoiselle, il était assez difficile de dire si elle accepterait d’apprendre quoi que ce soit, ou bien si elle serait, à l’instar de Barbara, sujette au savoir universel et absolu. Les deux enquêtrices ‘’royales’’ avaient voyager sur le même vole que Brieuc et cette singulière demoiselle féline. Celle-ci contrastait d’ailleurs assez singulièrement avec Mina… Un chat et un oiseau… Le prédateur et la proie… Mais dans le cas présent, la gothique romantique ne doutait pas que les rôles seraient assurément inversé et que Mina deviendrait la prédatrice et Maiffa, sa proie.

Au cours du vol, les deux duos avaient échangés quelques mot concernant leurs missions respectives, ce qu’ils envisageaient de faire ou de ne pas faire, dans l’absolu. Le dialogue s’était presque naturellement engagé entre l’italienne et Brieuc. Ce n’était pas qu’elle dédaignait les deux inexpérimentées, mais son passé avec le jeune breton au sein de l’ancien institut et plus particulièrement des LeX, privilégiait tout naturellement un contact ‘’professionnel’’ qui n’avait pas été encore développé avec les deux demoiselles. Il faudrait, au minimum, au moins le temps de ces missions pour y arriver. Entre deux paroles échangés, Juliette parcourait inlassablement les quelques documents en sa possession et en rapport avec son objectif : Des morceaux de poèmes, aussi abscons que douteux, les informations de Jay à propos de ce prince et de cette princesse blanche qui, apparemment ne portait pas cette mystérieuse reine blanche et le Massachusetts, l’horrible message gravé sur la poitrine du pauvre Stanford en un sinistre avertissement… La description de Paul Barrès, si tant est que cela fut son véritable patronyme, ne le laissait pas passer vraiment inaperçu. Cependant, si l’hypothèse comme quoi il était télépathe s’avérait vérifiée, alors cela expliquerait sa désinvolture sur le sujet.

En fin de compte, leurs seules véritables indices se révélaient êtres ces poèmes, à première vue sans queue ni tête. Heureusement, les informations apportés par les autres résidents de l’institut permettaient d’échafauder un embryon d’explication, bien qu’imparfaite et incertaine. Pour commencer, les sadiques et les dragons pouvaient êtres assimilés aux amis et aux groupuscule nazi qui polluait l’Europe et qui, visiblement, avait des accointances plus ou moins certaines avec la confédération américaine. La référence à Odessa appuyait ce dernier point, ainsi que le fait de ‘’la tempête passant par Odessa, afin de migrer du vieux continent au nouveau’’, ce qui pouvait donc plus ou moins signifier que une fois en liaison avec la confédération américaine, ces deux entités se déverseraient sur tout le reste du continent américain afin d’étendre leur terreur et leur monstruosité.

Mais ces poèmes leur apprenait aussi qu’ils recherchaient le premier ange, certainement un mutant… Serait-ce l’un des trois jeunes gens, qui paraissait tant intéresser Lange & Manners.. ? Difficile à dire sans plus d’information. Quand au Satan ailé jouant au flipper, cela pouvait sans doute se rapporter au nouveau Arcade et à sa fâcheuse manie de manipuler les évènements.

Mais ces poèmes leur apprenait aussi que si il y avait la mal, il y avait aussi le bien en mesure de le combattre. Encore que au vu des intervenants, cette notion de bien se révélait assez ambiguë. Si cette idée d’échiquier du monde laissait encore Juliette assez perplexe, il était certain que Jay et elle se devaient de le rejoindre avant que le pire n’arrive… Il y avait aussi une notion d’urgence, signifié par les dragons volant à leur horizon, et qui pouvait logiquement être assimilé à la main mise du régime totalitaire en place en confédération américaine, attendant le moment afin de bondir sur le reste de ce qui fut autrefois des Etats-Unis. Cependant, le poème adressé à Jay paraissait être empreint d’un certain doute, contrairement à celui de la gothique romantique… Simple hasard dû à la prose ou bien.. ? La encore, difficile de savoir quoi en penser. Ce qui était certain en tous cas, c’était que si jamais les deux mutants choisis acceptaient ce destin offert, alors ils devraient apparemment renier leurs appartenance à l’institut et sans doute, ses idéaux. Dans l’immédiat, la gothique romantique n’envisageait bien entendu pas un seul instant cette option.

Mais le plus troublant était que si ces fameux princes et princesses avaient un rapport avec la mystérieuse reine blanche et donc, par définition avec cette académie du Massachusetts, alors cela pourrait signifier que cette dernière lutterait dans une cause commune à celle de l’institut. C’était assez difficile à imaginer à la vue de leur première rencontre lors de la récupération de Charlie, mais être détestable ne faisait pas des gens des êtres forcément mauvais. De plus, Juliette ne connaissait rien de cette académie et de sa directrice se targuant du titre de reine et de fait, l’italienne préférait ne pas porter un jugements hâtif sur ces derniers. Mais la question que se posait la gothique romantique, était la suivante : quel était l’intérêt d’avoirs des ‘’héritiers royaux’’, sachant qu’il était sans le moindre doute évident que les ‘’détenteurs du pouvoir royal’’ n’étaient certainement pas enclin à céder leurs titres suprêmes et leurs pouvoirs à quiconque.

Au final, ce fut avec une explication plus ou moins logique, bien que foncièrement instable et des nouvelles interrogations, que Juliette, Emma, Maiffa et Brieuc atterrirent sur le sol Français. Là, leurs chemins se séparèrent, le breton et la fille chat se dirigeant en direction d’une banlieue que Juliette, vivant à Paris depuis presque deux années savait ne pas être des plus reluisante, tandis que Emma et elle-même eurent le loisir de prendre le métro en direction d’une autre banlieue, mais nettement plus… Stylée !

Après un voyage plus ou moins court, les deux mutantes arrivèrent enfin à destination : Neuilly-sur-Seine… Et dire que depuis tout ce temps, la gothique romantique vivait littéralement à côté de ces deux personnes ‘’royalement immaculées’’ sans se douter de quoi que ce soit… Selon les informations de Jay, ce couple blanc avait quitté le Massachusetts depuis trois ans. Trois ans, c’était exactement au moment ou l’institut avait été dissous et ses résidents expulsés… Coïncidence, ou bien concordance.. ? Un lien pouvait-il être envisagé, ou bien l’esprit de la gothique romantique se perdait-il un peu trop dans une recherche de cause à effet afin d’expliquer ce désastre passé.. ?

Ces deux personnes avaient apparemment tenté une carrière dans le milieu musical, heureusement avortée à la vue des paroles qui sonnaient étrangement semblablement aux Poèmes de Paul Barrès. Leur éphémère carrière avait fait un véritable flop, mais les paroles de leur unique titre sonnaient un peu trop familièrement aux oreilles de l’italienne, pour qu’elle n’ai pas tenté d’en apprendre un peu plus sur cette ‘’œuvre’’ et leurs auteurs de génie. Mais en faisant face à cet admirable hôtel particulier doté d’un immense jardin, Juliette laissa resurgir l’interrogation qui avait été la sienne en apprenant ou ils vivaient : Comment diable, pouvaient-ils vivre ici, alors que leur disque n’avait du leur rapporter que extrêmement peu de retombées financières.. ?

Après un bref regard songeur en direction de Emma, la gothique romantique reporta son attention sur l’interphone avant de, au bout du compte, se résoudre à appuyer sur le bouton qui allait avertir le couple étrange de la présence de visiteurs.

Il ne pouvait sans exister de plus grand contraste, qu’entre le noir et le blanc… Et c’était en l’occurrence exactement l’image qui s’offrait aux trois personnes présente autour de cette grille : Le prince immaculé, tout de blanc vêtue et, à contrario, la gothique romantique drapée dans ses éternelles ténèbres soyeuses. Quelque part, c’était un instant un peu étrange, notamment de par l’absence de présence dans cette petit rue tranquille. Seule, celle de Emma tranchait singulièrement avec les deux opposés du nuanciers et paraissait finalement être l’unique intruse du trio, en dépit de sa tenue.

D’entrée de jeu et avant même de leur ouvrir la grille, le fameux prince blanc, étrangement vêtu même aux yeux de Juliette, avait lancé le premier assaut en les avertissant qu’il se battrait jusqu’à la mort, mais que en cas de défaite tout ce qu’il savait serait révélé au monde entier. C’était un accueil qui, s’il se révélait assez violent, avait au moins le mérite d’afficher d’entrée de jeu la couleur. Il paraissait réellement renfrogné, bien que visiblement il ne souhaitait pas véritablement qu’un affrontement ai lieu entre lui et ses deux visiteuses. Commencer par une attaque verbale était toujours révélateur d’une envie d’éviter à tout prix l’affrontement physique, cela l’italienne l’avait bien compris après toutes ces missions passés.

Quoi qu’il en soit, en dépit d’une forme de paranoïa clairement affichée, Il finit tout de même par leur ouvrir la grille et recula afin de, visiblement, les laisser entrer dans le jardin… Une chose était certaine en tous cas : quoi que l’on puisse penser de son comportement et de son extravagance à la limite du ridicule, ce prince blanc avait véritablement un courage… Royal ! Néanmoins, il se montra nettement plus affable par la suite, même si il retomba brièvement dans sa paranoïa en disant aux deux mutantes que la princesse blanche leur serait définitivement hors de portée… Ma foi, cela tombait assez bien car personnellement, la gothique romantique n’avait pas vraiment le moindre intérêt pour elle… Ni pour son prince d’ailleurs, seule les informations qu’il pourrait leur fournir avait de la valeur à ses yeux de glace.

Alors qu’elle pénétrait de son pas fantomatique à l’intérieur de la propriété en compagnie de Emma, celle-ci lança au prince blanc, d’un ton empreint d’une certaine hésitation, qu’elles étaient venu pour lui parler des récents évènements… Comme elle y allait, grand dieu… Elle n’étaient pas venu jusqu’ici pour lui donner des renseignements, mais pour en avoir, une petite nuance qui avait toutefois son importance. Elles lui dirait des choses, mais pas nécessairement ce qui ne le concernait pas vraiment. Avant que Emma n’aille plus loin dans ses confessions apparemment très généreuses, la gothique romantique leva légèrement sa main en l’air comme pour intimer discrètement à la brune écervelée de stopper là et elle dit à son tour :

‘’Nous sommes navrés si nous vous avons effrayé, mais je tiens à vous rassurer : nous ne sommes pas ici pour vous faire le moindre mal, à vous ou à votre princesse. Nous sommes venus jusqu’ici afin de nous entretenir avec vous, car il semblerait que nous ayons un certain point commun à propos duquel il nous seraient très appréciable de pouvoir obtenir de plus amples informations.’’

Laissant un temps de silence s’écouler afin de reprendre son souffle, Juliette ajouta encore :

‘’Il semblerait que un ami à nous et moi-même, ayons été choisi pour devenir le nouveau prince blanc et la nouvelle princesse noire… Pourriez-vous avoir l’amabilité de nous dire tout ce que vous savez sur ce sujet.. ? Nous avons également ouïe dire qu’il y aurait une reine blanche au Massachusetts, est-ce en rapport avec tout cela.. ?’’

Sciemment, la gothique romantique omis de dire au prince blanc qu’elle savait que cette fameuse reine blanche dirigeait l’académie du nom de son état, comme elle omis sciemment de lui dire qu’elles étaient des mutantes. De toute façon, s’il savait vraiment quoi que ce soit sur le sujet, il le devinerait puisque lui-même et sa princesse devraient nécessairement en être aussi. Juliette revint ensuite sur la première phrase que le prince blanc avait prononcé :

‘’Mais vous nous avez dit que vous vous attendiez à avoir de la visite aujourd’hui… Pour quelle raison, dites moi.. ?’’

L’idée pouvait sans doute paraître absurde et un brin paranoïaque, mais étant donné le plaisir que semblait prendre le nouvel Arcade à manipuler aussi bien les gens que les évènements, ils ne semblait pas inopportun à la gothique romantique de penser que ce dernier aurait éventuellement pu venir rendre une petite visite au couple princier immaculée afin de le prévenir d’une certaine visite.

Visiblement, Emma semblait ne pas vouloir affronter le tireur embusqué et préférait protéger le prince blanc en demeurant à l’extérieur de l’hôtel particulier. Juliette pouvait aisément le comprendre, elle aussi aurait sans doute fais ce choix lors de ses premières missions à l’institut. Mais aujourd’hui elle était non seulement plus mature, mais aussi plus apte à se confronter à ce genre de situation qui n’était assurément pas sans le moindre risque. Mais quelque chose intriguait la gothique romantique tandis qu’elle laissait le prince blanc sous la protection de Emma, afin de s’engager seul à travers l’escalier menant à l’étage … Vu la distance entre le dit étage et la cible du tireur, il lui paraissait fort étonnant qu’il ai pu rater sa cible de si peu…. Une cible immobile durant plusieurs minutes, une vue dégagé bien que plongeante… Soit le tireur était un amateur complet, soit il ne voulait pas vraiment tuer le prince blanc. Un prince, qui d’ailleurs se révélait sans le moindre intérêt pour la reine blanche et son roi, puisque celui-ci avoua n’être qu’une humain ordinaire. Vu la frénésie dont semblait faire preuve cette dernière afin de récupérer des jeunes mutants, il était assez étonnant qu’elle se soit embarrassé d’un non mutant dans ce curieux jeu de pouvoir dont elle détenait une partie des rênes.

Flottant dans un silence vaporeux, Juliette fini par trouver la pièce ou le tireur s’était dissimulé. Mais celui-ci la vit aussi arrivé et se retourna prestement dans sa direction tout en lâchant son arme. Pour avoir vu un nombre conséquent d’armes au cours de ces dernières années, de vraiment très près pour certaines, la gothique romantique reconnut un fusil du type de ceux que les tireurs d’élites utilisaient. Une arme de professionnel donc, qui la confortait dans son idée que l’assassin n’avait pas vraiment mis tout son talent dans l’exécution du prince blanc. Mais dans ce cas, la question qui se posait était donc la suivante : Pourquoi.. ?

Mais si l’assassin avait délaissé son fusil, ce ne fut que pour s’emparer d’un couteau de chasse dont il menaça très clairement la brume empourprée qui lui faisait face. Son regard trahissait une certaine forme de folie meurtrière, que son sourire malsain ne démentit nullement. Pour avoir affronter ce genre de personne plus d’une fois, Juliette savait que cet homme aimait tuer au point d’en devenir sa passion. Un jugement, que ce dernier lui confirma en lui exprimant explicitement son plaisir de tuer en une phrase simple mais sans la moindre ambiguïté Le changement d’arme surpris Juliette cependant… Avec le fusil elle n’aurait pas pu éviter les balles, mais avec une arme blanche… Bien entendu il fallait que l’assassin sache qu’elle ne pouvait pas agir sous sa forme éthérée et bien entendu, la gothique romantique ne se serait jamais risqué à reprendre forme humaine face à une arme à feu.

Le court propos de l’homme au regard avide de violence meurtrière, lui en appris toutefois un peu plus, sans que cela ne l’aide vraiment à y voir plus clair. Lui aussi avait été prévenu de sa présence et apparemment il la connaissais… Et de surcroît, il voulait la tuer maintenant… Insensé, tout ceci était insensé… Juliette devait cependant faire un choix : Rester sous sa forme éthérée et en sécurité, mais sans aucune chance d’apprendre quoi que ce soit, ou bien redevenir solide et tenter de lui soutirer des bribes d’informations en évitant son couteau… Le choix, si tant est qu’il y en eu véritablement un, fut vite fait et dans un souffle silencieux la jeune femme reprit sa forme humaine tout en conservant une distance certaine entre elle et l’assassin empressé d’ajouter une gothique romantique italienne à son tableau de chasse. Par sécurité et afin de ne pas se laisser piéger dans le pièce, Juliette était réapparu dans l’embrasure de la porte. Ainsi, si cet homme se précipitait sur elle cela lui permettrait de prendre un peu de recul avant de réagir. Afin de temporiser, l’italienne regarda l’assassin avec un sourire aimable et lui dit :

‘’Si tu sais qui je suis, alors il serait opportun que je sache à mon tour qui tu es… Et puisque je suis apparemment destiné à devenir ta prochaine victime, tu m’accorderas bien une dernière volonté n’est-ce pas.. ?’’

Juliette fixa son adversaire durant de longues secondes, toujours prête à s’évaporer au moindre mouvement un peu trop brusque de sa part, espérant bien jouer de son ego et de son apparente vanité concernant sa très douteuse activité criminelle afin de le faire parler. Finalement elle reprit la parole…

‘’Avant que je ne devienne ta quarante-cinquième victime, je voudrais savoir qui t’a prévenu de ma venue ici…. Et qui t’a demandé d’éliminer cet homme qui ne représente aucun danger.. ? Ce n’est qu’un humain sans le moindre pouvoir après tout… Et je pense que si vraiment tu avais voulu l’éliminer, tu aurais pu le faire bien avant mon arrivée… Alors dis-moi, que signifie tout cela en réalité.. ?’’

Tout en attendant des réponses de la part de l’assassin, Juliette se campa ferment sur ses jambes, prête à bondir en arrière tant que faire lui permettait sa volumineuse robes ténébreuse, afin d’accompagner un soudain élan de l’homme et son arme meurtrière dans sa direction, tout en les faisant devenir tous deux éther… Cela ne résoudrait pas le problème, mais au moins la gothique romantique aurait la maîtrise complète du personnage de cette façon.

Fière.. ? Elle.. ? Fière.. ? Mon dieu, soupira intérieurement la gothique romantique… Qui avait bien pu lui raconter une telle sottise…Elle savait posséder bien des défauts comme tout un chacun, mais la fierté n’en faisait assurément pas partie… Tout au plus, était-elle… Comment dire… Précieuse, oui… Mais être précieuse n’était pas un défaut, c’était tout simplement dans sa nature de gothique romantique. La femme qui avait dit cela à ce ‘’collectionneur’’ devait très certainement être une bien vilaine envieuse, c’était certain… Ce n’était pas donné à tous le monde d’être une gothique romantique aussi distinguée qu’elle pouvait l’être après tout

Tout en écoutant le tueur lui expliquer la manière dont il s’était retrouvé ici et comment il avait su pour la venue de Emma et elle, Juliette tentait de réorganiser ses pensées : premièrement, cette femme, cette téléporteuse visiblement, devait certainement avoir un rapport avec l’institut puisque personne d’autre ne savait pour leur mission. De fait, cela impliquait tous ceux affiliés à Lange & Manners et présent au conseil d’administration de l’institut, sans oublier ce plus que douteux co-directeur à qui elle ne tendrait même pas la main afin qu’il l’aide à traverser, de peur qu’il ne le jette en plein milieu de la route pour qu’elle se fasse écraser. Il y avait aussi, même si l’idée lui déplaisait fortement, un risque que Georgia se fasse manipuler psychiquement. Après tout, ils n’étaient pas toujours avec elle et il y avait cette télépathe, Eve Grafmayer qui fréquentait régulièrement l’institut… Mais pour ce qui était de la raison pour laquelle le prince blanc devait mourir… Etait-ce à cause du fait de la nomination non désirée de Jay, à ce rang.. ? Peut-être… Dans ce cas, il faudrait retrouver très rapidement la précédente princesse noire avant qu’elle ne subisse le même sort.

Quoi qu’il en soit, pour le moment la situation avait des impératifs plus pressants. Le regard rempli de convoitise que le collectionneur lui porta ne fut pas pour rassurer la gothique romantique, ni même le fait qu’il se débarrasse de son couteau en le jetant au sol avant de lui proposer une lutte au corps-à-corps. Même si l’idée de lutter avec ce tueur ne l’effrayait pas outre mesure après tout ce qu’elle avait pu affronter comme horreur, Juliette devait bien avouer qu’elle n’était pas dans les meilleurs conditions pour cela… Un assassin confirmé, pas de tenue de mission adapté à ce genre d’activité… De plus, c’était bien la première fois que l’un de ses adversaires désirait lutter à main nues et cela lui était assez déconcertant en vérité. Demeurant à une distance prudente de l’homme, l’italienne déclina son offre à sa manière…

‘’Je suis navrée, mais j’ai bien peur de ne pas être habillé pour ce genre de chose et j’apprécierais de ne pas avoir à déchirer ma robe.. C’est qu’elle m’a couté assez chère, vous devez bien vous en douter… Et puis vous venez de le dire vous-même, ce n’est pas moi votre cible et je crains fort de dépareiller votre précieuse collection, vraiment…’’

Lui répondit alors la gothique romantique, en désignant sa robe vaporeusement ténébreuse d’un geste bref de la main. Voilà pour ce qui en était de son offre. Maintenant, il fallait avancer d’une manière ou d’une autre. Sur le plan de la force et de l’acharnement, le collectionneur avait indéniablement l’avantage… De fait, Juliette se dit alors qu’elle devait faire travailler un muscle que le tueur ne semblait pas avoir fréquemment exercé… Son cerveau !

‘’Et si… On passait un accord.. ? Nous sommes tous les deux venus chercher quelque chose ici et je ne vois aucune raison que nous ne puissions pas repartir chacun de notre côté avec ce que nous sommes venu chercher, n’est-ce pas.. ?’’

Commença-t-elle à dire au collectionneur, espérant que sa folie lui laisse toutefois la possibilité d’exercer un certain raisonnement logique au sein de son esprit sans le moindre doute complètement tordu. Adoptant une posture plus amicale, sans pour autant se rapprocher de son adversaire, Juliette ajouta :

‘’vous voulez tuer cet homme et moi je désire les informations qu’il a en sa possession… Je vous propose de me laisser les récupérer et, ensuite, je vous promets que la jeune fille qui m’accompagne et moi-même, ne nous interposerons plus entre vous et la nouvelle pièce de votre collection… Qu’en dites-vous.. ? C’est une proposition très honnête, vous ne pensez pas.. ?’’

La gothique romantique pensait réellement lui avoir fait une proposition extrêmement honnête, et elle tenait toujours ses engagements… Bien entendu, si par le plus grand des hasards un évènement impromptu arrivait et que le tueur ne puisse pas obtenir ce qu’il était venu chercher, elle ne pourrait en être personnellement tenu pour responsable…

Parfois, la gothique romantique trouvait son pouvoirs vraiment formidable… A première vue il ne payait pas vraiment de mine comparé à d’autre bien plus démonstratif en terme d’action, mais lorsque l’on y songeait bien sa capacité à devenir éther et à pouvoir emporter n’importe qui et quasiment n’importe quoi, se révélait bien utile pour neutraliser ses adversaires… Dommage, qu’elle ne pouvait pas brumiser les gens et les choses, sans s’inclure dans le lot… Mais qui sait, peut-être qu’un jour… Après tout, son pouvoir avait déjà subi une évolution en lui permettant de créer de la brume, alors pourquoi pas une troisième évolution.. ?

L’idée était séduisante et offrait bien des perspectives, mais pour le moment l’italienne traînait légèrement la jambe en dépit du fait de s’être débarrassé de son escarpin restant, devenue alors plus handicapant qu’autre chose pour ses déplacements. Le fait d’avoir réussi à se débarrasser du collectionneur lui avait coûté, outre une magnifique paire d’escarpins, une chute qui aurait pu lui coûter très cher sans sa capacité mutante. Heureusement, ce n’était pas là sa première expérience en la matière et, bien que le souvenir lui en était encore cuisant en dépit des années passés, Juliette en avait bien retenu la leçon : Pas plus de quelques instants sur un toit, lorsque l’on portait des talons aiguilles effilées. Si la chute avait pu être évité, sa cheville subit tout de même un violent contrecoup qui l’obligeait à supporter une douleur certaine à chacun de ses pas. C’est donc légèrement claudicante, que la gothique romantique rejoignit le hall d’entrée de l’hôtel particulier, le fusil de sniper du collectionneur en main. Durant son trajet, Juliette avait vérifié l’arme en question afin de s’assurer qu’elle pourrait s’en servir immédiatement, si le besoin s’en faisant sentir. Si jamais le collectionneur arrivait à descendre du toit, elle doutait fortement qu’un professionnel tel que lui se laisse surprendre une seconde fois par le même tour de passe-passe.

En descendant le grand escaliers, Juliette s’interrogea à propos du bruit lourd qui résonna à ses oreilles. Bien qu’elle ne pouvait imaginer que son agresseur soit assez stupide pour tenter de quitter le toit par ses propres moyens, l’idée que ce bruit d’une masse s’écrasant au dehors soit celui de son corps ne pu s’empêcher de surgir dans son esprit. Se pouvait-il, que cet homme eu été à ce point possédé par le désir de gagner à tout prix.. ? Une fois de retour sur le perron, elle vit sa crainte se réaliser en apercevant le corps démembré et affreusement abîmé par sa longue chute, du collectionneur. Stupide, pensa alors la gothique romantique, tandis que son regard était soudain attiré par la scène qui se déroulait sous ses yeux de glace… Elle avait laissé Emma pour protéger le prince blanc, et voilà que celle-ci avait trouvé le moyen de se retrouver à, apparemment, combattre d’autres adversaires qui paraissaient en vouloir eux aussi au malheureux prince de pacotille qui avait visiblement bien plus d’importance que ce que Juliette avait tout d’abord supposée.

Un prince, qui d’ailleurs était à terre et recroquevillé sur lui-même, tenant contre sa poitrine ce que Juliette reconnut immédiatement comme étant un moignon ensanglanté… La encore, ce n’était pas la première fois qu’elle voyait ce genre de chose. Même si les deux hommes qui s’étaient élancé à la poursuite du prince blanc ne l’avaient certainement pas fait pour le secourir, il sembla évident à la gothique romantique que le responsable de cette cruelle blessure était cette femme flottant dans les airs, avec un sabre à la main. Un rapide coup d’œil en direction de Emma révéla à Juliette que cette dernière se complaisait apparemment à rester installé sur un corps inerte, oubliant par-là même sa mission première : protéger à tous prix le prince blanc. Lorsque la mutante armé de son sabre leva à nouveau ce dernier pour frapper une nouvelle fois le malheureux amputé, Juliette pointa instinctivement le fusil dans la direction de celle-ci et tira sans la moindre hésitation, ne visant aucun endroit du corps en particulier si ce n’était peut-être la poitrine qui était la cible la plus évidente de par ses dimensions.

Tout de suite après avoir fait feu, Juliette s’écria à l’encontre de Emma :

‘’Rejoins-moi vite, on s’en va !’’

Si la jeune fille lui obéissait, alors elle attendrait qu’elle soit plus ou moins à porté raisonnable de son pouvoir avant de les emporter, elle et le prince blessé, afin de les mettre en sécurité dans son domaine éthéré et de prendre la fuite par le première bouche d’égout venu, pour que leurs adversaires ne puissent pas les poursuivre.

Comme elle s’y attendait, Juliette n’avait pas atteint la mutante qui planait dans les airs. Il fallait bien avouer que même si elle avait déjà utilisé bien des armes à feu dans le passé, c’était tout de même la première fois qu’elle avait entre les mains une telle arme de professionnel du tir et elle compris immédiatement qu’une telle arme de précision ne s’utilisait pas aussi aisément qu’une arme adapté au grand public. Néanmoins, elle avait suffisamment su s’en servir pour éloigner la mutante meurtrière qui s’apprêtait à faire rouler au sol la tête du pseudo aristocrate désormais bien incapable de réagir. Dans une pensée fugace, la gothique romantique se dit que si c’était ça les princes et les princesses aux nuances opposés, alors ils ne devaient vraiment pas représenter un très grand danger. D’ailleurs, elle se demanda aussi, de façon toute aussi éphémère, pourquoi avoir choisi un non mutant… Des non mutants.. ? pour ces rôles de suppléants, si leurs aînés, eux, étaient dotés de pouvoirs.

Mais la situation n’était pas à ce genre de considération, et rapidement Juliette pointa successivement le canon de son arme sur les deux autres mutants qui avaient soudainement stoppé leur course en direction du dit prince blanc. Il semblait que la présence du fusil entre les mains de la gothique romantique les faisaient sérieusement réfléchir, ce qui tendait donc à prouver que contrairement au collectionneur, ils ne considéraient nullement la mort comme une voie envisageable. Ce léger et bref flottement aurait pu permettre à Emma de la rejoindre sans faire d’histoire, mais celle-ci se cru dans l’obligation de jouer les braves en sortant une réplique, certes courageuse, mais totalement stupide… C’était avec ce genre d’acte aussi dangereux que parfaitement inutile, que certains des anciens pensionnaires de l’institut avaient trouvé le chemin du royaume des morts.

Heureusement, le pyrokinésiste sur qui elle se précipita afin de l’écraser de tout son poids métallique se trouvait dans le périmètre du champ d’action de la gothique romantique, ce qui permis à celle-ci de mettre à exécution son plan de retrait sécurisé. Même si cela aurait certainement déplu à Emma de se l’entendre dire, la jeune fille se trouvait sous sa responsabilité et Juliette ne pouvait donc s’autoriser le genre de folie légèrement suicidaire, dont elle avait été bien souvent coutumière en mission dans le passé. En l’espace d’une pensée, la gothique romantique entraîna le prince blanc mortellement blessé, ainsi que Emma et son prisonnier, dans son univers éthéré avant de glisser avec une assurance absolument insolente pour une brume, fut-elle empourprée, en direction de la bouche d’égout la plus proche.

Durant un temps indéterminée ils flottèrent dans les sombres tunnels souterrains, passant d’un couloir à un autre, d’une section à une autre… Grâce aux plaques des rues indiquant l’endroit de Paris correspondant en surface, Juliette parvint à se repérer tant bien que mal en dépit de sa méconnaissance totale des égouts qui, il fallait bien l’avouer, n’était pas vraiment son domaine de prédilection. Certaines des rues indiquée sur les murs gris et humides n’existait plus ou bien n’étaient pas vraiment familière à l’italienne, qui décida de poursuivre son chemin jusqu’à ce que, enfin, elle tombe sur un nom de rue qui leur assurerait une sécurité totale. La brume animée de vie se dirigea en direction d’une ouverture donnant sur le caniveau d’une rue heureusement paisible et, une fois à l’air libre, elle se dirigea en silence en direction d’un parc tout proche afin de pouvoir faire réapparaître ses passagers en toute quiétude et loin du regard d’éventuels curieux. Une fois cela fait, la situation ne se révéla pourtant pas idyllique pour autant. Si Emma, légèrement désorienté comme il seyait à ce genre de première fois et le pyrokinésiste qui paraissait avoir plus de difficulté à revenir à la réalité allaient assez bien en dépit d’une position entravée assurément inconfortable pour lui, le prince blanc en revanche avait presque immédiatement sombré dans une inquiétante inconscience.

Pour la gothique romantique, cela ne pouvait pas se passer ainsi, elles ne pouvaient pas sortir de tout cela sans avoir obtenu la moindre information utile en retour… Même s’il s’agissait d’un assassin, il y avait tout de même eu une mort et, peut-être bien une seconde, si le prince blanc ne se faisait pas rapidement soigné. Tandis qu’elle arrachait un morceau de la chemise du prince en question afin d’envelopper son moignon en une tentative désespérée de limiter les dégâts, Juliette dirigea son regard de glace en direction du prisonnier de Emma et lui dit :

‘’Si tu refuse de répondre à nos questions ou si je sens que tu nous mens, je te transforme en brume une nouvelle fois et tu erreras au hasard des vents jusqu’à la fin de tes jours en ayant toujours conscience d’être toi-même, alors ne joue pas les héros et dis-nous toute la vérité… Pourquoi avez-vous voulu tuer le prince blanc, il ne représente aucune menace sérieuse…’’

Bien entendu, la gothique romantique avait outrageusement mentit, jamais elle ne pourrais mettre sa menace à exécution… Mais le mutant écrasé par Emma ne le savait pas et sa réaction face à l’arme feu laissait à penser qu’il n’était pas du genre à mourir si jamais il y avait une autre possibilité envisageable. De fait, l’intimidation restait une arme assez redoutable dans le cas présent. A propos du fusil justement, Juliette le nettoya afin d’effacer ses empreintes et le rejeta sur le côté, avant de reporter son attention sur le prince au bois dormant et de le fouiller avec attention et, avec l’espoir secret de découvrir quelque chose d’intéressant comme par exemple le nom de son avocat afin de savoir ou chercher ce fameux dossier qui constituerait pour eux une précieuse mine d’information sur leurs mystérieux adversaires royaux. Toutes à sa fouille corporelle, la gothique romantique dit en une pensée prononcée :

‘’Il va falloir l’emmener à l’hôpital si on veux avoir une chance de le sauver…’’