[Mission Institut] Sarcelles Breakdance

Quelques heures après le briefing, Maiffa, Brieuc et Ken s'étaient vus remettre une enveloppe des mains de Georgia contenant des documents relatifs à la mission de récupération de l'empathe.

Il y avait tout d'abord la lettre de mission du co-directeur.

Madame la co-directrice,

Je vous informe par la présence de l'existence d'un jeune empathe aux dons tout à fait surprenant qu'il serait intéressant de faire venir à l'Institut Xavier.

En effet, Fabrice Bouffin, 17 ans et résidant avec ses parents dans la localité de Sarcelles en région parisienne, vit plutôt mal le développement de ses talents. Son absence de repères, son désœuvrement alliés à son extraordinaire potentiel font de lui une cible de choix pour la police mutante française.

A ce titre, il a déjà été condamné à plusieurs reprises par les juridictions pénales françaises pour vol, violences, conduite sans permis, usage et détention de stupéfiants... Pour l'heure, il n'a pas encore été identifié en tant que mutants par les autorités françaises mais cela ne saurait tarder.

Par conséquent, je vous remercie de dépêcher une escouade sur place pour convaincre par tous moyens ce jeune homme d'intégrer les rangs de l'Institut Xavier.

Cordialement,

M. le Co-directeur de l'Institut Xavier

Au dossier se trouvaient également un cliché photographique du jeune homme, deux billets d'avion aux noms de Brieuc et de Maiffa, des tickets de métro parisien, de la monnaie locale, un plan de Sarcelles et de comment s'y rendre depuis l'aéroport, l'adresse exacte de Bouffin, ainsi qu'un bon de transport pour Ken !

En effet, le seul avion qui pouvait s'assurer du transport du golem de ciment était un transport de marchandise. Ken y voyagerait en tant que "Statue en ciment du 20ème siècle". Bref, ça n'enchantait pas plus que ça le golem mais il n'y avait guère d'autre choix...


Maiffa et Brieuc voyagèrent, en revanche, sur le même vol que Juliette et Emma qui se rendaient également en France pour en savoir plus sur le mystère "Paul Barrès".




Le vol se déroula sans incident et les deux jeunes mutants franchirent les douanes (Maiffa déclencha quand même de drôles de trogne chez les douaniers français !).


Ils récupérèrent Ken à un garde meuble où il avait été livré quelques heures auparavant.

"Pas trop tôt" lâcha le Golem avant que le trio se dirige vers le métro. Direction Sarcelles !


La drôle d'équipée se retrouva finalement devant le lotissement où était censé vivre Fabrice Bouffin. C'était plutôt sinistre.

Devant eux, ils pouvaient distinguer une bande de jeunes en train de faire rugir des mini-motos et de fumer des cigarettes.

Dans l'avion, Brieuc avait tourné et retourné la lettre du co-directeur essayant d'y découvrir des informations cachées, des données supplémentaires qu'il pourrait exploiter. En effet, le document lui semblait un peu sec et, à vrai dire, un peu léger et manquant nettement de précisions. Rien n'était dit sur les ambitions du nommé Fabrice Bouffin qui était surtout présenté comme un jeune délinquant. Ils devaient tout mettre en œuvre pour le convaincre de les suivre jusqu'à New-York mais que faire, si le Français avait d'autres objectifs ? S'il se complaisait dans son statu de petit dur local.

Brieuc préférait voir un adolescent privé de repères et déboussolé par sa mutation plutôt qu'un mini-caïd de banlieue qui allait utiliser ses pouvoirs pour asseoir son autorité sur d'autres apprenties terreurs.

Les formalités de douanes se passèrent rapidement, en dépit du succès certain que Maiffa eut avec les autorités locales et, une fois Ken récupéré, les trois jeunes se mirent en route pour Sarcelles.

Bien que Français, Brieuc n'avait jamais mis les pieds dans cette banlieue parisienne, préférant définitivement le calme et l'oxygène de la campagne bretonne à la pollution et la violence qui assombrissaient ces grandes villes.

L'apparence du quartier confirmait les pires pressentiments de Brieuc. Dieu comme ces immeubles et leur environnement étaient glauques. Comment faisaient les gens pour vivre là-dedans ? Le mini terrain vague qui leur faisait face abritait son contingent de jeunes désœuvrés, passant leurs journées à fumer ou boire.

Le Breton hésita un court instant sur la démarche à suivre. Allaient-ils se présenter directement à l'adresse de Fabrice ou valait-il mieux engager la conversation avec les jeunes présents ? Le CV de l'empathe indiquait qu'il devait avoir partie prenante avec des gens peu fréquentable, donc qu'il devait être connu par la jeunesse locale.

Laissant Maiffa et Ken un peu en retrait, Brieuc s'avança tranquillement vers le groupe de jeunes, affichant une décontraction apparente, et s'adressa à eux en Français.

"Salut les mecs. Je cherche un certain Fabrice Bouffin. Vous savez où j'peux l'trouver ?"

Ken opina du chef aux paroles de Maiffa. Suivre le leader, ça, ça lui convenait parfaitement...

Et tandis que le golem de ciment s'approchait d'un pas nonchalant de Brieuc qui avait déjà rejoint le groupe de 4 jeunes, il se prit une canette de bière en pleine trogne. Un petit loulou lui avait balancé ça et il s'esclaffait. Visiblement, le mutant ne semblait pas vraiment lui faire peur. Ou alors il était complétement idiot. Tout comme ses collègues.

Les trois autres encerclèrent Brieuc, l'air mauvais. L'un d'eux, un gros noir à l'allure patibulaire lança au breton :

"Hey, boucle d'or tu veux pas être ma gonzesse ? J'connais une super cave pour t'y faire tourner... Quant à l'aut' bouffon, si je le revois je l'attrape et je lui casse les pattes arrières !"

Le reste des jeunes firent des signes d'acquiescement. Fabrice Bouffin n'était pas de leur bande. Le noir précisa, par ailleurs, en postillonnant au visage de Brieuc :

"Punaise, le bouffon, il m'a vendu un truc qu'il appelait de la super herbe. Quand j'en ai méfu j'ai plané comme jamais ! Bordel ! Et quand il s'est barré, ça m'a plus rien fait. C'est un escroc ce type ! Alors j'espère qu'il va se faire planter avant que les autres bouffons des beaux quartiers puissent lui acheter sa cochonnerie de came qui marche même pas..."

Il avait une haleine fortement alcoolisée et un discours hésitant. Mais une chose était sure : il détestait Fabrice.

Espérant que Ken ne réagisse pas trop vite à la provocation de l'inconscient, Brieuc tenta de calmer le jeu, levant une main apaisante en direction de Ken.

"Reste calme, Ken, s'il te plait…", lui dit-il rapidement en Anglais.

Puis revenant vers le lanceur de canette, le Breton revint à la langue française, l'avertissant d'une voix douce, trop douce peut-être.

"A ta place, je ne jouerais pas à ça. Mon pote est sympa, mais y'a des limites…"

Les affaires semblaient plutôt mal engagées avec ce gang d'apprenties terreurs. Il est vrai que la tenue vestimentaire de Brieuc indiquait assez bien qu'il n'était pas originaire du coin mais viendrait plutôt des beaux quartiers.

Mais au moins, indirectement, ils avaient obtenu quelques informations. D'une, Fabrice Bouffin ne devait plus traîner dans le quartier sinon son sort aurait déjà été réglé. Mais ce devait encore être confirmé par un passage par l'endroit où il vivait car l'intelligence ne semblait pas être la qualité principale de cette petite bande. Leur cible aurait pu se trouver sous leurs yeux sans qu'elle la voie…

De deux, Brieuc avait eu confirmation de l'état de mutant de leur objectif. Les symptômes décrits correspondaient tout à fait aux effets qu'un empathe pouvait causer sur son entourage.

Impassible en apparence, Brieuc ne laissait paraître aucune peur, regardant dans les yeux celui qui se positionnait en tant que chef de cette petite bande.

"Justement, ton bouffon, j'voudrais bien lui dire deux-trois mots, moi-aussi. Tu sais pas où il crèche en temps normal ? J'veux dire quand il s'planque pas pour t'éviter…"

Gardant une attitude neutre, ni craintive, ni provoquante, Brieuc faisait face au noir devant lui, tout en observant du coin de l'œil ses deux acolytes. Prudent néanmoins, il se préparait à esquiver le premier geste hostile qu'il percevrait pour mieux riposter ensuite. S'étant déjà fait surprendre une fois lors de sa mission précédente, il entendait ne pas faire deux fois la même erreur.

Malgré tout, l'adolescent préférait éviter de déclencher une bagarre, non pas qu'il eut un doute sur le résultat final – avec Maiffa et Ken à ses côtés, les loubards ne pèseraient pas lourds – mais un pugilat risquait d'attirer l'attention de la DNSMH, cette espèce de police mutante qui ne s'affichait pas comme telle, et Brieuc était loin d'avoir confiance en l'objectivité de cette dernière envers ses camarades hybrides en cas de problème.

Donc, si la situation pouvait se régler en douceur, ce ne serait que mieux pour tout le monde.

Le noir parut se calmer. Il croisa les bras et lança en rigolant :

"Bordel, boucle d'or t'as vraiment pas peur de sortir des beaux quartiers toi ! P'tit bouffon va..."

Les autres parurent acquiescer. Le noir poursuivit :

"L'aut' Bouffon, il crèche chez sa reums, au 17, troisième étage"


De manière tout à fait étonnante, les jeunes laissèrent passer Brieuc et ses amis sans rien ajouter. Visiblement, ils n'étaient pas si hostiles que ça... Le trio mutant put donc pénétrer dans le hall (défoncé) de l'immeuble en question (crade comme pas possible) puis prendre l'escalier (l'ascenseur étant en panne et Ken ne pouvant de toutes manières pas l'emprunter). Là, ils se retrouvèrent devant la porte de chez Madame Bouffin...

Ils entendirent une drôle de conversation.

"M'man t'es relou ! File moi tes herbes de Provence ! Allez fait pas ta relou !" lança un garçon visiblement très énervé à travers la porte.

Une voix féminine lui répondit :

"Mon p'tit... Tu sais ce que le juge t'as dit ? Vendre du persil en le faisant passer pour de la drogue, ça reste quand même une tentative de trafic de stupéfiants... J'veux pas que tu ailles en taule... Tu ferais mieux d'aller à cette école aux États-Unis... Je t'ai gardé le courrier..."

A ce moment là, Brieuc et les autres entendirent des bruits de pas dans l'escalier. Plusieurs personnes (dont une qui marchait avec des talons hauts) étaient en train de grimper les marches 4 à 4...

Souriant ironiquement sans répondre à la nouvelle provocation – quelle idée de l'appeler "boucles d'or", comme s'il avait les cheveux frisés… – Brieuc poursuivit son chemin, direction l'immeuble sordide dans lequel vivait la famille Bouffin.

Suivi par ses deux camarades, il gravit rapidement les marches de l'escalier, atteignant le 3ème étage. L'intérieur de l'immeuble était à l'image de l'extérieur, sale et délabré, offrant une bien triste image des banlieues françaises.

S'apprêtant à frapper à la porte, Brieuc s'immobilisa, entendant malgré lui une conversation assez animée. Le dialogue semblait confirmer qu'ils étaient bien à la bonne adresse et assistaient involontairement à une énième altercation entre Fabrice, leur objectif, et sa mère.

A ce moment, Brieuc se tourna rapidement, percevant le bruit d'une course dans l'escalier et ces pas pressés se dirigeaient droit vers eux. Aussitôt, échaudé par la mission de récupération précédente, l'adolescent pensa à l'arrivée d'une équipe de l'Académie du Massachussetts. Ils ne pouvaient pas les laisser tranquille ceux-là. En tout cas, si Diana était avec eux, sa propre équipe ne pèserait pas lourd.

Rapidement, il transmit ses inquiétudes à Maiffa et à Ken, ne sachant pas trop quoi faire face à cette menace. L'idéal serait de les ralentir un peu tout en évitant d'engager les hostilités gratuitement.

"Merde, c'est qui ceux qui arrivent ? J'espère que c'est pas les autres tocards de l'Académie. Comme si on avait besoin de ça… Essayez de les retenir un peu, mais en douceur..."

Puis, faisant aussitôt face à la porte, Brieuc frappa trois coups secs à la porte – la sonnette devait être en panne dans un tel immeuble – et attendit qu'on lui ouvre, s'apprêtant à se présenter comme envoyé par l'Institut Xavier.

Tandis que Brieuc tambourinait à la porte des Bouffin, Ken sourit à Maiffa et lança de sa voix étonnamment douce :

"Pas de souci... C'est comme si c'était fait"

Et il la laissa lui grimper dessus. Puis, arrivée au niveau des épaules du golem de ciment, la jeune féline put s'accrocher au faux-plafond de l'immeuble. C'était une position précaire mais au moins elle avait le mérite (le temps que tiendrait ce même faux plafond sous le poids de Maiffa) de lui offrir l'avantage de la surprise...

A ce moment, une dame ouvrit à Brieuc et voyant, en plus de Brieuc, Ken tomba instantanément dans les vaps.

Fabrice Bouffin que Brieuc reconnut sans peine se précipita pour voir ce que fichait sa vieille.

"Oh la vioque t'es crevée ?" lança-t-il en la voyant au sol. Puis se rendant compte de la présence de Brieuc et Ken ajouta :

"Punaise, ce bâtard de Mouss m'a envoyée l'armée des clowns. J'me taille les keums !"

Et il joignit le geste à la parole en se ruant au fond de son appartement...

Pendant ce temps là, il y avait du grabuge aux étages inférieurs. Comme quelqu'un qui se cassait la gueule.

"Manuel, aide moi !" brailla une voix féminine déjà connue de Brieuc. En plus de cette voix, il y avait des rires gras et des propos graveleux. Bref, une jeune femme était en détresse un bon étage plus bas...

... pourtant cela n'empêcha pas son accompagnateur d'arriver dans le couloir, tout essoufflé mais bien content d'avoir échappé à la faune locale.


Voyant Ken et Brieuc, il marmonna, un poil inquiet :

"Non, ça va pas recommencer ?"

Pendant que Maiffa s'aidait de Ken pour s'envoyer en l'air, Brieuc attendait devant la porte, un peu fébrile quand même suite à la cavalcade dans l'escalier, pressé d'entrer dans l'appartement pour pouvoir expliquer l'objet de sa visite.

Mme Bouffin, mère, lui ouvrit mais ne résista pas au choc émotionnel que lui procura la vue du golem de ciment. Devant un Brieuc incrédule, elle tourna de l'œil et s'effondra à ses pieds. A ce moment, Fabrice apparut et, se méprenant sur les intentions de l'adolescent, repartit aussitôt, essayant de s'enfuir.

Merde, mais ils avaient quoi, à vouloir toujours se barrer lorsqu'on venait les chercher ? Ne voulant pas perdre le contact avec sa "cible", le Breton tenta de le retenir de la voix.

"Fabrice, attends… Faut que j'te parle. Qui c'est ce Mouss dont tu causes ?"

Au moment où Brieuc allait se précipiter à la suite du fils Bouffin, la voix inquiète de Diana se fit entendre, appelant à l'aide son équipier Manuel qui n'en avait cure. Ainsi, les inquiétudes étaient bien avérées, l'Académie du Massachussetts était bien encore sur le coup. Ca commençait à faire beaucoup de coïncidences tout ça, entre l'affaire "Charlie" et celle-là.

Que les deux écoles se retrouvent en concurrence pour aller chercher un élève, passe encore. Mais là, ça faisait beaucoup. Qui pouvait bien tirer les ficelles et tout ça et les manipuler comme ça ? Le peu que Brieuc savait de Diana l'incitait à penser que la jeune femme tirerait les mêmes conclusions que lui et n'apprécierait pas forcément de n'être qu'un pion.

Entendant Manuel exprimer sa surprise et son inquiétude à se voir encore une fois opposé à l'Institut, Brieuc prit vite sa décision. Avant de penser à aider Diana à se sortir de ce mauvais pas, il fallait s'occuper de rattraper Fabrice.
Il serait bien temps plus tard de discuter. Si Diana était aussi intelligente que le Breton le supposait, un arrangement serait toujours possible. Certes, il ne faudrait pas lui faire une confiance aveugle mais ponctuellement, cela restait du domaine de l'envisageable.

"Ralentissez les, j'm'occupe de Fabrice…"

Avec Maiffa en embuscade, Manuel ne devrait pas peser lourd mais attention au coup fourré de leurs adversaires. Face à deux mentalistes, rien n'était gagné d'avance. Laissant ses camarades gérer la situation avec ceux de l'Académie, Brieuc se lança à la poursuite de Fabrice, continuant à l'appeler pour le rassurer sur ses intentions. Si le Breton pouvait le convaincre rapidement, le pouvoir de l'empathe ferait sûrement pencher la balance en leur faveur.

"Merde, Fabrice, faut juste qu'on cause. Te barre pas, j'te veux aucun mal…"

A priori, perché au troisième étage d'un immeuble, il y avait peu de chance qu'il puisse s'enfuir par la fenêtre. Mais on ne savait jamais, malin comme semblait l'être le garçon, il devait avoir prévu un chemin de repli, escalier de secours ou gouttière, pour filer se cacher.

A la limite, Brieuc préférait une fuite loin de cet appartement, espérant réussir à suivre Fabrice et appliquer la méthode qui leur avait déjà réussi avec Charlie. Et si Bada et Shoji se mettaient à nouveau en travers de son chemin, cette fois il frapperait le premier. Georgia était loin et le Breton n'avait nullement envie de reprendre l'avion avec le nez cassé…

Et ben... Elle a beaucoup vu d'hybride celle là pour s'effondrer comme ça. Elle retient son soupir de déception histoire de ne pas se faire repérer et tout arriva très vite : la cible commença à s'échapper pendant que le premier mec qui étaient leur ennemie commença à arriver en abandonnant son équipière aux mains... voir plus... aux voyous du coin. Là... elle sentit un noyau de colère germer dans son coeur. Son poil s'irisa quand le mec arriva devant eux. Maiffa se ramassa pour se propulser dans le dos du dénommé Manuel dans le but de le faire tomber puis de l'assommer en lui donnant un coup de poing à la base de la nuque.

"Ken ! Va aider la fille en bas. Et prend ce paillasson avec toi pour leur balancer sur la gueule pendant qu'on y est !"

[HRP : Paroles surement à striker si Maiffa ne réussit pas son action.]

Brieuc s'engagea dans l'appartement à la poursuite de Fabrice. Ce dernier avait perdu de précieuses secondes pour se saisir d'un sac de sport qu'il avait mis en bandoulière. Ce qui permit à Brieuc d'arriver au niveau de l'empathe alors que celui-ci était en train d'ouvrir la fenêtre. Il était sur le point de l'enjamber quand il se retrouva à nouveau nez à nez avec le breton. Fabrice bafouilla :

"C'est un malentendu, mon frère. C'est un malentendu, j'ai pas vendu la bonne dope à Mouss. Je t'assure. Je te le jure sur la tête de ma vioque. Et si t'avances..."

Il regarda en bas. Trois étages plus bas. Et devint blême.

"Euh, si t'avances je vais devoir utiliser mon pouvoir. Ouais. Je vais te fumer avec mon pouvoir !"

Vu comme Fabrice tremblait, la menace fleurait bon le bluff. Finalement, il se calma et ajouta, un peu incrédule :

"Attends, tu m'as dit que tu sais pas qui c'est ce bouffon de Mouss ? Alors, t'es qui ? Tu veux de la dope c'est ça ? J'en ai de la super bonne dans ce sac. Je peux te la vendre, si tu veux... Mais plus tard, là je suis un peu claqué, OK ? Pis c'est pas bon de fumer des oinj' trop tôt dans la journée..."

Il avait dit ça en s'éloignant de la fenêtre. Le petit commerce ne s'arrêtait donc jamais... Pourtant la phrase sur les joints était un peu paradoxal compte tenu du fait qu'une cigarette conique était en train de se consumer dans l'un des cendriers de la pièce...


La féline Maiffa bondit sur la tronche de Manuel qui eut tout juste le temps de se maudire d'avoir mis les pattes en ces terres françaises. Le choc fut rude et le membre de l'Académie fut assommé aussi sec.

Ken ne demande pas son reste pour saisir délicatement le corps inconscient de Manuel et le jeter moins délicatement dans l'escalier.

Diana l'évita de justesse. Elle marchait pieds nus, juste quelques volées de marche en dessous de Maiffa et Ken.


Elle regarda droit dans les yeux Maiffa et Ken.

"Bon les amis, je suis pas d'humeur. Je viens ici, dans ce pays pourri, pour aller chercher un mutant. On m'y envoie avec ce crétin de Manuel. Je me boite dans les escaliers !"

Elle agitait ses talons hauts, cassés, qu'elle tenait bien en évidence dans sa main.

"Des jeunes me cherchent des noises. Je suis obligée de les maîtriser avec mon pouvoir. Et maintenant, je tombe sur vous... Alors, c'est quoi ce délire ? Vous avez tellement peu de recrue à récupérer que vous êtes obligés à CHAQUE FOIS de marcher sur nos plates-bandes ?"

Énervée mais pas spécialement hostile, Diana semblait surtout attendre une réponse.

Amusé, Brieuc regardait le manège de Fabrice. Les dénégations et les excuses vaseuses sentaient à plein nez l'apprenti voyou de banlieue. Toujours à baratiner pour embrouiller son interlocuteur, mais l'esprit toujours alerte pour essayer de se sortir, à son avantage, d'une situation compromise.

Se voulant rassurant, le jeune Breton eut un petit sourire en confortant son vis-à-vis mais, prudent, malgré tout, porta machinalement la main à son oreille pour enclencher, d'un geste discret, son communicateur, histoire que ses camarades restés sur le palier puissent suivre sa conversation.

"T'as raison, j'ai rien à voir avec ton Mouss. Enfin, j'suppose que c'est le gros black que j'ai croisé en bas et qu'a voulu me la jouer à l'intimidation…"

Tout en parlant, Brieuc se déplaça, suivant les mouvements de Fabrice et veillant à rester entre lui et la porte de chambre.

"Mais, bon, j'étais avec mon copain Ken. Celui qu't'as aperçu à côté de moi sur le palier. J'crois d'ailleurs qu'il a un style qui plait pas trop à ta mère… Enfin bref. Ton pote Mouss n'a pas eu trop envie de nous chercher des noises et il nous a laissé passer…"

Secouant la tête, Brieuc signifia qu'il n'était pas intéressé par le commerce de joints. Son regard se fixa un court instant sur le mégot fumant qui reposait dans un cendrier, pour aller balayer la pièce, cherchant à voir si quelqu'un d'autre ne se dissimulait pas dans un coin.

"C'est bien toi, Fabrice Bouffin ? T'as parlé de pouvoir tout à l'heure. Tu sais faire quoi au juste ? T'inquiète, j'ai pas l'âge d'être dans la Police. Tu risques rien avec moi… A oui, c'est vrai. J'm'appelle Brieuc et j'suis dans une école qui aide justement ceux qu'on des pouvoirs. C'est mon directeur qui m'a envoyé pour te voir et te faire un topo dessus.

Tendant l'oreille vers ce qu'il se passait sur le palier, l'adolescent espérait que ses camarades arrivent à gérer le "cas Diana" pour lui laisser assez de temps pour faire son petit exposé à Fabrice.

Avec une grimace comique, Brieuc poursuivit.

"Mais t'en fais pas. Y'a aucune obligation avec mon truc. Si c'que j'te dis te convient pas, j'me casse et j'te fous la paix. Parlons peu mais parlons bien. J'ai entendu ta mère parler du courrier d'une école aux Etats-Unis. C'est quoi cette école dont elle parlait ? Et c'est quoi le pouvoir que tu me parlais aussi ?"

Il restait à espérer que ce fut l'Institut Xavier qui se soit fait connaître le premier, et pas l'Académie du Massachussetts, sinon la négociation avec Diana risquait d'être encore plus houleuse. La "Reine Blanche" de l'Institut était sûrement moins terrifiante que celle de l'Académie mais Brieuc tenait quand même à voir sa mission couronnée de succès. Pas par peur en cas d'un éventuel échec, mais par fierté personnelle et pour prouver, une nouvelle fois, à Georgia qu'il faudrait également compter sur lui pour des actions plus prestigieuses.

Fabrice parut se calmer.

"Ouais c'est un gros bouffon. Un gros gros bouffon !"

Il se tapa sur le ventre pour montrer à quel point il n'avait pas peur de Mouss. Alors que l'instant d'avant, il était prêt à se jeter dans le vide...

En revanche, il parut se renfrogner quand Brieuc expliqua la raison de sa visite.

"C'est quoi ce délire ? T'es du bahut qui se trouve dans le Mazachaussettes ? Ouah, t'sais à qui t'as affaire ? J'suis pas un bouffon qui va à l'école. C'est pour les nains et les bouffons, l'école. Moi j'vais à la grande école de la vie..."

Fabrice semblait néanmoins un petit peu curieux.

"Bah mon pouvoir, c'est que j'suis un peu un magicien. Un magicien qu'a la méga classe. Si j'veux que tu me trouves super canon limite bombe sexuelle, ben tu voudras tremper ton biscuit dans moi. Mais euh... Moi j'aime que les meufs. D'ailleurs mon pouvoir ça sert à pécho les meufs et à vendre de la came qu'en est même pas !"

Visiblement, Bouffin était quelque part assez loin dans le côté obscur de la force...


A l'extérieur de l'appartement de Fabrice, Ken observait la maman de ce dernier toujours dans les vaps.

"Ma co-directrice nous a dit qu'elle avait envoyé un courrier. Et elle nous a dépêché sur place pour récupérer Bouffin. Mais je trouve ça effectivement très étrange comme coïncidence"

Diana jeta un regard en arrière, vers l'endroit où Manuel était tombé, puis, l'ignorant, passa devant Ken et Maiffa et pénétra dans l'appartement.


Tandis que Fabrice continuait à expliquer à Brieuc les détails des utilisations (malhonnêtes) de son pouvoir, le petit breton vit entrer dans l'appartement une Diana pieds nus et passablement énervée. A sa suite, Maiffa et Ken, toujours aussi placide.

"Zyva la meuf l'est trop bonne" lança Fabrice visiblement ravi de l'apparition de l'élève de l'Académie du Massachusetts.

Cette dernière n'était pas d'humeur. Elle lança :

"Bon j'ai localisé l'andouille. Et maintenant, toi..."

Elle s'adressait à Brieuc en le pointant d'un doigt rageur.

"Toi, tu vas m'expliquer ce que tu fous toujours dans mes pattes quand il s'agit de recruter ! Ton pote le granit a l'air trop mou pour répondre et ta copine féline trop nouvelle pour que je me venge sur elle, alors tu as intérêt à me donner des explications et fissa !"

Fabrice commenta :

"Zyva, relou la meuf"

Avant que Diana ne puisse ajouter quoi que ce soit, une voix retentit dans un mégaphone. Une voix qui venait d'en bras de l'immeuble.

"Fabrice Bouffin, vous êtes cernés ! Vous avez 5 minutes pour vous rendre ainsi que vos camarades terroristes !"

Mince, l'affaire s'engageait plutôt mal. Visiblement la lettre provenait de l'Académie du Massachussetts. Difficile après ça de justifier un droit de préséance vis-à-vis de Diana. Par contre, le visage de Brieuc se figea encore plus en entendant la suite du discours de Fabrice. Les motivations de ce garçon semblaient bien éloignées de la vision de l'Institut du jeune Breton. Il n'y avait aucun noble sentiment derrière tout ça, aucun point commun avec l'idéal défendu par les élèves de Georgia…

"Non, moi j'suis à New-York.", répondit machinalement Brieuc. "Mais tu veux dire que tu peux modifier les sentiments des autres ? T'es un empathe en fait, c'est ça ?"

L'arrivée de Diana, ponctuée d'un commentaire égrillard, interrompit le semblant de conversation entre les deux garçons. Embêté au fond que la jeune femme soit arrivée si tôt, Brieuc maudit intérieurement ses camarades de n'avoir pas réussi à la retenir plus longtemps. Esquissant un sourire forcé, il fit face à la porte pour prendre de plein fouet l'agressivité verbale de Diana.

"Doucement, on s'calme.", protesta-t-il faiblement. "J'y suis pour rien, moi, si on s'retrouve encore au même endroit. Et j'crois que j'pourrais en dire autant de vous. C'est notre co-directeur qui nous a envoyé ici pour voir l'gazier. J'ai pas plus d'info là-dessus."

S'interrompant, Brieuc fronça les sourcils.

"Mais comment ça s'fait qu'on soit encore sur la même piste, et au même moment en plus. Y'a un truc pas clair… J'ai l'impression qu'on nous même en bateau et j'aime pas ça du tout…"

Encore une fois, un élément extérieur vint interrompre le Breton. C'était quoi ce gag encore ? Qui était vraiment le type qu'ils avaient été chargés de recruter ?

Fonçant vers la fenêtre, Brieuc se plaqua contre le mur, écartant discrètement le rideau pour voir d'où venait cette voix et quel était l'impact exact de cette nouvelle menace. Un peu sèchement, il apostropha Fabrice.

"Eh, du con, c'est qui ces types en bas ? T'es sûr qu'tu m'as tout dit sur tes petites combines ?"

Grimaçant comiquement à l'intention de Diana, l'adolescent ajouta.

"J'propose qu'on remette à plus tard notre petite conversation, le temps de savoir ce qu'il se passe exactement. On fait équipe ensemble pour se sortir de là et on avise après des suite à donner ? Promis, y'aura pas de coup fourré de notre part. De mon point de vue, Fabrice décidera librement de son choix. J'espère qu'il en sera de même pour vous…"

Légèrement ironique, Brieuc accentua le mot "librement". Il tenait à souligner l'absence totale de contrainte, tant physique que mentale, qu'il souhaitait voir exercées sur Fabrice pour aiguiller son choix.

Fabrice se tapa sur le ventre et lança joyeusement à l'attention d'une Diana visiblement peu réceptive :

"Oh l'aut'bouffon il dit que je suis empâté ! Mais tu peux toucher c'est du béton armé mon bide !"

La jeune membre de l'Académie du Massachusetts soupira puis répliqua à Brieuc :

"Je... J'ai l'impression moi aussi d'avoir été manipulée. Nos co-directeurs semblent en savoir plus long sur tout cela qu'ils veulent bien nous le dire mais..."

Les paroles prononcées dans le mégaphone la ramena à la situation présente.

Elle alla se pencher à la fenêtre en même temps que Brieuc et Maiffa.

En bas, il y avait une dizaine de policiers en armes et gilets pare-balles. Deux d'entre eux portaient des fusils alors que les autres n'étaient dotés que d'un simple pistolet. Un vieux borgne, plutôt costaud, en costume civil tenait le mégaphone. Non loin d'eux, un cabriolet flambant neuf était en train de cramer.

"Notre voiture de location" s'exclama Diana.

Non loin des policiers, des jeunes étaient au sol, menottés. L'interpellation semblait avoir été rude. Il s'agissait des lascars que Brieuc et Maiffa avait croisé.

Bouffin s'approcha de la fenêtre à son tour de la fenêtre puis s'en écarta un peu trop rapidement.

"Bordel, c'est le Commissaire le Paon. Il déteste les jeunes et il me déteste. Bordel, faut se tirer les amis..."

Mais il était un peu tard pour le faire. Si Le Paon et 3 hommes demeurèrent en bas pour garder les jeunes à l'oeil, les 6 autres policiers (dont les deux porteurs de fusil d'assaut) s'engagèrent dans l'immeuble...

Pendant que Fabrice confirmait son état de crétin congénital, Brieuc eut un petit sourire confiant à l'intention de Diana. Bien qu'ils soient concurrents sur cette "affaire", la jeune femme fera sans doute une alliée fiable mais le jeune Breton n'arrivait pas à comprendre l'intérêt que les deux écoles de mutants semblaient porter à Bouffin.

Mais bon, pour le moment le problème était tout autre. Les flics en avaient après Bouffin et ses "complices". Restait à savoir ce que les forces de l'ordre savait sur eux mais il était sûr que le délit de facies risquait fort de jouer en défaveur de Ken et de Maiffa.

En tout cas, il fallait se dépêcher, les premiers policiers étaient sur le point d'entrer dans l'immeuble. Restant au fond très légaliste, le jeune Breton ne se voyait pas entrer en conflit avec des représentants de l'ordre. Surtout qu'un affrontement leur vaudrait sans doute de se voir poursuivi et traqué et là, adieu toute chance d'un retour discret vers New-York.

Toujours près de la fenêtre, Brieuc prit sa décision, il allait se laisser appréhender en même temps que Fabrice, à moins que ce dernier n'ait une solution de repli discrète, et essayer de garder Maiffa et Ken si possible en liberté pour agir plus tard.

Rapidement, gardant les yeux fixés vers les policiers qui se dirigeaient vers eux, il murmura.

"Maiffa, essaie d'aller te planquer dans les étages supérieurs et emmène Ken si possible. Je reste avec Fabrice et on garde contact par les communicateurs. Une fois qu'on s'est fait embarquer, tu nous suis discrètement. Mais pas d'imprudence, si ça chauffe trop, vous vous rendez…

Regardant Fabrice, Brieuc ajouta rapidement :

"Sinon Ducon, à moins que tu connaisses une voie de repli suffisamment sûre pour quitter l'immeuble… Dans ce cas, on te suit, mais vite… Diana, vous en pensez quoi ?", acheva-t-il en se tournant vers la "collègue" de l'Académie du Massachussetts.

Ken, comme à son habitude de bon petit soldat, acquiesça aux paroles de Brieuc et s'engagea dans l'escalier pour monter encore quelques étages. Vu la masse et la lenteur du golem, il valait mieux qu'il parte tout de suite, plutôt que de traîner... Maiffa partit à sa suite.

Dans l'appartement de Bouffin, ce dernier péta un câble. Il répliqua d'une manière un peu confuse :

"Oh ! Tu sais à qui tu parles ? Tu sais qu'c'est à moi qu'tu parles ? Hein, tu sais qu'c'est à moi qu'tu parles ?"

Pendant qu'il s'égosillait et postillonnait sur Brieuc, Diana passa derrière lui et - à l'aide de ses deux poings - asséna un coup violent sur l'arrière du crâne de Fabrice. Il tomba au sol, en gémissant... et sombra dans l'inconscience.

Diana observa le petit Brieuc d'un air désolé.

"Il avait surement un bouclier psy. J'ai décidé de le calmer à l'ancienne"

Les pas rapides dans l'escalier se rapprochaient de plus en plus. La mentaliste ajouta :

"Je ne sais pas si tu as un plan mais après tout je ne me sens pas d'attaque pour prendre autant de risques. Au pire, je passerai un coup de téléphone à l'Académie et la Reine Blanche devrait nous faire - légalement - sortir"

C'est donc avec la volonté de se rendre que Brieuc et Diana furent interpellés par les hommes en armes. Ils pointèrent leurs armes sur les mutants et ceux-ci n'eurent d'autre choix que de lever les bras en l'air. Puis...

... ils se prirent chacun un coup de crosse : Diana dans le ventre et Brieuc dans la mâchoire. Le breton sentit qu'il avait perdu une dent... Juste au moment où il sombrait à son tour dans l'inconscience...


Quelques minutes plus tard, Ken et Maiffa n'entendirent plus aucun bruit dans l'immeuble. Les policiers avaient quitté les lieux.

Le golem répliqua à la féline de choc :

"Non. Jusqu'à présent, je n'ai été confronté qu'à des adversaires qui étaient des hommes, des robots ou des mutants. C'était du temps où je travaillait chez Mason Lang. Mais, j'ai jamais du affronter les forces de l'ordre"

Ils redescendirent à l'étage où cela avait bardé. Dans l'appartement de Fabrice, tout avait été dévasté. Il n'y avait plus de traces de Fabrice, de Madame Bouffin, de Diana ou de Brieuc. Maiffa, jetant un œil par la fenêtre vit que les véhicules de police étaient repartis.

Redescendant encore, ils croisèrent Manuel dans l'escalier. Il avait le visage en sang, stigmate de sa chute de tout à l'heure. D'abord, il les regarda de manière craintive puis il lança d'une petite voix :

"J'arrive pas à joindre Diana sur son communicateur... Bordel, il s'est passé quoi ?"

Ken lui fit un rapide topo de la situation et les trois mutants descendirent jusqu'en bas de l'immeuble.

Là, un type de la bande à Mouss, un petit garçon qui n'avait pas l'air d'avoir plus de 14 ans, sortit d'un local poubelle. Il semblait terrorisé.

"Enfoirés de keufs" commença-t-il hors de lui. "Je vais chercher mon gun et ma mini-moto et on va voir qui est le boss"


Brieuc se réveilla dans une toute petite pièce... Le mobilier était sommaire : un WC et une paillasse sur laquelle Fabrice était allongé. Les murs étaient en béton à l'exception d'un qui était vitré. Certainement du verre de sécurité.

Il réalisa qu'il était en cellule avec l'empathe. De l'autre côté de la vitre, un policier français faisait les 100 pas... Il surveillait mollement les prisonniers tout en feuilletant une revue de charme...

"Ouah, bouffon !" lança Fabrice quand Brieuc ouvrit les yeux. "Bouffon ! Ton plan c'est de la daube ! T'aurais du m'écouter ! Maintenant, on va se faire taper sur les doigts par le bâton de la justice de mes fesses..."

Putain, mais qui leur avait collé un crétin pareil à aller chercher ? Plutôt que de donner une solution de fuite dans un immeuble qu'il devait pourtant bien connaître, Bouffin jouait au caïd de bac à sable en se montrant inutilement agressif. Enfin, tout ça, c'était avant l'intervention juste et appropriée de Diana qui lui cloua le bec.

Visiblement, l'élève de l'Académie ne se sentait pas non plus engager un combat contre les forces de l'ordre et c'est commun accord que les deux jeunes gens levèrent les bras en signe de reddition. Avant même qu'ils n'aient le temps de parler pour essayer de s'expliquer, Brieuc et Diana se firent agresser avec une violence inutile. Victimes innocentes d'une "bavure" policière, ils s'évanouirent sous les coups de crosse.


Quelques temps après, Brieuc reprit conscience, la mâchoire encore douloureuse, enfermé dans ce qui semblait bien être une cellule. Combien de temps avait duré son évanouissement, il était incapable de le dire, ayant la fâcheuse habitude de ne jamais porter de montre à son poignet. Un peu nauséeux, encore assis par terre, l'adolescent posa doucement la main sur son menton, s'assurant qu'il n'avait rien de cassé.

Et comble du malheur, il avait comme compagnon de chambrée, l'antipathique Fabrice qui, voyant que le Breton retrouvait ses esprit, commença aussitôt à l'invectiver. Mais Dieu que cet abruti parlait fort, pour ne rien dire en plus, ce qui augmentait le mal de crâne de Brieuc.

Grimaçant douloureusement, l'adolescent se força à respirer à fond.

"Merde, ta gueule Ducon. Tu voulais faire quoi au juste ?", répliqua-t-il d'un ton passablement énervé. "Au lieu de me bassiner, si tu me disais ce qu'il te reproche au juste ton commissaire préféré ?"

Se mettant debout, Brieuc s'adossa contre le mur pour conserver un semblant d'équilibre. Portant la main à son oreille, il actionna son communicateur pour essayer d'entrer en communication avec Maiffa, espérant que la jeune fille avait réussi à rester en liberté, et l'informer de la situation.

Au moins, jusqu'à présent, mis à part cette douleur à la mâchoire et ce gout de sang dans la bouche, il allait plutôt bien et était finalement assez impatient de savoir ce que le commissaire le Paon leur reprochait.

Se rapprochant de la paroi de verre, Brieuc tapa dessus avec la main à plat, essayant d'attirer l'attention du policier. Après tout, il n'avait vraiment rien fait de mal et donc, n'avait aucune raison de se voir retenu de force ici.

"J'étais le membre d'une équipe qu'on appelait les 4 Formidables. C'était une équipe de super-héros créée par Mason Lang. On avait reçu pour mission de protéger son satellite spatial. Mais bon... On n'a eu quelques petits soucis. Enfin, ça n'a plus d'importance, vu que l'armée l'a réquisitionné pendant l'incarcération de M'sieur Lang pour terrorisme et activités anti-patriotiques..."

Manuel acquiesça aux paroles de Maiffa. Il parlait du nez mais sortit son communicateur et conversa rapidement avec sa hiérarchie.

"Ouais, OK... Vous nous envoyez un transport... Ouais... Ouais... Non, mais c'est pas l'Institut... C'est... Euh... Des flics... Ouais, ils étaient une vingtaine... Je me suis bien battu et..."

Il posa son appareil, la mine déconfite.

"Elle a raccroché..."

Enfin, l'ami de Mouss parut se calmer aux paroles de Maiffa qui le firent dans un premier temps bien rire !

"Zyva, Mam'zelle Miaou, tu parles comme une bouffonne. Mais d'accord, t'as qu'à prendre ma mini-moto..."

Il conduisit le trio mutant jusqu'à un petit garage. Le voisinage semblait très interloqué par la présence de deux mutants difformes mais la seule présence du pote à Mouss sembla rendre acceptable le fait qu'ils se trouvent ici. Le garçon fila les clés à Maiffa.

Bien entendu, Ken ne pouvait voyager sur ce véhicule. Déjà que Manuel eut un peu du mal à monter derrière l'égyptienne qu'il dut serrer très fort pour ne pas se vautrer... Le jeune fila les indications pour trouver le commissariat de banlieue où était retenus Fabrice et les autres. Et en avant toute !


"Bah, il déteste les jeunes, c'est tout ! Il voit des terroristes mutants partout dès qu'il y a un peu de barouf dans le quartier ! C'est un malade ! Je crois qu'il cherche une promotion ! Alors quand il a vu que ça pétait dans l'immeuble, il s'est frotté les mains ! Pis, il me déteste ce bouffon ! Il a la rage ! Il a la haine ! Il..."

Visiblement à court de synonymes, Fabrice s'arrêta.

Par ailleurs, pendant tout son discours, Brieuc s'était rendu compte qu'il n'avait plus son communicateur. En fait, il n'avait plus d'effets personnels. Ni ses lacets, ni sa ceinture.


Au bout de quelques minutes, pendant lesquelles Fabrice improvisa un rap du prisonnier particulièrement pénible, un policier vint les chercher. Il les interpella :

"Allez, le Lieutenant Sikorski et le Commissaire Le Paon veulent vous parler. On se magne le train !"

Ils furent conduit sous bonne garde jusqu'au bureau du commissaire.

Y pénétrant, ils virent deux policiers en uniforme posés dans deux coins de la pièce.

Derrière le bureau, il y avait un type que Bouffin identifia tout de suite comme étant Sikorski.


"C'est une vraie peau de vache" chuchota Fabrice à l'oreille de Brieuc.

Quant à l'autre, un vieux borgne qui resta debout, il ne faisait nul doute qu'il s'agissait du commissaire...


Le commissaire lança :

"Bon, Fabrice, toi on t'connait mon pote. Mais d'après les témoignages qu'on a pu recueillir dans le quartier, t'es un mutos en plus d'être un dealer. Mon pote, ça va pas bien se passer ce coup-ci. J'ai parlé au Procureur : il veut te faire coffrer pour au moins 10 ans. Et après, comme t'as la double nationalité, on va t'interdire de territoire français. T'auras qu'à rentrer au Japon..."

Fabrice s'indigna :

"Zyva, M'sieur Commissaire ! Ma vraie reums était japonaise mais elle est canée la veille... J'ai été légalement adopté par la veille qui s'occupe de moi !"

Sikorski le coupa :

"On s'en fout, mon petit. A vrai dire, on se fiche de t'expulser vers un pays où tu n'as rien..."

Le Paon sourit et ajouta à l'intention de Brieuc :

"Bon, toi, on sait rien. Tu es qui ? Tu viens d'où ? Peut-être que si tu signes une déposition contre Fabrice et ses potes, on pourra s'arranger... Le Procureur nous a donné carte blanche de toutes manières. Donc, tu vois, tout se joue dans ce bureau..."


Finalement, la drôle d'équipée formée par Maiffa et Manuel à mini-moto arriva en approche du commissariat. Il s'agissait d'un petit poste de banlieue. A travers les portes vitrées, la féline put voir qu'il y avait un planton derrière un bureau dans le hall du commissariat. Quelques personnes étaient également assises, attendant soit de porter plainte ou de venir assister une personne gardée à vue.