[Mission Institut] Sarcelles Breakdance

Et merde… En essayant de contacter Maiffa, Brieuc venait de s'apercevoir qu'il avait été fouillé et dépouillé durant son inconscience. Pour réussir à dénicher le communicateur, nul doute qu'une attention toute particulière avait été portée à cette fouille, s'évertuant à lui retirer tout moyen de retourner la situation en sa faveur. Ses papiers d'identité ayant, eux aussi, été confisqués, le Breton était certain qu'une enquête avait été lancé sur lui, visant à glaner le maximum d'informations.

Les minutes suivantes furent plutôt douloureuses pour les oreilles et la patience de Brieuc qui devait se farcir la présence d'un Fabrice Bouffin de plus en plus insupportable et exaspérant. A l'entendre, il n'avait rien du tout à se reprocher. Qu'un flic zélé veuille se faire mousser en "cassant" du jeune ou du mutant était nettement probable mais le Breton doutait que ce fut la seule et unique raison. Son compagnon de cellule n'avait vraiment pas le visage d'un saint et devait avoir quelques bricoles supplémentaires à son passif.

Enfin, après quelque instant, un policier vint mettre fin à son calvaire passager, le conduisant, en compagnie de Fabrice vers les autorités policières de ce commissariat de quartier. Le ton agressif employé par le commissaire déplut d'entrée à Brieuc et visiblement, le lieutenant Sikorski n'avait rien à lui envier du point de vue ouverture d'esprit et amabilité.

Apparemment, ils voulaient charger Fabrice et comptait sur Brieuc pour enfoncer le clou, lui faisant même une espèce de chantage plutôt risible.

D'une voix ferme et posée, en dépit du soupçon d'inquiétude qui le taraudait toujours, Brieuc protesta de son innocence.

"Je doute que vous ne sachiez rien sur moi maintenant. Je pense que vos services sont assez compétents pour avoir réussi, à partir de mon passeport, à dresser un portrait complet de moi et à avoir les informations que vous me réclamez. Donc, comme vous avez déjà pu le constater, je n'ai rien à voir avec les trafics de Fabrice."

Là par contre, Le Breton était en terrain glissant. Il ne savait pas ce qu'il y avait dans son dossier. Que restait-il de son passé de l'ex-Institut Xavier ? Son état temporaire de "terroriste" avait-il été réellement effacé ? Bref, il verrait bien...
Retrouvant de plus en plus d'assurance, au fur et à mesure qu'il parlait, il regardait ses interlocuteurs sans crainte apparente.

"Je tiens d'ailleurs à protester officiellement de la façon dont vos hommes se sont comportés. J'ai été frappé sans raison alors que je n'offrais aucune résistance…" Le garçon se frotta machinalement le menton où une superbe ecchymose violette commençait à s'épanouir. "Je demande, conformément à mes droits, à savoir de quoi je suis inculpé et à pouvoir passer un coup de téléphone. Veuillez également contacter le cabinet d'avocats Lange & Manners à New-York, s'il vous plait."

Respirant profondément, Brieuc s'efforçait de se montrer toujours courtois et respectueux, tant dans le ton employé que dans les termes utilisés. Certes, il était plutôt enclin à manier l'ironie – ce qui devait certainement déplaire aux hommes présents dans la pièce – et à ne pas se laisser marcher sur les pieds mais jamais il ne s'abaisserait à utiliser le vocabulaire et les manières de son "compagnon" de galère. Après tout, un Folcoat avait son rang à tenir et n'avait rien à voir avec une racaille de banlieue.

"Il y avait également une jeune femme avec moi lorsque vos séides sont arrivés. Pourrais-je savoir ce qu'elle est devenue ?"

Le Paon fusilla du regard Sikorski et lui lança :

"Bordel ! T'as pas regardé sa fouille à l'autre blond ? T'as pas vu un passeport ? Mais bordel, tu veux prendre ma place mais t'es même pas foutu de faire ça..."

Il soupira un grand coup puis ajouta à l'attention de Brieuc :

"Bon, on ira vérifier ça. Quant à la façon dont t'as été amené ici, t'as qu'à porter plainte... Après tout t'es dans un commissariat et je suis sur que les collègues se feront une joie d'enregistrer ta plainte..."

Sikorski qui voulait jouer les durs renchérit :

"Ouais, ta plainte ils vont te l'enregistrer dans la gueule !"

Nouveau soupir de Le Paon qui se leva.

"Pour le reste, tu vois nous, ici, le Code de Procédure on s'en carre. Alors ton avocat au Barreau de New..."

Un téléphone retentit dans le bureau. Sikorski décrocha. Il écouta ce que son interlocuteur avait à lui dire puis répliqua :

"Y'a quelqu'un... Une sale mutos et un bonhomme du cabinet dont le suspect a parlé qui veut vous voir..."

Le commissaire soupira.

"Bon, y a qu'à les refoutre en cellule et leur envoyer leur avocat... On aura qu'à s'occuper de la fille en attendant..."

Sikorski se frotta les mains en adoptant un sourire pervers. La messe était dite.


Visiblement, le planton n'avait pas trop cru à l'histoire de Maiffa. Sauf que Manuel renchérit en se présentant également comme avocat du cabinet Lange & Manners. Alors le planton alla chercher sur le net le numéro de téléphone du cabinet New-Yorkais et appela. Au bout de quelques minutes, il eut quelqu'un au téléphone. Quelqu'un qui parlait tellement fort que Maiffa l'entendit :

"Salut mon pote ! Moi c'est Lloyd et je suis le patron de Lange & Manners ! Tu m'as peut-être déjà vu à la télé ! Enfin, ouais, ça me dit quelque chose ces types qui viennent chez toi... Ils sont bizarres et alors ? Je les aime car ils sont chez moi ! Je les connais très très bien. Je leur lit des poèmes le soir avant qu'ils aillent se coucher... Tu voudrais que je te lises..."

Le planton avait raccroché. Il appela à nouveau, un type qu'il appela Sikorski. Il expliqua à ce dernier qu'une "sale mutos et un bonhomme" de chez Lange & Manners voulaient voir le commissaire. Puis, il raccrocha et leur indiqua qu'il allait les mener jusqu'à leurs clients.


Quelques minutes plus tard, ils étaient 4 dans la cellule. Deux faux avocats et deux vrais gardés à vue. Personne pour les surveiller, confidentialité de l'entretien oblige. Et à peine 10 minutes pour élaborer un plan.

Y'avait de l'eau dans le gaz entre les deux flics ! Le commissaire semblait considérer son lieutenant comme un parfait crétin et passait ses nerfs sur lui, suite à la petite pique de Brieuc. La fouille avait bien été effectuée par Sikorski mais ce dernier s'était contenté de dépouiller le Breton, sans même faire attention aux objets qu'il trouvait. Etrange tout ça… Même le communicateur dans son oreille droite n'avait pas attiré plus que ça l'attention. Ce crétin de flic avait dû le prendre pour un écouteur de baladeur…

Plissant un instant les yeux d'amusement, l'adolescent voyait bien, toutefois, que la situation n'était pas prête de s'arranger. La police française, du moins celle de ce quartier miteux, avait une dent particulière contre les mutants et ne semblait pas prête à lâcher le morceau.

Un peu surpris par l'annonce de l'arrivée d'un avocat de L&M, Brieuc se laissa reconduire en protestant encore, pour la forme, de son innocence. S'il n'y avait aucune charge contre lui, pourquoi donc était-il retenu ici ?

Une fois dans la cellule, le garçon arqua un sourcil surpris en voyant entrer Maiffa, accompagnée de Manuel. Tiens donc, sa camarade avait l'air d'avoir conclu une petite alliance avec la concurrence, rejoignant, par là-même, la démarche adoptée vis-à-vis de Diana.

Sachant pertinemment que le temps était compté, Brieuc commença par engueuler gentiment Maiffa. Mais son sourire amical démentait la nature de ses propos.

"Qu'est-ce que tu fous ici ? T'étais pas censée rester dehors ? Où est Ken au fait ?"

Redevenant sérieux, le Breton essayait de réfléchir à la façon de tourner la situation à leur avantage. Avec un regard de mépris en direction de Fabrice, il poursuivit.

"J'me demande ce que nos boss trouvent à ce crétin. Enfin, bref… Manuel, si j'ai bien compris, les flics vous prennent pour un avocat de chez L&M ? Donc, vous me représentez… Pouvez-vous également avoir Bouffin comme client ? Le commissaire a parlé de le faire expulser de France. On peut p't-être jouer là-dessus pour essayer de le faire partir avec nous aux Etats-Unis ?"

Ironiquement, il ajouta.

"Avec deux empathes dans notre camp en plus, il ne devrait pas être trop difficile de persuader les forces de l'ordre de notre bon droit… Vous en pensez quoi ?"

Restait encore à régler le problème Fabrice, savoir comment départager l'heureux gagnant du gros lot.

"Arrivés à New-York, j'propose qu'on laisse Fabrice décider tout seul où il veut aller, entre l'Institut Xavier ou l'Académie du Massachussetts. De toute façon, il faudra bien qu'un de ces deux organismes se porte garant pour assurer la surveillance de notre apprenti loubard. Pour le moment, nous avons la caution de L&M, mais ça risque de ne pas suffire. J'ai pas spécialement envie de le voir venir chez nous, mais bon, on m'a demandé d'assurer cette mission, tout en respectant la volonté de Bouffin. Donc, promis, j'vous donne ma parole que y'aura pas de coup en traitre de ma part, j'me plierai à la décision de Fabrice."

Normalement, ce dernier devait posséder un barrage psi suffisant pour éviter de se voir influencer par Manuel ou du moins, une telle tentative de prise de contrôle serait forcément détectée.

Manuel réfléchit un instant à la proposition de Brieuc puis lança :

"OK, on respectera la volonté de l'autre andouille... Mais faudrait trouver une raison valable, tout de même, pour l'envoyer aux États-Unis... Je veux bien tenter de manipuler les flics mais le Procureur je l'aurai pas devant moi, y a des chances. Alors ça va être plus coton pour lui..."

Fabrice ricana. Autant d'attention pour lui, ça lui plaisait diablement. Il coupa Manuel.

"Bah, je pourrais devenir ricain si je me mariais avec Mam'zelle Féline Caline !"

Il gloussa comme le demeuré qu'il était. Puis il ajouta, un peu plus sérieux :

"Sinon, y a mon vieux aux States. Mais c'est un gros bâtard qui m'a plus ou moins abandonné après que ma reums ait cassé sa pipe. C'est un gros bouffon de militaire à la noix ! J'imagine sa tronche si je débarquais chez lui..."

Tandis que Fabrice déblatérait une fois de plus des insanités, Maiffa obtint la réponse de Ken.

De l'autre côté du communicateur, la voix du Golem était parasitée par des bruits de moteur. Ken indiqua calmement :

"Ils m'ont pris comme mascotte et m'ont chargé dans une fourgonnette. Je crois qu'ils veulent donner une sorte d'assaut sur le commissariat. Je pense même qu'ils veulent que je défonce la porte avec ma tête... Je..."

La communication fut coupée : trop de bruits parasites.


L'entretien s'acheva rapidement. Sikorski vint chercher les deux gardés à vue et leurs conseils. Tout le monde se retrouva dans une autre salle d'interrogatoires où Diana était déjà installées, menottes aux poignets et aux chevilles. La jeune femme semblait également avoir été cognée depuis son interpellation et ne faisait pas du tout la fière.

Brieuc et Fabrice furent invités à s'asseoir à côté d'elle, tandis que Maiffa et Manuel - identifiés comme étant les avocats des trois gardés à vue, restèrent debout au fond de la pièce.

Le Lieutenant Sikorski alla derrière son bureau. Il resta debout car même debout il paraissait assis. Le lieutenant fut pris d'un léger tic nerveux de l'épaule puis lança tout de go :

"Bon, les p'tits gars vous allez me raconter ce qui s'est passé. J'veux dire, le trafic de stupéfiants et la réunion de mutants en vue de préparer un crime. C'est quoi tout ça ? Hein ? Hein ?"

Bon, Manuel avait l'air d'accepter la proposition de Brieuc mais cherchait à trouver une excuse valable pour argumenter une expulsion vers les Etats-Unis. Là, Fabrice vint à leur secours en les informant que son père vivait de l'autre côté de l'Atlantique.

Se tournant rapidement vers lui, Brieuc s'exclama, surpris.

"Ton père vit aux Etats-Unis ? Tu sais où il crèche ? C'est quoi son nom ?"

Un petit doute venait s'insérer dans l'esprit du Breton. Un militaire, aux Etats-Unis… Serait-ce possible que celui qui les avait envoyé chercher ce Français ait eu un intérêt immédiat à le faire ?

Brieuc n'eut pas le temps de creuser plus avant cette piste que, déjà, des policiers venaient les chercher pour procéder à un nouvel interrogatoire. Et là, surprise ! Diana était déjà présente mais, dans quel état se trouvait-elle ? Il semblerait que les choses se soient passées un peu plus durement pour la jeune femme que pour eux comme en témoignaient les traces de coups sur elle. L'adolescent chercha à croiser le regard de sa collègue de l'Académie du Massachussetts, essayant de savoir dans quel état d'esprit celle-ci se trouvait, et eut un petit sourire rassurant pour tenter de lui remonter le moral.

Agressif, le lieutenant Sikorski passa tout de suite à l'offensive, les sommant d'avouer leurs activités criminelles. Impassible, Brieuc écouta les accusations, lançant un regard en coin à Maiffa. Réunion en vue de préparer un crime ? Il n'avait jamais rien entendu de plus ridicule.

Protestant aussitôt, le Breton grilla la politesse à son "avocat".

"Trafic de stupéfiants ? C'est quoi cette histoire ? Tu trafiques de la drogue, toi ?", demanda-t-il en se tournant à moiti vers Bouffin. "Dis-lui, toi, que t'as jamais fourgué de la drogue à personne…

Si Brieuc avait bien tout compris, Fabrice se contentait d'utiliser des herbes ordinaires et se servait de son pouvoir pour faire croire qu'il s'agissait de drogue.

"Et c'est quoi cette réunion pour préparer un crime ? J'ai jamais rien fait de tel. De quel crime vous parlez ? De quoi je suis accusé au juste ? Je veux voir des preuves…

Tout en protestant, Brieuc se rapprocha de Diana. Normalement, le reste de la bande de Mouss ne devrait pas trop tarder à lancer son assaut sur le commissariat. Que faire à ce moment ? Se tirer en douce en profitant de la confusion ? Au risque de laisser sur place ses effets personnels… Ou aider les policiers à calmer le jeu et apaiser les loubards ?

Sikorski s'énervait. Il bouillait d'impatience. Son joli dossier était peut-être vide mais il avait une belle pochette. Alors...

... Fabrice se tourna vers Brieuc et lança :

"Mon vieux il porte le nom de ma vieille. Un truc comme Fumemonkiki ou dans le genre. Je me rappelle plus son prénom à force de fumer de l'herbe mais ça doit être un prénom de bouffon..."

Le lieutenant de police eut un sourire satisfait.

"Bon, vous fumez donc de l'herbe, je le savais !"

Fabrice s'indigna :

"Ouais, mais ça c'est autorisé, non ? Enfin, j'crois... Sinon j'ai jamais vendu de la vraie dope, votre honneur, j'ai juste utilisé mes pouvoirs pour faire croire à mes acheteurs que c'étaient de la came !"

Manuel était désespéré, tout comme Diana. Ils soupirèrent de concert. Le garçon était vraiment trop bête.

Sikorski tapa du poing sur la table quand Maiffa s'énerva. Il lança :

"On fait ce qu'on veut ! D'ailleurs, comme je le dit tout le temps : la France on l'aime ou on la quitte ! C'est moi qui qu'est dit ça !"

Il semblait satisfait de sa formule, peu important le fait qu'elle ne signifiait pas grand chose... Puis, il se calma et énonça les preuves :

"Eh ben, d'abord on a arrêté un individu de type étranger qui nous a dit après 96 heures de garde à vue que ledit Bouffin Fabrice vendait de la drogue. Ça c'est pour le trafic de drogues. Pis, on est venu et on a vu plein de jeunes en bas de l'immeuble. Ce qui fait qu'il y a association de malfaiteurs. Et en taba... En interrogeant les jeunes de type parasite étranger, on a appris qu'il y avait des monstruosités dans l'immeuble. Une fille avec plein de poil et un gros tas de pierre. Ce qui nous donne association de malfaiteurs mutants en vue de revendre de la drogue pour financer des activités terroristes contre les intérêts essentiels de la nation..."

Il se permit un rire sarcastique. Il croyait les avoir coincer.

Et c'est à ce moment qu'un grand bruit se fit entendre. Cela semblait provenir du hall. Et c'était le bruit d'une porte que l'on défonçait avec quelque chose de très très lourd...

Sikorski bondit sur ses pieds et dégaina son arme. Il allait y avoir de la baston.

L'intervention de Fabrice permit encore une fois de se rendre compte de l'incommensurable bêtise du garçon. Blasé, Brieuc lança un regard en coin vers ses camarades et ne put qu'acquiescer à leur désespoir.

Il n'y avait en fait qu'une seule chose à retenir du flot d'absurdité que Bouffin venait de proférer : son père avait de très forte chance d'être Fukumi, ce qui expliquait l'intérêt du commandant pour un crétin pareil. En dépit de l'antipathie qu'il éprouvait pour lui, Brieuc réalisa qu'il n'avait plus vraiment le choix, il se devait de ramener le jeune garçon avec lui.

Restait à espérer que Fabrice choisisse de les accompagner, eux, plutôt que leurs collègues de l'Académie du Massachussetts sinon, il ne resterait plus au Breton d'autre choix que d'abattre sa dernière carte, à savoir révéler la filiation de leur objectif commun.

Pendant ce temps, le lieutenant Sikorski y allait de sa petite crise d'hystérie. Comment peut-on faire partie de la Police et manquer à ce point de sang froid ? Quoiqu'il faut bien avouer que les interventions combinées de Maiffa et de Brieuc auraient eu de quoi énerver le plus zen des moines bouddhistes. Donc normal au fond qu'un petit flic d'un obscur commissariat de quartier perde ainsi les pédales.

Mais avant tout, il importait de faire taire le jeune Bouffin dont les propos ne servaient qu'à les enfoncer. Rageur, Brieuc se tourna vers lui et murmura d'une voix sèche.

"Mais ferme ta gueule, merde… Et laisse parler les grands…"

Alors que le Breton s'apprêtait à répliquer aux accusations grotesques qui étaient proférées, un bruit de bois brisé se fit brusquement entendre, interrompant net les "discussions". Et, encore une fois, Sikorski fit preuve de son discernement habituel en sortant son arme avant même de savoir de quoi il en retournait, prêt à ouvrir le feu.

Simulant une peur passagère, Brieuc plongea au sol, comme pour se mettre à l'abri, entrainant Diana dans sa chute. Une fois à terre, il murmura à l'oreille de la jeune femme.

"J'crois que c'est l'moment d'agir. Vous pouvez contrôler tous les flics de la pièce ? J'vous retire les menottes dès qu'ils sont neutralisés…"

Empoignant les menottes qui entravaient Diana, tant celles des poignets que des chevilles, Brieuc se prépara à augmenter sa taille, en transférant également son pouvoir vers les liens métalliques pour les faire grandir suffisamment pour leur permettre de glisser loin des mains et des pieds de la prisonnière.

Diana réussit à se dégager rapidement des menottes devenues trop grandes pour elle... Pendant ce temps, les policiers de faction semblaient considérer étrangement le coup de sang de leur patron.

Sikorski était, en effet, prêt à défourailler sur tout ce qui était susceptible de le menacer. Il était très agité.

Et il était également vrai que les bruits de rixe dans le commissariat commençaient à devenir plutôt préoccupants !

Quoi qu'il en fut, Diana opina du chef aux paroles de Brieuc et lança une attaque mentale qui paralysa l'un des deux policiers. Le deuxième fut pour Manuel qui l'emplit d'une sensation de bien-être. Quant à Sikorski...

... le lieutenant retourna doucement son arme vers son propre crâne. Il était sur le point de se suicider !

Fabrice rigolait bêtement.

"Allez tire ! Vas y tire ! Bouffon !"

Fabrice fit un drôle de bruit en chutant au sol. Maiffa ne l'avait pas raté et il allait dormir quelques bonnes heures avant de pouvoir faire à nouveau n'importe quoi !

Sikorski, libéré de l'emprise mentale de l'empathe malveillant et stupide, resta quelques instants, l'air stupide, son arme contre son crâne.

"Mais que se passe-t-il ici ? C'est une farce de collégiens ?" lança-t-il, décontenancé.

Diana soupira. Finalement, il fallait tout faire ici toute seule comme une grande. Elle plissa les yeux et se frotta les tempes pour faire affluer son pouvoir et...

... Sikorski et les deux autres policiers présents dans la pièce tombèrent au même moment. Elle les avait plongé dans l'inconscience.

Elle sourit à Brieuc et Maiffa :

"Je crois qu'on va pas rouiller ici, vous en pensez quoi ?"

Comme pour illustrer ses propos, la porte vola en éclats. C'était Ken, son corps de ciment criblé de balles.

"Bon les amis, j'en ai marre. J'ai servi de bélier puis de bouclier humain. Les jeunes sont en train de reprendre le contrôle du commissariat. Les policiers sont en fuite et... Je veux rentrer à la maison !"


Shoji, le téléporteur transcontinental de l'Académie du Massachusetts, apparut dans un flash de lumière blanche. Il sourit aux mutants.

"Heureusement que j'ai pu facilement localiser ton téléphone, Diana. Je te téléporte avec Manuel et notre proie à l'Académie et je laisse les autres andouilles se débrouiller ?"

Diana s'indigna :

"Non. Tu nous emmènes tous ! Dans un parc à New-York, s'il te plait !"


Quelques instants plus tard, après un nouveau flash lumineux et une sensation de nausée pour les membres de l'Institut, ils se retrouvèrent tous dans Central Park. Les rares joggers furent plutôt surpris de l'apparition et tracèrent leur route rapidement.

Diana se laissa tomber au sol, visiblement exténuée. Elle commenta :

"Bon, les loulous, on a perdu notre temps. Notre cible est un débile dont personne de normalement constitué ne veut..."

Elle désignait Fabrice qui roupillait toujours comme un loir.

"J'ai perdu mes godasses de marque, je me suis faite frappée, arrêtée alors..."

La télépathe eut un sourire mauvais à l'attention de Brieuc, Maiffa et Ken.

"Je propose qu'on ne gâche pas complétement cette journée en évitant une bataille stérile autour de l'autre crétin. On vous le laisse !"

Si Manuel opinait vigoureusement du chef, Shoji ne semblait pas être de cet avis.

Largement aidés par la diversion que leur procurait la bande à Mouss (aidée par Ken), Brieuc observait ses alliés de circonstance faire usage de leur pouvoir pour neutraliser les policiers. Lui, il s'était contenté de libérer rapidement Diana de ses menottes et cherchait à voir ce qu'il pouvait faire d'autre pour se rendre utile.

Stupéfait, le Breton vit l'étrange manège du lieutenant Sikorki qui semblait obéir à une force extérieure pour le forcer à accomplir un acte définitif. L'adolescent ne fut pas long à comprendre ce qu'il se passait, leur "ami" Bouffin montrait encore toute l'étendue de sa débilité.

Fort heureusement, avant même que Brieuc ne puisse agir ou lancer un avertissement, Maiffa remarqua également ce qu'il se passait et intervint avec calme et modération. Au lieu de défoncer le crâne de ce jeune inconscient (ce qui aurait été largement mérité aux yeux de tous), elle se contenta de l'assommer proprement, le choc de la tête de Fabrice contre la table rendant un son aussi creux que le contenu de son cerveau.

Prouvant son efficacité (il est vrai que Kalalli avait eu le plus grand mal à la vaincre dans un duel), Diana fit perdre connaissance aux forces de l'ordre. Simultanément, Ken et Shoji – le bleudinet de l'Académie – firent leur apparition, le premier, de façon classique par la porte, le deuxième en surgissant du néant.

Sur l'ordre de la jeune femme, le téléporteur les rapatria tous (élèves de l'Institut comme de l'Académie, sauf oublier, hélas, Fabrice), directement à New-York, au cœur de Central Park. Encore un peu nauséeux suite à ce voyage peu conventionnel, Brieuc tituba légèrement lorsque ses pieds se posèrent sur l'herbe du parc.

Un court instant, les rivaux s'observèrent et Diana trancha. Elle leur laissait Bouffin, estimant qu'un pareil crétin ne valait pas le coût qu'on se batte pour lui. Ne pouvant décemment pas lui donner tord sur ce sentiment, Brieuc ne savait pas s'il devait se réjouir ou, au contraire se désoler d'une telle décision. Le Breton était partagé sur ce point. D'un côté, il était plutôt satisfait et fier de cette conclusion – après tout, il venait de mener à bien, et avec succès sa première mission en tant que chef d'équipe, d'un autre, il restait assez circonspect à l'idée d'accueillir un tel individu au sein de l'Institut.

Songeur, l'adolescent hocha la tête, acquiesçant machinalement aux paroles de sa collègue de l'Académie du Massachussetts.

"OK, Diana, on fait comme ça. Mais comptez sur moi pour le réexpédier d'où il vient s'il joue trop au con… J'sais pas ce que nos responsables respectifs lui trouvent mais ça ne me dit rien qui vaille."

Une grimace de contrariété apparut sur le visage de Brieuc, alors qu'il contemplait, indifférent, Maiffa donner un coup de pied à un Bouffin toujours inconscient.

"Par contre, j'aime pas du tout ces drôles de coïncidences, qui nous font nous retrouver toujours aux mêmes endroits et pour les mêmes raisons. J'ai l'impression que y'a des choses pas nettes là-dessous, qu'on se fait largement manipuler."

Demandant à Maiffa de quoi écrire (après tous, les effets personnels de Brieuc devaient encore trainer dans le casier quelconque d'un obscur commissariat français), il griffonna rapidement ses coordonnées avant de donner le papier à Diana.

"N'hésitez pas à me contacter. J'pense qu'on a tout intérêt à mettre nos efforts en commun pour découvrir la vérité. Faut qu'on se revoit pour en parler, pour une bouffe ou autre chose...", finit-il, une lueur amusée dans les yeux, rebondissant sur les propos de Maiffa.

Il restait encore un dernier point à régler. Mal à l'aise, Brieuc lança un regard gêné vers Shoji.

"Euh, Shoji, j'voudrais aussi te présenter mes excuses pour le coup de pied, la dernière fois. J'aurais pas dû, j'le sais, mais j'ai cru que t'allais récupérer tes esprits et embarquer Charlie. J'ai paniqué et j'ai fait n'importe quoi…

Penaud, le Breton regardait le garçon aux cheveux bleus. Le sentiment de culpabilité était sincère. Il s'en voulait toujours énormément d'avoir eu un tel geste. On pouvait être rivaux sur une mission, se rendre coup pour coup pour un succès, et malgré tout respecter certaines règles. Et Brieuc était fermement décidé à ne plus y déroger.

Shoji grogna. Visiblement, il n'avait toujours pas digéré l'affrontement de la dernière fois avec Brieuc. Il tenta de convaincre Diana :

"La Reine Blanche a dit..."

La mentaliste le fusilla du regard.

"Je me fous de ce qu'a dit la Reine Blanche ! Ce crétin ne sert à rien, on a risqué nos peaux pour lui et..."

Elle cherchait ses mots tandis que ses deux acolytes semblaient décontenancés par sa réaction. Finalement, elle conclut :

"J'en prends la responsabilité. Vous aurez qu'à... lui raconter ce que vous voulez. Le gamin a raison : on s'est fait prendre pour des poires, là. Vous en avez pas marre d'être envoyés à l'aveugle au casse-pipe ? Franchement, la Reine Blanche va devoir s'expliquer..."

Puis, elle reporta son attention sur Brieuc :

"Quant à toi..."

Elle accepta le bout de papier du breton.

"Je suis d'accord, il faudra qu'on parle. En lieu neutre. Tout ça sent très mauvais et... Je pense qu'il n'est pas forcément nécessaire qu'on soit toujours adversaires"

Et sur ces bonnes paroles, elle disparut en compagnie de Shoji et Manuel !

Ken remercia Maiffa de sa sollicitude mais la rassura d'une voix douce :

"Ça se régénère tout seul. Au pire, pour colmater en attendant, faut mettre un peu de plâtre..."


Les trois amis se mirent en route pour l'Institut, Ken portant sur son épaule, à la manière d'un sac de patates, Fabrice.

En chemin, ce dernier finit par ouvrir l'oeil. Il demanda d'une voix fatiguée mais amusée :

"Ouah, les potes ! J'suis où ? Vous m'emmenez à votre crèche ? Ouah... Trop cool !"

[Et c'est ainsi que se termine votre mode jeu ! J'espère que vous vous êtes autant amusés que j'ai pris de plaisir à vous faire jouer ! Quoi qu'il en soit vous pouvez chacun ajouter 3 points à votre barème. Pour le reste, vous pouvez poster une dernière fois, suite à quoi je bouclerai le sujet ^^ KISSES !]

Les yeux dans le vague, Brieuc resta quelques instants à fixer l'endroit où se tenait, deux secondes plus tôt, Diana et ses camarades. La jeune femme avait raison, on les prenait vraiment pour des poires et le Breton était fermement décidé à poser des questions à Georgia, quitte à mettre les pieds dans le plat devant le commandant Fukumi au prochain conseil d'administration.

Puis un petit sourire se forma sur les lèvres du garçon. Apparemment, Diana acceptait l'idée d'une entente future, peut-être pas encore vraiment une alliance mais c'était déjà un premier point positif. Elle avait la tête sur les épaules et Brieuc se sentait facilement enclin à lui faire confiance.

Se mettant en route, les uns marchant, l'autre porté, la petite équipe regagnait tranquillement l'Institut, l'esprit néanmoins chargé de doutes. Faisait-il bien de ramener un tel boulet chez eux ? Enfin, si Bouffin jouait au con, il allait très vite se prendre des baffes par les autres pensionnaires. Et ce n'était pas son statut de fils du co-patron qui le mettrait à l'abri de justes représailles…

Portant machinalement la main à sa mâchoire encore douloureuse, Brieuc lança un regard en coin vers Maiffa. La fille-chat avait eu l'air de bien tenir le coup pour une première mission, même si elle avait plutôt eu tendance à frapper d'abord et réfléchir ensuite.

"Alors Maiffa, t'en as pensé quoi de notre petite virée ? Et toi Ken ? Ca a dû faire bizarre de jouer au bélier, non ? Toi, ta gueule, on te sonnera quand y'aura besoin !"

Ces derniers mots ne s'adressaient naturellement pas à ses camarades mais au crétin-sac de patates qui commençait à se réveiller et qui, immédiatement, s'employait à dire des idioties…